Cameroun : "justice au point mort" sur l'assassinat d'un militant gay

30 Juillet 2014
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Un an après l'assassinat d'Eric Ohena Lembembe, journaliste et militant de la cause gay au Cameroun, "la justice est au point mort", a dénoncé (11 juillet) la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH). Eric Lembembe a été retrouvé mort à son domicile à Yaoundé le 15 juillet 2013, après avoir subi de nombreuses tortures, rappelle l’AFP. D'après ses amis, il a été battu à mort par ses agresseurs, son cou et ses pieds ont été brisés, son visage, ses mains et ses pieds brûlés au fer à repasser. Il était un militant reconnu au Cameroun où l'homosexualité est passible de cinq années d'emprisonnement, et un proche collaborateur de l'organisation Human Rights Watch (HRW). "Le constat est accablant : enquête bâclée, instruction bloquée et dédain voire intimidation des proches de la victime", dénonce la FIDH dans un communiqué publié conjointement avec plusieurs organisations non gouvernementales camerounaises de défense des droits humains. "Dans un premier temps assignée au commissariat du 1er arrondissement de Yaoundé, l'enquête est ensuite menée par l'administration centrale de la Sûreté nationale, avant d'être finalement transmise à un juge d'instruction qui, un an après l'assassinat, n'a fait que convoquer la mère, la sœur et le frère de la victime dans une procédure et au moyen d'actes aux nombreuses irrégularités : aucune photos ni empreintes n'ont été prises sur la scène du crime, le certificat de genre de mort ne mentionne pas les brûlures et autres blessures visibles sur le corps", dénonce le communiqué. Pour la FIDH, il s’agit d’une "absence de volonté politique de faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat". La FIDH appelle enfin les autorités camerounaises "à mener une enquête indépendante, effective, rigoureuse, impartiale et transparente afin d'identifier les responsables et les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial". De nombreuses organisations non gouvernementales dénoncent régulièrement les arrestations et emprisonnements d’homosexuels et de lesbiennes au Cameroun, de même que les nombreuses pressions et menaces à l'égard des défenseurs de leurs droits.