10 milliards d’économies dans la Santé ? Pourquoi pas, à condition que les usagers ne la perdent pas !

Publié par jfl-seronet le 08.05.2014
8 343 lectures
Notez l'article : 
3
 
0
Droit et socialplan d'écomomie santé

Détaillée le 25 avril par la ministre des affaires sociales et de la santé, la contribution du secteur santé à la réduction des dépenses publiques porte bien sur 10 milliards. Les choix d’économies opérés ne font pas du patient une variable d’ajustement, à la différence de ce que nous avions connu par le passé avec les franchises, les forfaits et les nombreux déremboursements. C’est une bonne nouvelle. Reste que le CISS (Collectif interassociatif sur la santé) demeure prudent. Il s’en explique dans un communiqué de presse (25 avril) que voici.

Feuille de route

"Détaillée le 25 avril par la ministre des affaires sociales et de la santé, la contribution du secteur santé à la réduction des dépenses publiques porte bien sur 10 milliards (…). Nous comprenons donc qu’il s’agit d’adapter le système de santé. Nous n’allons pas soutenir qu’il ne faut pas le faire. Nous avons suffisamment contribué à mettre en lumière l’estimation que 30 % des dépenses sont inutiles dans la façon dont elles sont aujourd’hui orientées.

Pour autant, nous restons vigilants

Parce que des économies d’un tel montant et à un tel rythme reposent inévitablement sur des innovations organisationnelles et des modifications de pratiques. Nous avons plutôt le sentiment d’un système de santé bloqué, chacun cherchant à préserver son domaine plutôt qu’à partager un objectif commun. Il faudra donc de la pédagogie pour rendre ces efforts légitimes et du consensus pour rendre les ajustements acceptables.

Parce que derrière des objectifs que nous pouvons partager, il peut y avoir des tensions inacceptables pour les patients. Les objectifs de montée en charge de la chirurgie ambulatoire et de promotion des médicaments génériques ne pourront être partagés qu’à la stricte condition que cela n’aboutisse pas à mettre en danger des patients dont l’état de santé requiert autre chose que des prises en charge à moindre coût.

Une demande de dialogue

Le dialogue doit donc maintenant s’instaurer avec les associations d’usagers du système de santé. Ces derniers ont su structurer leur mouvement. Ils réclament d’être associés aux choix opérationnels qui vont être maintenant opérés. Ils n’ont pas envie, comme la mauvaise habitude en a malheureusement été prise, de tout découvrir au dernier moment, comme si finalement les pouvoirs publics ne voulaient leur laisser que le seul choix de s’opposer".

Loi de santé : 30 propositions, pour une révolution en marche avec les patients

Une loi de santé est annoncée, explique le CISS dans un second communiqué (28 avril). "Elle doit contenir les mesures législatives concrétisant la stratégie nationale de santé de la France annoncée en juillet 2012", indique-t-il. "Enfin, serait-on tenté de dire. Mais à condition qu’elle réponde véritablement aux attentes de nos concitoyens. Nous n’avons pas besoin d’une loi de "technos", mais d’une loi pour les gens. C’est le sens des 30 propositions", que le CISS vient de publier et qui met particulièrement l’accent sur trois dimensions.

La promotion de la santé au cœur des politiques publiques

"Il ne s’agit pas d’adopter seulement des mesures ponctuelles, égrenées comme un chapelet, mais de mettre en place une logique de santé publique. En utilisant au service de cette stratégie les outils que constituent la réglementation, la fiscalité, les actions de prévention médicalisée, l’approche populationnelle et l’ancrage des actions de promotion de la santé dans les milieux, les territoires et au sein des communautés concernées", avance le Collectif.

Innover dans l’accès aux soins : l’accompagnement en santé

"Changeons d’air dans la façon de s’adresser aux patients, à leurs entourages et aux populations concernées par une maladie ou un risque. Permettons donc que des organisations issues de la mobilisation des patients eux-mêmes, qui connaissent bien ces sujets et sont capables d’expertise, ouvrent des centres d’accompagnement en santé. Il s’agirait d’offrir à nos concitoyens en difficulté vers le soin ou dans le soin, ou encore qui se plaignent de ne pas trouver de réponse à leurs demandes d’information ou d’orientation, de trouver des réponses dans des lieux où l’on s’attache à leur autonomie en santé", préconise le CISS.

Démocratie en santé : un vrai pilier, pas une béquille !

"0,04 %, c’est la part du budget de l’assurance maladie qui devrait être affectée à la mission légale de représentation des usagers du système de santé comme cela se pratique au Québec par exemple. Il n’y a pas de "modèle économique" de la défense des droits des usagers dans le système de santé. C’est donc à la puissance publique d’y pourvoir. Ce ne serait jamais qu’une discrimination positive bien légitime en faveur des associations d’usagers pour rétablir l’équilibre avec les autres parties prenantes du système de santé. La défense de l’intérêt général mérite bien 0,04 % du budget de l’assurance maladie !", explique le CISS.

Voilà pour les trois leviers, lire le détail des 30 propositions.