Vendre un hôpital pour un faire un hôtel cinq étoiles. C’est une possibilité pas si saugrenue que vient de présenter un collectif artistique, le H5, autoproclamé faux agent immobilier pour dénoncer "l’eurodisneyisation des capitales". En lieu et place du bien nommé hôpital, l’Hôtel-Dieu, de la préfecture de police et du palais de justice, "un business center ouvert 24/24h et sept jours sur sept". Par l’absurde, le collectif s’est penché sur la situation du plus ancien hôpital de la capitale. En mars dernier a été annoncée par l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), la réorganisation de l’Hôtel-Dieu. Seront transférés vers Cochin, les services d’hospitalisation complète ainsi que celui de chirurgie ambulatoire. Y sera installé le nouveau siège de l’AP-HP. "Une véritable partie de Monopoly !", dénonce Dominique Bertinotti, maire (PS) du quatrième arrondissement et ancienne présidente de la commission de surveillance de cet hôpital. Elle déplore également la situation de l’établissement, où des services fermés la nuit et les suppressions de poste sévissent déjà. Les représentants syndicaux de l’hôpital font le même constat et ont dernièrement fait circuler une pétition pour "l’arrêt du démantèlement". Dominique Bertinotti parle, elle, de "véritable dépeçage" d’un établissement central et extrêmement fréquenté. A l’AP-HP, on se veut rassurant, on comprend le caractère "anxiogène" de la réorganisation, mais on affirme que cette dernière se fait pour "accueillir au mieux" les personnes. Conformément au plan, l’Hôtel-Dieu "doit devenir un hôpital universitaire, tout en restant un hôpital de proximité […] accueillant le siège de l’AP-HP", assure la coordinatrice. Mais il reste "prématuré" d’essayer de savoir comment cela s’organisera vraiment, prévient-elle. L’exemple de Marseille, où leur Hôtel-Dieu, est en passe de devenir un hôtel, mais cinq étoiles, pourrait faire des petits.
- 1716 lectures
- Envoyer par mail