Investir contre le VIH, maintenant !

3 Mars 2022
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Paradoxe. Alors qu’elle représente 16 % de la population mondiale et supporte 26 % du fardeau mondial des maladies, l’Afrique ne représente que 2 % des dépenses de santé mondiale. Et cela, malgré l’engagement d’Abuja pris par les gouvernements en 2001 d'allouer 15 % de leur budget à la santé. Dans les faits, la moyenne stagne encore à 7 %. Ces données ont constitué la toile de fond d’une récente rencontre de leaders-euses et experts-es dans le domaine du financement de la santé. Mi-février, ils-elles ont échangé sur la manière dont l’Afrique est laissée de côté dans la riposte à la Covid-19, avec moins de 12 % des personnes entièrement vaccinées contre le coronavirus sur le continent. Concrètement, un accès nettement insuffisant aux vaccins, aux médicaments et aux technologies, ainsi que la faiblesse des systèmes de santé locaux privent les populations africaines de leur droit à la santé pendant cette pandémie. Cette rencontre visait à trouver des solutions pour élargir la base de revenus disponibles pour les pays africains afin d’augmenter le financement de la santé et de stimuler la solidarité mondiale. Très logiquement, experts-es et leadeurs-euses ont souligné le « besoin général d’investir dans des systèmes de santé publique renforcés en vue d’offrir la couverture sanitaire universelle, y compris les services dirigés par les communautés, et d’éviter de fragiliser davantage les plus vulnérables avec des dépenses leur incombant ». Autre rappel, il est « nécessaire de s’attaquer simultanément aux pandémies actuelles de VIH et de Covid-19, ainsi qu’à d’autres maladies infectieuses telles que le paludisme et la tuberculose, pour prévenir les pandémies futures et protéger la sécurité sanitaire mondiale ». Mais comment faire pour faire face à tout, en même temps, avec peu de ressources financières ? Pas de réponse nette à la suite de cette rencontre, mais un festival de mises en garde et de rappels cruels. « Si nous continuons à ce rythme, c’est-à-dire si nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour accélérer l’accès et combler les inégalités dans la riposte au VIH, le monde pourrait enregistrer 7,7 millions de décès dus au sida au cours des dix prochaines années, dont 4,7 millions seulement en Afrique », a ainsi rappelé Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida. « Moins de la moitié des établissements de santé en Afrique ont l’eau et l’électricité. Nous devons faire plus, nous savons où il manque des financements : les investissements dans la santé, les ressources humaines et les infrastructures », a commenté, de son côté,  Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement. « Nous ne pouvons pas choisir les maladies, mais les pandémies, nous pourrions choisir de les éviter. En définitive, le financement national est la clé pour protéger durablement tout le monde des maladies infectieuses les plus mortelles », a expliqué Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial ; très nettement un message alors que se profile en 2022 la nouvelles conférence de reconstitution des ressources financières de cette institution.