Médecine : chasse aux lapins

15 Mai 2023
2 589 lectures
Notez l'article : 
0
 

Idée fixe. Première salve avec une interview d’Emmanuel Macron dans les colonnes du Parisien, dans un face aux lecteurs-rices : « Il faut responsabiliser mieux les patients : ceux qui ne viennent pas aux rendez-vous, on va un peu les sanctionner ». Seconde salve, le même jour ; cette fois, c’est le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gabriel Attal, qui en remet une couche. Interrogé par Ouest-France, Il confirme son souhait d'avoir « un mécanisme qui permette de sanctionner les absences (à un rendez-vous médical) ». « Si vous ne vous présentez pas, le remboursement du rendez-vous suivant serait minoré d’une certaine somme qui pourrait être de 10 euros : 5 euros iront au professionnel de santé et 5 euros à l’Assurance-maladie », avance-t-il. Pourquoi une telle idée ? Il paraît que la mesure serait attendue par une partie des médecins. Comme le rappelle le Quotidien du Médecin (25 avril), une enquête (URPS d’Île-de-France) avait indiqué que les médecins libéraux franciliens auraient à subir, chaque jour, deux rendez-vous non honorés en moyenne. Le phénomène avait inquiété l'Ordre national des médecins et l'Académie de médecine. « Plusieurs enquêtes suggèrent que chaque semaine, 6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous, ce qui correspond à une perte de temps de consultation de près de deux heures hebdomadaires pour le médecin quelle qu’en soit la discipline et, par extrapolation, près de 27 millions de rendez-vous non honorés par an. Par ailleurs, près de deux tiers de ces défections concerneraient un premier rendez-vous. Ces chiffres sont le reflet d’une évolution regrettable », justifiaient les deux instances, demandant une intervention de l’État afin de « responsabiliser les patients sur les consultations non honorées ». Le Sénat avait essayé de prendre une mesure, mais le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, l’avait écartée, jugeant cette taxe « prématurée ». En tout cas, le gouvernement revient à la charge sans doute pour amadouer les médecins qui sont de plus en plus critiques envers lui, notamment depuis les nouveaux tarifs des consultations… qu’ils jugent trop bas.