Hépatite D : une étude sur la co-infection

10 Février 2023
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D’après une étude publiée dans la revue HIV Medicine et reprise sur le site Aidsmap, une personne sur deux atteinte du VIH et de l'hépatite B et ayant des antécédents d'utilisation de drogues par voie injectable était coinfectée par l'hépatite delta (hépatite D). Les taux d'hépatite D dans d'autres groupes de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) correspondaient à ceux de la population générale, selon l'étude. L'hépatite D est un virus qui ne peut se répliquer qu'en présence du virus de l'hépatite B. Il utilise l'antigène de surface de l'hépatite B pour se répliquer. L’hépatite D se transmet lors du partage d'objets en contact avec le sang ou lors de relations sexuelles non protégées par un préservatif. L'hépatite D aiguë est parfois grave et la coinfection hépatite B + D devient souvent chronique. Il n’existe à l’heure actuelle aucun vaccin spécifique contre le virus D, mais la vaccination contre l’hépatite B protège de l’hépatite D. Comme l'antigène de surface de l'hépatite B est difficile à éliminer avec les traitements antiviraux de l'hépatite B, les traitements actuels de l'hépatite B ne suppriment pas l'hépatite D. Un nouvel antiviral, le bulevirtide (nom commercial Hepcludex), s'est révélé capable de supprimer la réplication de l'hépatite D chez la moitié à deux tiers des personnes traitées. Le diagnostic et le traitement de l'hépatite D sont essentiels car le virus augmente considérablement le risque de lésions graves du foie et de cancers du foie chez les personnes atteintes d'hépatite B. Des chercheurs-ses de l'étude de la cohorte suisse sur le VIH et de l'étude de cohorte EuroSIDA ont mis en commun des données sur les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) qui avaient été testées positives au virus de l'hépatite B entre 1988 et 2019. Au total, 2 793 PVVIH dans les deux groupes ont été testées positives pour l'antigène de surface de l'hépatite B, ce qui indique une infection chronique par l'hépatite B. Le statut de l'hépatite D a été déterminé pour 1 556 personnes (56 % des personnes atteintes d'hépatite B). Dans l'ensemble, 15 % des personnes atteintes de l'hépatite B et du VIH ont été testées positives pour les anticorps de l'hépatite D. Le taux était le même dans les cohortes EuroSida et VIH suisse. Cependant, parmi les personnes qui avaient contracté le VIH via l'utilisation de drogues injectables, la moitié de celles qui avaient une hépatite B avaient une coinfection par l'hépatite D. Les personnes atteintes de l'hépatite D étaient significativement plus susceptibles de mourir au cours de la période de suivi (34 % contre 20 %) et la cause du décès était plus susceptible d'être liée au foie (41 % contre 17 %). Les personnes atteintes d'hépatite D développaient plus souvent un cancer du foie (5,8 % versus 1,6 %). Les chercheurs-ses de l'étude affirment que leurs résultats soulignent l'importance de tester toutes les personnes qui sont positives à l'antigène de surface de l'hépatite B pour l'hépatite D. Ils-elles ajoutent que les personnes atteintes de l'hépatite D devraient être suivies de près pour surveiller le cancer du foie. Les mesures de réduction des risques, notamment les programmes d'échange de seringues, restent essentielles, ont conclu les chercheurs-ses.