Il n’en restera qu’un !

Publié par jfl-seronet le 06.05.2012
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santé en campagne 2012
"La santé, c’est maintenant !", "La Santé forte !". Ce pourrait être des slogans de campagne des deux derniers candidats encore en lice… A l'arrivée du second tour des élections présidentielles de 2012, Seronet fait un rappel des points principaux sur lesquels François Hollande et Nicolas Sarkozy se sont prononcés lors de leurs interviews sur Seronet. C’est toujours bon à savoir avant de voter. Voici les positions… point par point.
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Garantir des conditions de vie dignes pour tous
François Hollande : "Fin 2012, l’allocation aux adultes handicapés sera de 776 euros par mois. Pour les personnes très lourdement handicapées qui bénéficient du complément de ressources, elle sera de plus de 950 euros. Bien sûr, il n’est pas facile de vivre avec ces sommes. Sa revalorisation doit être un objectif, même si je ne peux prendre d'engagement pour l'immédiat. Il faut par ailleurs réfléchir au statut de cette ressource qui est considérée comme un minimum social et non comme un revenu".
Nicolas Sarkozy : "Vous avez raison, nous avons augmenté de 25% l’AAH. Nous avons aussi augmenté le minimum vieillesse de 25%. Depuis le début du quinquennat, nous avons également renforcé l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé : l’ACS [acquisition à la complémentaire Santé, ndlr] a ainsi été doublée pour les personnes âgées de plus de 60 ans et pour les 16-25 ans. Le plafond de ressources qui lui est applicable a été progressivement relevé : le seuil, jusqu’ici situé à +25% au-delà du plafond de la CMU complémentaire, a été progressivement porté, jusqu’en 2012, à +30% au-delà de ce même plafond, cette mesure ayant notamment pour objectif social de continuer à inclure dans le champ de l’ACS les bénéficiaires de l’AAH et du minimum vieillesse malgré la revalorisation forte de ces allocations au cours du quinquennat. Une nouvelle revalorisation forte de l’ACS a été opérée en 2012. Au total, les différentes revalorisations permettront à 514 000 personnes supplémentaires de bénéficier de l’ACS (contre 560 000 aujourd’hui). Nous avons pris ces décisions dans un environnement économique sous contraintes, c’était de notre responsabilité".

En finir avec la chasse aux usagers de drogues
Nicolas Sarkozy : "Je suis hostile à la dépénalisation de la drogue, en particulier du cannabis. Concernant l’usage thérapeutique de certaines drogues, notamment le cannabis, aujourd'hui certains pays admettent son utilisation thérapeutique, le plus souvent sous forme de médicament, en complément d'un traitement médical classique, pour ses propriétés anti-douleurs au bénéfice de certains patients qui ne supportent pas les prescriptions habituelles (par exemple anti-vomitifs dans les traitements des cancers et du VIH, glaucome, etc.) Des évaluations sont en cours sur ce point en Europe. L'usage thérapeutique du cannabis, comme celui des autres stupéfiants, ne peut être pratiqué que sous un strict contrôle médical. On ne peut pas, parce qu'un produit est prescrit à certains malades graves, en déduire qu'il n'est pas nocif pour les personnes en bonne santé".

François Hollande : "Plus de 40 ans après la loi de 1970, il est naturel que le débat soit ouvert. Il faut d’abord redonner toute leurs places aux politiques de prévention et de limitation des risques liés à la consommation de drogue, qui ont notamment pour buts d’éviter les contaminations par le VIH et les hépatites ainsi que les overdoses, et d’accompagner vers le sevrage. L’approche exclusivement répressive de la majorité actuelle a conduit à des reculs dans ce domaine.  Et puis il y a le sujet de la légalisation. J’entends les arguments de ceux qui y sont favorables : réduire les risques, mettre fin à l’emprise des réseaux criminels. Mais les drogues restent des substances nocives, dangereuses pour la santé physique et mentale et qui entraînent des phénomènes d’addiction. C’est un problème de santé publique important chez les jeunes. Je crois donc que l’interdit doit demeurer. Il faudra sans doute faire évoluer certaines peines qui ne sont pas réalistes et donc peu dissuasives : je pense par exemple aux peines de prison pour la simple consommation de cannabis".
Par ailleurs interrogé (le 26 avril sur "France 2") sur les propos de son conseiller sécurité, François Rebsamen, ayant indiqué qu'il voulait assouplir la législation sur la pénalisation du cannabis, François Hollande a, une nouvelle fois, tenu un discours de fermeté. Il juge que "la répression est nécessaire", et que "le cannabis doit rester un interdit donc la pénalisation est nécessaire. Rien ne changera de ce point de vue". Une position plus répressive que lors de la primaire PS, où il évoquait un "débat européen" sur la question.

