Russie : faute de prévention, les décès liés au sida progressent

31 Juillet 2014
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Le nombre de décès liés au sida continue à progresser en Russie faute de prévention, alors que le nombre de décès dus au sida a nettement reculé dans le monde, ont indiqué (16 juillet) les autorités russes, citées par l’AFP. "Nous avons enregistré l'année dernière 22 000 décès liés au sida, contre 20 000 l'année précédente", a indiqué à l'AFP le chef du Centre fédéral russe de lutte contre le sida, Vadim Pokrovski. "Généralement très mal informés, les Russes ne viennent souvent voir le médecin que quand il est déjà trop tard", a-t-il regretté. La Russie compte aujourd'hui près de 700 000 personnes vivant avec le VIH, a ajouté Vadim Pokrovski. "Les médias russes qui avaient prêté une grande attention au sida dans les années 1990, alors que le virus était encore quasi inexistant dans le pays, semblent aujourd'hui en être fatigués", avance-t-il. Chaque année la Russie enregistre entre 70 000 et 80 000 nouvelles infections par le VIH. "Près de 200 nouveaux cas par jour", selon Vadim Pokrovski. La plupart des nouveaux cas - 55 % - sont dus à l'usage de la drogue, 43 % à des contacts hétérosexuels, et environ 1 % à des relations homosexuelles, a-t-il précisé. En Russie où l'homosexualité était considérée à l'époque soviétique comme un crime, puis comme une maladie mentale jusqu'en 1999, "les communautés homosexuelles ont toujours été et sont toujours très fermées, et traditionnellement très bien informées sur ce virus", a expliqué Vadim Pokrovski. Ce n’est évidemment pas grâce à l’action des autorités russes qui ne font rien en faveur des homosexuels… et même qui font tout contre les homosexuels. On a pu en juger avec la loi adoptée en Russie en 2013 sur la "propagande" homosexuelle devant mineurs. Ce qui peut surprendre dans les propos de Vadim Pokrovski, c’est que la principale explication à l’absence d’intérêt des Russes quant à la prévention serait le manque d’investissement des médias sur le sujet. On pourrait pourtant faire remarquer que c’est l’usage de drogues qui explique très majoritairement le développement de l’épidémie de VIH dans le pays… Un domaine où les autorités russes interdisent toutes les mesures de Réduction des risques, d’accès aux traitements de substitution… qui ont pourtant montré leur efficacité ailleurs. Elle est d’abord là la responsabilité des autorités russes. Rappelons que, selon les autorités russes citées par l’agence officielle Nia Novosti : "Le nombre total de personnes consommant des drogues et des substances psychotropes à des fins non-médicales est estimé à 8,5 millions en Russie", sur une population de 143,4 millions d'habitants. L'héroïne serait la drogue la plus consommée, par près de 90 % des usagers. Chaque année, on compterait environ 40 000 décès liés à l'usage de drogue. Rappelons aussi que l’usage de la méthadone est illégal en Russie, que les consommateurs y vont systématiquement en détention et que les programmes d’échanges de seringues pas autorisés. La Russie fait partie des pays où la guerre aux drogues a été menée de façon agressive et sans aucune préoccupation sur la santé des personnes consommatrices. Le chef du Centre fédéral russe de lutte contre le sida ne peut qu’en mesurer aujourd’hui les conséquences… et parler de la responsabilité des médias.