Le guide Api 2016-2017 de ELCS

5 Juillet 2016
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Le 30 juin dernier, les Elus locaux contre le sida (ELCS) ont présenté la nouvelle édition de leur guide Api (action, prévention, information). Ce "guide" constitue à la fois les actes des 20e Etats généraux d’ELCS qui se sont tenus le 4 novembre 2015 et un guide pratique à destination des élus locaux comme nationaux, des professionnels de santé, des associations de lutte contre le VIH/sida et les hépatites virales. La partie "Guide" est classique (lexique, données épidémiologiques nationales et internationales, chronologie des dates importantes de la lutte contre le sida, des focus thématiques sur les drogues en France, la situation sociale des personnes vivant avec le VIH en France, etc.). Le Guide propose aussi une synthèse de l’évaluation du plan national de lutte contre le VIH et les IST 2010-2014 conduite par le Haut conseil de la santé publique. On peut regretter que l’association ELCS ne donne pas sa lecture de cette évaluation, son analyse d’autant que l’association occupe une place à part dans la lutte contre le VIH. Le guide 2016-2017 traite bien évidemment de la loi Santé, de la PrEP (prophylaxie pré-exposition) ainsi que de sujets récurrents : les jeunes et le VIH, la gratuité du préservatif en débat, les contaminations chez les seniors, etc. La partie "actes" reprend les discours et interventions des Etats généraux de l’année passée. En 2015, les 20e Etats généraux d’ELCS avaient planché sur la "réduction des risques comme exercice de démocratie", bon sujet. D’autant que la volonté des administrateurs d’ELCS était, non pas de partir d’une notion de la démocratie comme système juridique, mais comme "édifice de valeurs et d’inspiration qui place l’humain au cœur des choses". Cela, on le trouve assez naturellement dans les échanges de la table ronde qui avait réuni Elisabeth Ramel (ELCS), Stéphane Calmon (AIDES) et Fabrice Olivet (Asud). C’est moins frappant dans les discours politiques qui obéissent souvent aux figures imposées du genre et aux limites qu’elles impliquent : des généralités consensuelles, des formules un peu toutes faites et peu d’autocritiques.  Lors de sa présentation du guide, Jean-Luc Romero-Michel, président des Elus locaux contre le sida, a longuement insisté sur le fait que le VIH était devenu aujourd’hui invisible, que la vie avec le VIH tenait encore d’un "parcours du combattant terrible". "Bien sûr, on peut vivre, travailler et aimer, mais avec beaucoup d’obstacles", a-t-il souligné. Revenant sur les conditions de la création d’ELCS, il a défendu le rôle des élus de terrain et l’effet d’exemplarité que pouvait avoir leur engagement dans la lutte contre le VIH. "Un monde sans sida, c’est un défi fantastique. Cela nécessite de la volonté politique et des gestes politiques", a-t-il conclu avant de donner la parole à l’ancienne ministre Roselyne Bachelot. Fidèle des fidèles d’ELCS dont elle a contribué à la création, l’ancienne parlementaire est intervenue sur le passage d’une aventure éthique (les premiers temps de la lutte contre le sida) aux revendications politiques, puis aux lois. Elle a cité l’exemple des besoins des personnes malades que la lutte contre le VIH a largement contribué à faire connaître qui ont conduit à la demande de la reconnaissance des droits des malades et à sa mise en œuvre dans un texte de loi (la loi Kouchner de 2002). L’ancienne ministre a aussi défendu le principe de l’accompagnement global, compris très tôt par les associations communautaires. Il a permis que "le malade soit reconnu dans ses droits et comme acteur de son existence". "Cela a donné "le malade-expert", un modèle qui a changé le rapport du malade au médecin et du malade au politique", a-t-elle expliqué. Elle a joliment conclu par une phrase de Jonathan Mann qu’elle fait sienne et qui, de son point de vue, illustre la philosophie des Elus locaux contre le sida : "Nous voilà comme impliqués dans une solidarité active et résolue d’où émerge ce sentiment d’une responsabilité partagée, les uns vis-à-vis des autres".