Willy Rozenbaum : Le traitement précoce a de multiples avantages

29 Mai 2013
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Le professeur Willy Rozenbaum, codécouvreur du virus du sida avec l'équipe de Luc Montagnier, ancien président du Conseil national du sida a été interviewé par l’AFP (18 mai) sur les 30 ans de recherche sur le VIH/sida. Ces trois décennies ont connu des progrès rapides et majeurs sur la compréhension de la maladie et sur la mise au point de traitements. Mais, estime-t-il beaucoup de progrès restent à faire pour stopper l'épidémie. Interrogé sur la recherche et les progrès médicaux réalisés ces trente dernières années, il explique : "Il est clair que jamais on n'a été aussi vite pour identifier une nouvelle maladie, identifier sa cause, apporter des réponses thérapeutiques et arriver au résultat d'aujourd'hui (…) Personnellement, je n'aurais pas fait le pari qu'on serait arrivé si vite au résultat où on est aujourd'hui : une personne dépistée précocement bénéficie de traitements relativement simples et bien tolérés qui lui permettent d'avoir une durée de vie équivalente à celle de la population générale, avec un risque de transmettre la maladie extrêmement faible". Interrogé sur les espoirs les plus tangibles en matière de recherche comme l’accès aux traitements, il explique : "Parmi les progrès à réaliser, il y a le sempiternel vaccin dont personne ne peut prédire quoi que ce soit à ce jour (…) Là où les progrès sont extrêmement lents, ou peu satisfaisants, c'est la réaction de la société civile et des politiques face aux défis sociaux posés par cette épidémie, en France, dans les pays développés et a fortiori dans les pays en développement. C'est là qu'on ne va pas assez vite. La science est allée très vite, mais les sociétés n'ont pas répondu de manière adaptée. 

Comment peut-on imaginer que des pays où 30 à 35 % de la population est touchée puissent participer au développement humain si on n'offre pas aux gens touchés la possibilité de se soigner, alors que cela coûterait infiniment peu par rapport à d'autre dépenses, militaires par exemple". Enfin, interrogé sur les perspectives ouvertes par les résultats de l’étude Visconti, Willy Ronzenbaum indique : "C'est un argument très fort qui vient s'ajouter à d'autres sur le fait qu'il faut traiter tôt. Plus on traite tôt et plus on a de chance de contrôler la réplication (du virus, ndlr). De multiples données, aujourd'hui, montrent que le traitement précoce a de multiples avantages y compris sans doute celui de permettre au système immunitaire de ne pas perdre la course qu'il mène contre le virus. Mais pour traiter tôt, il faut dépister tôt".