Supprimer les franchises médicales
François Hollande : "La politique de santé de la droite a été à la fois injuste et inefficace. Injuste, car elle a accru les charges pesant sur les personnes malades. Inefficace, car elle n’a pas permis de rétablir l’équilibre de l’Assurance maladie. La majorité actuelle a dégradé notre système de solidarité par les décisions que vous citez. Elle a aussi laissé se développer les dépassements d’honoraires. Le résultat, c’est qu’aujourd’hui la Sécurité sociale rembourse à peine plus d’un euro sur deux pour les soins courants et que de plus en plus de Français, un sur quatre ou un sur trois selon les études, renoncent à se soigner ou retardent des soins pour des raisons financières. Même les personnes gravement malades, qui sont en "affection de longue durée" (ALD), ne sont pas épargnées, car certaines d’entre elles ont un reste à charge très important. Voilà les conséquences de cette politique".
Nicolas Sarkozy : "Je souhaite nuancer le pessimisme de vos propos. Globalement ces cinq dernières années, la part de financement de la Sécurité sociale est restée pratiquement stable à 75 % environ du total des dépenses. Ainsi, la France est l’un des pays dans lequel les dépenses de santé qui restent à la charge des ménages sont les plus faibles au monde, et ce reste à charge a baissé ces dernières années (9,7% en 2008 ; 9,4% en 2010). Le gouvernement a également beaucoup fait pour renforcer l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé. Elle a ainsi été doublée pour les personnes âgées de plus de 60 ans et pour les 16-25 ans. Le plafond de ressources qui lui est applicable a été progressivement relevé en 2011 et 2012. Au total, 514 000 personnes supplémentaires pourront bénéficier de l’ACS à terme contre 560 000 aujourd’hui. Toutes ces réformes ont été réalisées en tenant l’objectif national de dépenses d’assurance maladie [ONDAM], ce qu’aucun gouvernement n’avait réussi auparavant".

Mettre en place des programmes d’échanges de seringues et créer des salles d’injection supervisée
Nicolas Sarkozy : "En matière de stupéfiants, nous avons trois principes : la prévention, le soin et l’application de la loi. Je rappelle que l’usage de produits stupéfiants est illicite. Le procureur de la République peut engager des poursuites, les peines et sanctions prononcées s’appuient sur le Code pénal. Ces poursuites conduisent souvent à l’injonction thérapeutique ou l’obligation de soins. Notre politique vise également à réduire les risques. Il existe 130 centres chargés de l’accompagnement, de l’aide et de la réduction des risques (Caarud), et 500 centres ambulatoires spécialisés (Csapa) qui travaillent à la réduction des risques. Je rappelle également qu’en France, il y a environ 130 000 patients substitués et 15 millions de seringues stériles distribuées".
François Hollande : "Je suis favorable à ce qu’on expérimente des actions nouvelles. J’ai entendu avec intérêt les propositions des maires de grandes villes, comme Marseille et Paris, visant à améliorer la réduction des risques en s’appuyant sur des travaux scientifiques et sur les exemples européens. Je leur laisserai donc la possibilité de mener des expérimentations pour améliorer la santé des usagers de drogue et réduire les nuisances dans nos quartiers. Il faudra ensuite évaluer l’impact de ces démarches sur la santé publique et la tranquillité publique, et en tirer les conséquences. Par ailleurs, je l’ai dit, j’initierai un plan spécifique pour la santé des personnes incarcérées et le sujet de la toxicomanie y sera traité".

Rétablir le droit au séjour pour soins des étrangers malades
François Hollande : "Si je suis élu, je souhaite revenir sur ces décisions. La suppression du droit de timbre de 30 euros pour l’accès à l’AME fait partie des 60 engagements de mon projet. Les politiques d’exclusion et de stigmatisation visant à réduire les dispositifs comme l’AME ne pourraient nous conduire qu’à une catastrophe sanitaire. L’AME, qui a été instaurée par le gouvernement de Lionel Jospin en même temps que la CMU, est un bon dispositif. C’est l’honneur de notre pays, ne l’oublions pas, que de garantir à toute personne, quelle que soit sa situation financière, sociale ou administrative un accès effectif aux soins. Une prise en charge sanitaire rapide est humainement, médicalement et financièrement préférable à des soins tardifs. Je prends l’engagement de revenir sur ces restrictions.
Quant au droit au séjour pour soins, la modification apportée par la loi sur l’immigration du 16 juin 2011 est hypocrite. Elle laisse croire que le droit au séjour pour soins est maintenu, mais elle ne prend plus en compte l’effectivité de l’accès aux soins dans le pays d’origine. Si vous venez d’un pays très pauvre, mais qu’une clinique très chère donne de bons traitements au président et à ses amis, alors on considère que les soins existent dans votre pays et que l’on peut vous y renvoyer. On ne se demande plus si vous pouvez vraiment avoir accès à ces soins".
Nicolas Sarkozy : "Notre système de santé, en plus d’être sans doute l’un des plus performants, est aussi parmi les plus généreux du monde. Lorsqu’un individu sur le territoire national a besoin de soins, il peut se faire soigner, il en va de l’honneur de la République. C’est une question de modèle de civilisation. Concernant votre question, nous n’avons pas restreint l’AME, nous avons demandé une contribution de 30 euros par an pour les bénéficiaires. Est-ce scandaleux qu’une personne en situation irrégulière sur le territoire ait à payer 30 euros par an pour avoir accès à l’ensemble du plateau technique de nos hôpitaux ? A l’ensemble des professionnels de santé ? En étant prise en charge à 100%, sans avoir à payer de franchises ou le parcours de soins ? Je rappelle que la santé est financée par la solidarité nationale, c'est-à-dire par chacun d’entre nous. Il est légitime que chacun contribue. Concernant le droit au séjour pour soins, une évaluation est faite pour savoir si le patient peut être soigné dans son pays d’origine. Il y a une expertise médicale. Si ce n’est pas le cas, le patient pourra être pris en charge en France. Sur ces questions graves, il faut faire preuve de responsabilité, nous le devons à nos concitoyens qui financent le système de santé et aux générations futures qui ne peuvent supporter le poids de nos déficits".

