Témoignage : Vieillir avec le VIH

27 Décembre 2022
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Un témoignage plein d’espoir. D’après une modélisation présentée au congrès de la SFLS en octobre 2022, en 2030, il y aura en France 42 % de personnes vivant avec le VIH de plus de 60 ans et 17 % de plus de 70 ans. Comment vivent ces personnes et quelles sont leurs sources de préoccupations ? Dans une vidéo publiée sur la chaine YouTube Les Audacieuses & Les Audacieux (l’association qui œuvre pour la construction de maisons de retraites pour les seniors-es LGBT+), Jacky-Franz, 70 ans, témoigne sur son vécu de vieillir avec le VIH. Diagnostiqué séropositif en 1987, le septuagénaire se souvient du manque d’espoir à cette époque : « On m’a dit : « Monsieur, il vous reste un an à vivre ! » Le monde s’écroule ; on a la rage ; on pleure ». Jacky-Franz va vivre dix années très difficiles dont une passée à vivre dans la rue : « Te relever après un cursus dans la rue, ça te laisse des traces mentales. C’est une vie pas facile à vivre ». Il est également rejeté par sa famille en raison de son homosexualité et sa vie affective est au point mort pendant cette période : « Au niveau sexuel, il n’y a plus rien qui se passe car on est contaminé et on ne veut pas contaminer ». Jacky-Franz n’a pas non été plus épargné par des comportements sérophobes : « Une fois, une infirmière a mis deux paires de gants et un masque. Je lui ai dit : « Vous avez oublié des bottes parce que vous risquez de marcher dans le sang et d’être contaminée ». Elle n’a pas bien pris ma remarque (…). Les gens ne comprennent pas que ça fait mal ». C’est l’arrivée des trithérapies en 1996 qui va sauver Jacky-Franz. Aujourd’hui, le septuagénaire a retrouvé un équilibre dans sa santé et il est marié avec son compagnon : « Je suis en couple depuis trois ans après une traversée du désert de 25 ans. Je ne croyais même plus à une histoire d’amour, vu mon âge. Rencontrer l’amour à 70 ans, c’est quand même fabuleux ». Pédagogue, Jacky-Franz explique que grâce à son traitement VIH, il ne peut pas transmettre le virus : « Avec Damien, on se protège pas [par préservatif, ndlr] et il n’est pas contaminé. Si on prend notre trithérapie tous les jours, comme on doit la prendre, on devient indétectable, ça veut dire qu’on ne contamine pas du tout ». Quelle place tient le VIH aujourd’hui dans sa vie ? « Dans la vie de tous les jours, je l’oublie carrément. Ce qui me préoccupe plus, c’est mon diabète ».