Wojciech Tomczyński est décédé

Le tweet de l’Onusida (15 avril) est court. L’institution onusienne y « déplore la disparition de son ami Wojtek [Wojciech, ndlr] Tomczyński, pionnier de la riposte au VIH en Pologne, en Europe de l'Est et en Asie centrale. Leader et champion de nombreux mouvements, dont le Réseau polonais des personnes vivant avec le VIH [Sieć Plus, ndlr]. Cœur et esprit ouverts, enseignant aux générations suivantes, défenseur des droits humains. Reposez en paix ». Message court, mais qui rend bien compte de la diversité de l’engagement de ce militant historique qui n’hésitait pas à témoigner publiquement de sa vie avec le VIH. En 2016, il avait témoigné dans le cadre d’un document sur les enjeux du vieillissement avec le virus de ce qui se passait pour lui en Pologne, après trois décennies de vie avec le VIH. « Durant ces 30 ans, j’ai eu la pneumonie deux fois, de nombreuses bronchites. J’ai frôlé la tuberculose. J’ai contracté l’hépatite C, type 3 A, mais je m’en suis débarrassé après 48 semaines de traitement par interféron et j’ai souffert d’une cataracte aux deux yeux. En 2000. On m’a diagnostiqué une maladie pulmonaire obstructive chronique et récemment une bronchectasie. Sans compter une dégénérescence de la colonne vertébrale. Malgré tous ces petits soucis, j’ai toujours pris des antirétroviraux, mais pour diverses raisons, j’ai changé de médicaments et depuis ces 18 derniers mois, je suis un traitement avec un seul comprimé de Stribild. Mon taux de CD4 est passé à 1 009 copies et ma charge virale a été indétectable durant des années », expliquait-il alors. Et de poursuivre, confiant : « Le plus important, pour moi, c’est ma famille, mes trois enfants, leurs épouses, mes quatre petits-enfants et les deux qui arrivent. Je pense que j’ai encore beaucoup de choses à faire ici sur terre ». Wojciech Tomczyński avait alors 70 ans. Beaucoup de choses à faire encore, effectivement, ce fut le cas, ce qui lui valut une reconnaissance dans son pays, comme auprès de nombreuses structures internationales. En Pologne, notamment, c’est, entre autres, Institut pour les droits des patients et l'éducation à la santé qui lui a rendu hommage : « Nous avons le regret de vous informer que Wojciech Tomczyński, fondateur et président de longue date du Réseau national des personnes vivant avec le VIH/sida SIEĆ PLUS, est décédé à l'âge de 77 ans. Il était un ami et un soutien pour de nombreuses personnes depuis de nombreuses années, s'engageant dans des activités sociales au profit des personnes vivant avec le VIH ».  « Aujourd'hui est un jour terrible pour l'EATG, et c'est aussi un jour terrible pour l'activisme autour du VIH », a déclaré l'EATG (European AIDS Treatment Group). « Nous nous souviendrons tous de Wojciech comme d'un leader courageux et puissant qui a ouvert la voie pour que d'autres suivent ses traces et qui aura toujours une place dans nos cœurs. En cette période difficile et troublante, nous repensons avec émotion aux moments que nous avons passés ensemble et présentons nos condoléances à ses proches ». Wojciech Tomczyński avait tissé au fil des années des liens avec d’importantes associations européennes de lutte contre le sida, conduisant à des projets communs (par exemple avec AIDES). C’est sous la houlette d’Arnaud Marty-Lavauzelle, alors président de AIDES, que Wojciech Tomczyński avait rencontré Daniel Defert lors d’un déplacement à Varsovie en 1993. Le fondateur de AIDES avait visité l’association Sieć Plus. Chaque année, ce Réseau décerne une distinction à une personne éminente de la lutte contre le VIH. En 2016, l’organisation polonaise avait décidé que le Ruban rouge polonais serait décerné à Daniel Defert. Wojciech Tomczyński était, lui-même, venu (en octobre 2016) remettre cette distinction en présence de militants-es de AIDES au siège de l’association à Pantin.