Liberté d’expression : l’État condamné

2 Juillet 2023
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Le tribunal administratif de Nice a condamné l’État pour « atteinte à la liberté d’expression » pour avoir fait masquer la vitrine d’une librairie niçoise et les slogans féministes qui y étaient exposés lors d’une visite du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en décembre 2022, rappelle l’AFP. Le 9 décembre, alors que le ministre venait visiter le futur hôtel de police de Nice, des policiers avaient recouvert d’un drap noir la vitrine de la librairie Les Parleuses pour dissimuler des slogans tels que « Victimes on vous croit. Violeurs on vous voit » ou « Qui sème l’impunité récolte la colère ». Une affiche sur la vitrine indiquait également « Sophie on te croit », en référence à Sophie Patterson-Spatz, qui accuse de viol depuis 2017 Gérald Darmanin et va se pourvoir en cassation après la confirmation en appel du non-lieu du ministre en janvier dernier. Dans une décision (26 juin), le juge des référés a estimé qu’en « l’absence de toute menace à l’ordre public », la décision de procéder à l’occultation de la vitrine constituait « une décision illégale d’atteinte à la liberté d’expression de nature à engager la responsabilité de l’État ». De ce fait, l’État a été condamné à verser aux gérantes de la librairie une provision de 1 000 euros pour leur préjudice moral et commercial, « somme qui n’est qu’une provision en attendant le jugement sur le fond », a souligné leur avocate maître Lorraine Questiaux. « C’est une décision en faveur de la liberté d’expression et qui montre que la lutte contre les violences faites aux femmes est totalement légitime et ne peut constituer un trouble à l’ordre public », a ajouté l’avocate, interrogée par l’AFP. Sollicité par l’AFP, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité réagir.