Essai Raoult : l’ANSM saisit la justice

25 Juin 2023
877 lectures
Notez l'article : 
0
 

Bis repetita. L'agence nationale du médicament (ANSM) a annoncé jeudi 8 juin avoir saisi de nouveau la justice sur des dysfonctionnements de l'IHU de Marseille lorsque celui-ci était encore dirigé par le professeur Didier Raoult. Cette fois, la demande de procédure concerne essai clinique non autorisé sur des patients-es atteints-es de Covid-19. « L'ANSM a saisi de nouveau la justice », a donc annoncé une porte-parole de l’agence auprès de l’AFP, après analyse d'une étude, cosignée par Didier Raoult, portant sur plus de 30 000 personnes atteintes de Covid traitées à l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection pendant deux ans. Cette étude « peut être qualifiée de RIPH (recherche impliquant la personne humaine, NDLR) de catégorie 1 » et aurait donc « dû bénéficier d'un avis favorable d'un comité de protection des personnes et d'une autorisation de l'ANSM » ; ce qui n’est pas le cas. Le Pr Raoult a cosigné en mars, avec sept co-auteurs-rices dont la plupart exercent encore à l'IHU, un « pre-print », c'est-à-dire une version non relue par des pairs-es, de son étude sur des personnes atteintes de Covid concluant que l'administration d'hydroxychloroquine (ou d'ivermectine) a réduit la mortalité. En avril, l'Agence du médicament avait estimé que l'utilisation de l'hydroxychloroquine « expose les patients à de potentiels effets indésirables qui peuvent être graves ». Seize sociétés savantes de médecine ont interpellé, fin mai, les autorités sur une absence de sanctions face au « plus grand essai thérapeutique sauvage connu » en France. Sous la pression de la direction des hôpitaux marseillais, Didier Raoult et les co-auteurs-rices du « pre-print » contesté ont finalement décidé de le retirer, le 9 juin. Mercredi 7 juin, le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, avait brandi, lors d’une audition au Sénat, la menace de sanctions contre les auteurs-rices de cette étude plus que controversée. Il avait été interpellé sur « une inertie des pouvoirs publics » face aux dérives de l'IHU de Marseille sous l'ère Raoult.