Grosse colère contre Benoît XVI

Publié par jfl-seronet le 20.03.2009
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Pour un triomphe, c'est un triomphe ! Benoît XVI fait un tabac avec sa dernière déclaration sur le préservatif qui "aggraverait" le sida. Partout dans le monde, et notamment en France, ce sont la stupeur, l'indignation et surtout la colère qui se manifestent. Best of des critiques et des protestations.
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A peine remis de la polémique sur les évêques intégristes antisémites, de l'excommunication des parents d'une fillette violée pour cause d'avortement, le pape décide de nouveau d'en découdre avec l'opinion publique. Il l'a fait lors de son premier voyage en Afrique pour dire tout le bien qu'il pense de l'abstinence et de la fidélité pour lutter contre le VIH et tout le mal qu'il pense du préservatif qui "aggraverait" l'épidémie de sida. Comme on l'imagine, cette sortie, parfaitement délibérée, a suscité une bronca internationale dans les associations de lutte contre le sida et une vague de protestations chez les politiques.

Les politiques en France et ailleurs
La sortie du pape remporte un franc succès chez les politiques. Président d'Unitaid et secrétaire général adjoint des Nations unies, Philippe Douste-Blazy dénonce des "propos faux et dangereux de la part de Benoît XVI, car au moment où de milliers de femmes et d'hommes sont sur le terrain pour essayer d'inverser les terribles tendances de l'épidémie du sida, il est particulièrement dangereux de s'attaquer au seul vaccin qui existe aujourd'hui, c'est-à-dire la prévention". Même son de cloche chez Bertrand Delanoë. Le maire de Paris estime que cette déclaration est "contraire à la vérité"  et "irresponsable". Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé, affirme être "tombé des nues en entendant les déclarations".


"Il y en a assez maintenant de ce pape", déclare, le 18 mars, Daniel Cohn-Bendit, pour qui les propos du pape relèvent "presque du meurtre prémédité". Alain Juppé n'est pas en reste. L'ancien premier ministre estime que Benoît XVI vit "dans une situation d'autisme total". "Ce pape commence à poser un vrai problème", assène t-il "Aller dire en Afrique que le préservatif aggrave le danger du sida, c'est d'abord une contrevérité et c'est inacceptable pour les populations africaines et pour tout le monde", précise t-il. Marie-George Buffet pour le PC et Ségolène Royal pour le PS critiquent aussi le pape. Fait assez rare, le quai d'Orsay s'est joint, le 18 mars, au festival des critiques. "La France exprime sa très vive inquiétude devant les conséquences de ces propos de Benoît XVI", déclare ainsi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "S'il ne nous appartient pas de porter un jugement sur la doctrine de l'Eglise, nous estimons que de tels propos mettent en danger les politiques de santé publique et les impératifs de protection de la vie humaine", affirme le ministère.

A l'étranger
La ministre belge de la Santé Laurette Onkelinx est l'une des premières à dégainer. Le 17 mars, elle fait part de sa "stupéfaction" et de sa "consternation". Pour Laurette Onkelinx : "De tels propos tenus par le chef de l'Eglise au 21e siècle, en dépit des recommandations unanimes du monde scientifique en la matière, sont le reflet d'une vision doctrinaire dangereuse" "Ses déclarations pourraient anéantir des années de prévention et de sensibilisation et mettre en danger de nombreuses vies humaines", avertit la ministre.

Les associations dénoncent
Président des Elus locaux contre le sida, Jean-Luc Romero est "totalement scandalisé et sidéré par les déclarations du Pape". "Faudrait-il rappeler au pape que l'Afrique subsaharienne reste la région la plus durement touchée par le VIH et représente 67 % du total des personnes vivant avec le VIH et 72 % des décès dus au sida en 2007 ?", demande t-il. Du côté d'Act Up, on choisit l'ironie : "Après 25 ans d'épidémie, l'église catholique plus que jamais à la pointe de la prévention".  Dans un communiqué, l'association demande à l'Eglise catholique de se taire.


"Avec 1,9 millions de nouvelles contaminations annuelles, l'Afrique subsaharienne est la région du monde la plus touchée par le sida. Combien de ces personnes auraient pu ne pas être contaminées si elles avaient été informées que seul le préservatif protège efficacement du sida et si elles avaient eu plus facilement accès à l'information sur le VIH et aux moyens de s'en protéger ?", note l'association. De son côté, Sidaction trouve "triste" le "décalage [du pape] avec la vie des gens". "On est un peu les bras ballants face à une déclaration pareille. On se dit mon Dieu ! En 2009, il en est encore là ! C'est triste", affirme le directeur de Sidaction.


AIDES a écrit à Roselyne Bachelot, à l'ambassadeur de France au Vatican et à l'archevêque de Paris pour faire part de "son indignation suite aux déclarations du pape Benoît XVI faisant preuve d’une ignorance et d’un moralisme éloigné des réalités pragmatiques de santé publique." Grosse colère aussi chez Médecins du Monde. "Très clairement, ce sont des paroles gravissimes quand on voit l'impact que ce type de message peut avoir en Afrique où vivent les deux tiers des personnes séropositives, estime l'association. C'est insupportable, cela contribue à mettre en péril les actions de prévention menées depuis des années par les ONG."


