Souriez, vous êtes filmés !

Publié par jfl-seronet le 20.03.2009
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culture
Réalisatrice, professeur, artiste et activiste communautaire, la canadienne Kim Simard se mobilise depuis plusieurs années dans la lutte contre le sida. Elle a effectué des missions à l'étranger notamment au Togo. Aujourd'hui, elle porte Prise positive, un projet innovant qui a pour ambition, via la vidéo, de donner la parole à de jeunes séropositifs. Elle répond à Seronet. Interview.
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En quoi consiste le projet Prise Positive ? Qui en est à l'initiative ? Et qu'en attendez-vous ?


Prise Positive est un projet impliquant les jeunes vivant avec le VIH/sida. Il les invite à développer des projets vidéo dans différents genres comme l’animation, la narrative [la fiction], le documentaire et l’art vidéo proprement dit. Le projet (réalisé grâce à l'aide de Simon Rouillard) vise à aider les jeunes à exprimer de façon unique leurs visions des situations auxquelles ils doivent faire face. C’est un partenariat entre CATIE (Réseau Canadien d’Info Traitement Sida) et Fréquence VIH. Ce projet est financé par le programme d’innovation communautaire 2008 du laboratoire GlaxoSmithKline – Shire Canada. Nous produirons de six à neuf vidéos qui seront téléchargéables sur plusieurs sites web. Par l’intermédiaire du web, nous espérons inspirer, grâce aux vidéos, un dialogue en ligne entre des jeunes atteints du VIH et d'autres jeunes qui ne sont pas touchés.

Votre travail est consacré à la vidéo comme "outil de pouvoir d'action". Quelle est la force spécifique de la vidéo ? En quoi le "cinéma" peut-il mieux et plus que d'autres moyens changer les choses en matière de VIH/sida ?


Un des outils les plus puissants que je connaisse est la vidéo. Elle peut motiver, changer, engager et inspirer à la fois le spectateur et le créateur. C’est un médium intuitif qui peut saisir la réalité et qui peut représenter nos vies et nos rêves facilement. Les vidéos utilisées par la presse et les médias principaux déforment la réalité et la vie des gens qui vivent avec le VIH/sida.  Pour cette raison, il est important que ceux qui vivent avec le VIH/sida prennent cet outil et l'utilisent comme moyen de communication qui aidera à dissoudre les mythes et les stigmas [discriminations] propagés par le public. Est-ce que les médias changeront leur façon de représenter le VIH/sida à travers ce projet ? Sans doute pas, mais les projets vidéo comme ceux de Prise Positive permettent toutefois aux communautés d’offrir un autre point de vue, d'autres références.

Le projet Prise Positive concerne les jeunes de 16 à 30 ans vivant avec le VIH. Pourquoi avoir fixé un âge ? Est-ce que cela veut dire que les jeunes vivant avec le VIH ont une expérience qui n'a rien à voir avec celle des personnes plus âgées ?


Il y a beaucoup d’organismes et de groupes communautaires que je connais où les décisions sont prises par des gens plus âgés. Fréquemment, les jeunes ne sont pas bien représentés et leurs soucis ne sont pas entendus.  Le projet Prise Positive est une opportunité pour les jeunes de s’exprimer de façon interactive et surtout créative. Et oui, les jeunes atteints du VIH vivent différemment que ceux qui sont plus vieux. Ceux qui sont soit nés avec le VIH ou ont été diagnostiqués en bas âge ont une conception différente de ce que c’est de vivre avec le VIH/sida. L’identité sexuelle, la recherche d’emploi, l’école, et les contrôles parentaux sont des défis particuliers pour les 16 à 30 ans. Prise Positive veut se concentrer sur ces défis et les faire entendre.

Quel est l'accueil à votre projet ? Combien de jeunes y participent-ils ?


Nous avons actuellement cinq participants inspirés et créatifs. Nous en sommes à l’étape de l’écriture des scénarios. Certains ont même débuté le tournage de leurs vidéos.  Nous espérons recruter cinq participants de plus qui auront comme guides les participants actuels.

Où les films réalisés seront-ils visibles ?


Les films seront distribués cet été sur www.frequencevih.ca et www.livepositive.ca
et sur notre site sur YOUTUBE. Ils seront accompagnés de forums et de blogs permettant de recueillir les impressions, commentaires, et questions suscités par les vidéos. Si les participants le veulent, il y aura aussi une diffusion des vidéos en direct à Montréal.
Crédit photo : Prise Positive