Créer une taxe sur les transactions financières pour le développement et la lutte contre le sida
Nicolas Sarkozy : "La solidarité avec les pays pauvres doit s’exercer. Je vous rappelle que le France joue un rôle important à l’international : la France est le 2ème donateur pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, derrière les Etats-Unis (Avec 360 millions d’euros par an pour la période 2011-2013). Je suis favorable à l’instauration de cette taxe. Nous la mettrons en œuvre en France et j’ai convaincu nos partenaires européens d’en faire autant".
François Hollande : "Voici un sujet exemplaire de la capacité des ONG à faire bouger les lignes. Il y a dix ans, la taxe sur les transactions financières était considérée comme une utopie, aujourd’hui, elle est au premier plan de l’agenda politique. Elle devra être créée. Pourquoi les transactions financières seraient-elles les seules à ne pas être taxées, alors que nous payons la TVA à chaque fois que nous faisons nos courses ou des droits de mutation lorsque nous acquérons un logement ? La taxe sur les transactions financières est aussi un moyen de faire assumer au secteur financier les lourdes responsabilités qui sont les siennes dans la crise actuelle, et de prévenir de futures difficultés en limitant les activités trop spéculatives. Le sujet mérite mieux que la micro-taxe que Nicolas Sarkozy soumet au Parlement, qui ne concerne qu’une petite partie des transactions financières. Il y a une proposition plus sérieuse de la Commission européenne qui est sur la table, qui s’appliquerait aux actions, aux obligations et aux produits dérivés et qui rapporterait 57 milliards d’euros par an. Il faut consacrer notre énergie à faire adopter la taxe sur les transactions financières au niveau européen. S’il faut une mesure d’urgence au niveau français, rétablissons l’impôt de bourse qui a été supprimé par l’actuelle majorité en 2008. Mais il ne s’agit pas, en adoptant aujourd’hui en France une taxe sur les seules actions, de renoncer à l’ambition de taxer l’ensemble des transactions financières en Europe, de créer une taxe européenne".

Garantir la protection sociale et sanitaire des travailleurs du sexe

François Hollande : "C’est un débat très difficile car il oppose des personnes dont les convictions sont également respectables. En la matière, chacun doit respecter les convictions de l’autre et j’ai, moi aussi, les miennes, qui rejoignent celles du Parti socialiste. Il faut commencer par rappeler que l’abolitionnisme est un terme qui visait, initialement, l’abolition des maisons closes. Ce terme est resté, mais aujourd’hui, derrière le terme "abolitionnisme", il y a pour la plupart des associations l’idée de prévention et de réduction de la prostitution, qui est la mienne. Il ne faut donc pas confondre abolitionnisme et prohibitionnisme. S’agissant de la pénalisation des clients, j’entends les arguments de ceux qui redoutent les conséquences de ces dispositifs en termes de précarité et de santé pour les personnes prostituées. Je pense que la réflexion doit être ouverte, avec pour objectif d’améliorer la situation des personnes prostituées. L’idée de pénaliser les clients n’est pas de tomber dans une politique répressive, mais dans une logique de droits humains, qui était celle de la France jusqu’à la loi pour la sécurité intérieure portée par Nicolas Sarkozy en 2003. Chacun a bien sûr le droit de disposer librement de son corps, mais le fait qu’un client ait le droit de disposer librement du corps d’une autre personne parce qu’il a payé, dans les textes internationaux, est une atteinte aux droits humains. C’est dans cette logique qu’il convient de débattre de la pénalisation de ceux qui portent atteinte à ces droits humains. En réalité, ce qui nuit le plus à l’accès aux soins des personnes prostituées, aujourd’hui, c’est le délit de racolage passif instauré par Nicolas Sarkozy. Il faut supprimer ce délit, qui conduit à repousser la prostitution dans des zones peu accessibles pour les associations et, in fine, se traduit par un moindre accès aux soins et aux services sociaux pour les personnes prostituées".
Nicolas Sarkozy : "La prostitution n’est pas interdite en France, le racolage passif l’est. La loi prévoit de punir sévèrement le proxénétisme. Les clients de prostitués mineurs sont pénalement sanctionnés. J’estime que notre système de santé permet aux prostitués d’avoir accès aux soins et à la prévention. Nous avons également développé l’hébergement d’urgence notamment pour les femmes. Il faut lutter contre le proxénétisme et permettre à celles et ceux qui sont exploités notamment les mineurs de sortir de ce système criminel".