Les scientifiques à la charge
Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, Michel Kazatchkine "demande au pape de retirer ses propos" sur le préservatif, qu'il juge "inacceptables". "Ces propos sont inacceptables. C'est une négation de l'épidémie. Et, tenir ces propos dans un continent qui est malheureusement le continent où 70 % des personnes infectées par le sida demeurent, c'est absolument incroyable", a-t-il dit. "Vous savez, on dit que la mauvaise gouvernance tue. Là, je crois qu'on a vraiment un exemple de limites qui sont dépassées dans les propos d'un leader d'opinion". Directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida, Jean-François Delfraissy, est "catastrophé" par le message "consternant" et "contre-productif" du pape. Un message dont il craint qu'il provoque "les grandes difficultés à faire passer les messages de prévention".

Les dommages collatéraux
Le premier dans le genre est l'évêque de Gap, Jean-Michel Di Falco, dont la fonction consiste manifestement à nous faire croire qu'on a mal compris le pape (faut pas charrier !). Du coup, comme il doit justifier les propos du pape (le préservatif agent du VIH), il se lance dans des explications douteuses. "Malheureusement dans certains pays d'Afrique parce qu'ils n'ont pas les moyens de se procurer les préservatifs, ils vont les utiliser plusieurs fois ou à plusieurs. Mais le pape ne peut pas entrer dans tous ces détails et c'est vrai que cette phrase paraît brutale et ne pas tenir compte de la réalité de ce qui se vit en Afrique", affirme l'évêque qu'on a connu plus inspiré. Le second, on le doit à l'actuelle ministre du Logement, Christine Boutin, fervente catholique comme chacun sait (la bible brandie à l'Assemblée nationale, c'est elle) qui explique, le 18 mars, que ce n'est "pas drôle de mettre le préservatif quand on fait l'amour" (c'est pas vraiment le sujet) avant de concéder qu'en matière de préservatif, "chacun fait comme il peut et comme il veut".

Les cathos s'y mettent aussi
Aux Etats-Unis, un groupe catholique américain condamne, le 18 mars, les déclarations du pape qu'il juge "irresponsables et dangereuses". Pour le groupe : "Peu de catholiques et encore moins de personnel médical soutiennent ces déclarations". Ce groupe affirme d'ailleurs que "plusieurs évêques en Afrique, dont l'évêque Kevin Dowling de Rustenburg en Afrique du Sud, ont affiché sans détours leur soutien à l'utilisation de préservatifs". Du côté de certaines organisations non gouvernementales britanniques, on parle de "confusion". "Les propos du pape ne sont pas vraiment bienvenus, ils envoient un message de confusion en Afrique, dans les pays où l'Eglise catholique est très importante", explique ainsi l'ONG chrétienne Christian Aid. Du côté, d'Oxfam, on note que "l'accès aux préservatifs pour combattre le VIH est absolument crucial". "Si nous voulons empêcher de nouveaux cas d'infection qui se développent chez les jeunes, nous devons augmenter l'usage du préservatif, pas le limiter, donc nous ne sommes pas d'accord…" "Le pape vit-il au XXIe siècle ?", s'interroge une association camerounaise de lutte contre le sida. Depuis quelques semaines, on commence à avoir la réponse.

Commentaires

Portrait de chevalier

action contre les propos du pape www.ensemblepourunesantesolidaire.fr Suite aux propos du PAPE JE PROPOSE LE DEBAPTEME VOIR LES MODALITÉS COMMENT SE FAIRE DÉBAPTISER En réaction aux propos du Pape et pour montrer notre désaccord voici les modalités pour faire les démarches de déabaptisation Concernant la débaptisation, voici une lettre type à adresser : * à la paroisse de baptême ET * à l'évêché correspondant En principe, la réponse est rapide (moins d'un mois) et positive ; il vous y est confirmé la notation en marge du registre des baptêmes, a renoncé à son baptême en date du... Si tel n'est pas le cas, il faut insister par un second courrier plus impératif (au cas ou vous rencontrez des problèmes, faite le nous savoir). A BIENTOT ET BON DEBAPTEME. La démarche Concrètement vos date et lieu de naissance figurent dans votre certificat de baptême, ainsi que dans le livret de mariage de vos parents. La demande, datée, doit être adressée au curé actuel de la paroisse AINSI qu'à l'évêché dont dépend cette paroisse. Vous pouvez rajouter une phrase demandant à ce que l'autorité religieuse vous fournisse un double de votre acte de baptême modifié comme les y obligent les textes de la Commission Nationale Informatique et Liberté sur la rectification des fichiers manuscrits. Débaptisation Ne laissez pas l'Eglise vous compter parmi ses fidèles Définition La débaptisation est une démarche d'apostasie (abandon volontaire et public d'une religion) qui consiste à demander la suppression de son nom sur les registres de baptême de l'Eglise. Elle concerne essentiellement ceux qui veulent changer de religion, les agnostiques ou les athées. Lettre type de debaptisation Monsieur le curé (l'évêque), Ayant été baptisé(e) en l'église de ..................................., le ............ 19..., sous le nom de ........................................... ..............................................., alors que mes convictions philosophiques ne correspondent pas à celle des personnes qui ont estimé devoir me faire baptiser, je vous serais reconnaissant(e) de bien vouloir porter sur le registre des baptêmes et en regard de mon nom la mention suivante : "a renié son baptême par lettre datée du __ __ 19__". Notez que légalement l'église ne peut me refuser une requête en débaptisation, et qu'elle doit, au titre de la réglementation de la Commission Nationale Informatique et Liberté sur les fichiers même manuscrits, fournir à titre gracieux une copie de l'acte modifié (Article 36). Dans l'attente de votre confirmation écrite, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués. Fait à .................................. le.......20..