Travail du sexe : racolage… la police dérive

Publié par jfl-seronet le 31.05.2012
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Une cinquantaine de travailleurs et travailleuses du sexe exerçant au bois de Boulogne dans des véhicules ont manifesté (18 mai) pour dénoncer le "harcèlement policier et judiciaire" dont ils et elles se disent victimes… La politique du chiffre bat encore son plein dénonce un Collectif tandis que le STRASS demande au gouvernement de dépénaliser le racolage.
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C’est un arrêté en date du 1er mars dernier interdisant le stationnement de véhicules dans les bois de Boulogne et de Vincennes qui a mis le feu aux poudres. En fait, il "justifie" les descentes de police qui conduisent à des arrestations quasi quotidiennes pour racolage passif (sanctionné depuis la loi de 2003). Ces sorties policières sont d’autant mal vécues que, selon une avocate citée par l’AFP, maître Stéphanie Marcie-Hullin : "Il n'y a pas d'infraction", puisque les travailleuses du sexe exercent dans leur véhicule sans interpeller le client. "On subit une répression continue, journalière. On nous prend à la sortie du client, mais on ne racole jamais dans notre camionnette ou notre voiture. On est emmenées systématiquement pour racolage, pour 24 heures, et on nous met au dépôt de la Cité judiciaire", explique Corinne, une prostituée, porte-parole du "Collectif 16e arrondissement des prostituées du bois de Boulogne", qui vient de se créer face aux "dérives policières". L’avocate rappelle que la prostitution n'est pas illégale en France. L'avocate et le Collectif demandent à rencontrer le préfet de police de Paris et le procureur de la République. En attendant, "dès qu'on vous arrête, il faut demander un avocat", insiste Stéphanie Marcie-Hullin comme conseil aux travailleuses du sexe.


Dans une tribune publiée (23 mai) dans "Le Monde", Thierry Schaffauser, travailleur du sexe et co-fondateur du Syndicat du travail sexuel (STRASS) demande la dépénalisation du racolage. "Malgré la promesse de François Hollande d’abroger l'article de loi pénalisant le racolage, les préfectures continuent de mener des actions de "nettoyage". A Lyon comme à Paris, villes dirigées par le Parti socialiste, des arrêtés ont été pris afin d’envoyer les camionnettes des travailleuses du sexe à la fourrière", indique le militant. Il estime que l’outrage à la pudeur n’est qu’un prétexte qui cache (mal) une volonté politique de faire stopper le travail du sexe. "La seule "nuisance" est notre existence et le fait que nous ne nous cachons pas. C'est une belle illustration de l'hypocrisie de la gauche au pouvoir qui prétend vouloir protéger les "victimes" que nous serions", avance-t-il.

"Depuis dix ans, la pénalisation du travail sexuel de rue, par la loi de sécurité intérieure ou par les différents arrêtés municipaux, a conduit à un bilan dramatique. Il y a plus de violences et de contaminations sexuelles constatées par les associations de santé, qui ont plus de difficulté à rencontrer les travailleurs du sexe, qui se sont déplacés dans des endroits plus reculés", affirme Thierry Schaffauser. Fort de son constat, le militant du STRASS demande au gouvernement d’adopter un "article ou amendement supprimant le délit de racolage" qui permettrait de "mettre fin au harcèlement policier".

Pour le STRASS, la police se trompe clairement de priorité en harcelant les travailleuses du sexe, elle serait, selon lui, mieux inspirée de "reconnaître le droit d'asile aux victimes de la traite et aux personnes ayant subi des persécutions en raison de leur sexe, orientation sexuelle ou identité de genre" que "d’expulser les migrantes". Et l’Etat aussi serait mieux inspiré de faciliter les démarches des "personnes transgenres pour avoir le droit de changer leurs papiers d'identité en conformité avec leur genre afin de trouver, si elles le souhaitent, un emploi autre que le travail sexuel".