Zona/varicelle : vaccin ou pas ?

Publié par Renaud Persiaux le 17.02.2011
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Récemment publiée, une étude américaine suggère que le vaccin contre le zona permet de réduire de 55 % le risque de développer cette maladie virale chez les plus de 60 ans. En France, cette vaccination n’est pas recommandée chez les personnes vivant avec le VIH. Ces nouvelles données pourraient-elles changer la donne ? Nous avons posé la question à Brigitte Autran, professeur d’immunologie spécialiste de la vaccination chez les personnes vivant avec le VIH.
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Des démangeaisons intenses, des sensations de brûlures, des vésicules rouges sur la peau, voire des douleurs le long des nerfs. Ce n’est rien de dire que le zona est désagréable ! Le plus souvent, il survient chez une personne ayant déjà eu la varicelle. Et pour cause, c’est le même virus qui est responsable des deux maladies : un herpèsvirus appelé par les scientifiques HHV-3 (human herpesvirus 3) ou, tout simplement virus varicelle-zona (VZV, pour varicella-zoster virus, en anglais). Fatigue importante, affaiblissement du système immunitaire (à cause de l’âge, d’un cancer ou… de l’infection à VIH) peuvent réactiver le virus qui refait alors surface provoquant un zona. Pouvant survenir à tout âge, il est plus fréquent avec l’âge et… chez les personnes immunodéprimées. C’est dans ce contexte qu’est publiée le 11 janvier 2011 dans le "Journal of the American Medical Association" ("JAMA") cette étude portant sur 300 000 personnes. Les résultats suggèrent que le vaccin contre le zona permet de réduire de 55 % le risque de développer cette maladie virale chez plus de 60 ans.


Pas encore recommandé en France…
A ce jour, en France, la vaccination contre la varicelle-zona ne fait pas encore l’objet de recommandations particulières pour les personnes vivant avec le VIH (il faut suivre les indications du calendrier vaccinal, qui ne recommande pas la varicelle chez l’enfant, sauf chez les enfants transplantés ou vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées). Le Rapport d’Experts 2010 (Yeni) indique toutefois : "Vaccin anti-varicelle. La varicelle est plus sévère chez les sujets infectés par le VIH. La vaccination contre la varicelle est bien tolérée et immunogène chez l’enfant infecté par le VIH ayant des CD4 [supérieurs à] 200/mm3 et un pourcentage de CD4 supérieur à 15 %". En revanche, cette vaccination est contre-indiquée chez les personnes séropositives ayant moins de 200 CD4/mm3.
"C’est que le vaccin varicelle zona est un vaccin vivant atténué", explique Brigitte Autran, professeur d’immunologie à l’Université Paris 6 et membre du Comité technique des vaccinations. Or, "la règle de base en matière de vaccination est la contre-indication de l’utilisation de vaccins vivants atténués chez les personnes immunodéprimées, sauf si le risque lié à la maladie est vraiment trop important, comme pour la fièvre jaune, par exemple". C’est aussi le cas pour la varicelle chez l’enfant, y compris s’il vit avec le VIH, poursuit l’immunologiste. "Chez l’adulte vivant avec le VIH, on ne dispose pas encore d’évaluation du rapport bénéfice/risque".

… mais déjà aux Etats-Unis
La situation est différente aux Etats-Unis où l’étude publiée par "JAMA" a d’ailleurs été conduite. Selon le Rapport d’Experts 2010 (Yeni), "malgré l’absence de données, les experts américains recommandent [cette vaccination anti-varicelle] chez les adolescents et les adultes ayant des CD4 supérieurs à 200/mm3". Pourquoi cette différence ? Brigitte Autran explique : "Les Etats-Unis ont une politique de vaccination beaucoup plus incitative en matière de vaccination que les pays européens, qui évaluent le rapport bénéfice/risque pour la santé, et la société. Or, aux Etats-Unis, ce sont en premier lieu les mutuelles privées qui prennent en charge les vaccinations. En France, c’est l’Assurance maladie qui paye !" Alors, quid, en France, de la vaccination varicelle-zona chez les plus de 60 ans, voire chez les personnes vivant avec le VIH ? "La France n’a pas encore statué. Pour le VIH, cette décision sera discutée avec le groupe d’experts Yeni, et sans doute après d’éventuelles études menées sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales." A suivre, donc…
Plus d’informations sur les vaccins lorsqu’on est séropositif dans le Rapport d’Experts 2010 (Yeni, page 102). Le Rapport est consultable sur le site du TRT-5.