Handi LGBT sexe : c'est parti !

Publié par Emy-seronet le 08.08.2010
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handicap
Grand moment de militantisme LGBT, les UEEH (Universités d'été euroméditerranéennes des homosexualités) 2010 se sont concentrées sur la question de la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap, et sur les différentes façons de mobiliser les premiers concernés. L'équipe de la délégation AIDES Lille était présente à l'événement. Fabrice et Jimmy, deux militants de la région, reviennent sur les points forts de cette saison.
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La volonté du conseil d’administration des UEEH étant de donner leur place aux personnes en situation de handicap, l'édition 2010 s'est fixée pour objectifs d'améliorer l’accessibilité aux UEEH aux personnes à mobilité réduite, d'impulser une dynamique porteuse de réflexion et de débat autour des handicaps, des genres et de l’orientation sexuelle, de développer les interactions entre les différents acteurs de la manifestation et, fort logiquement, de prendre en compte les différents handicaps dans la manifestation.


Ainsi, cette année, s’est organisé un travail préparatoire pour que l’an prochain se mettent en place des ateliers sur la sexualité ou plutôt les sexualités des personnes handicapées ; le but étant de faire un constat des difficultés que les personnes en situation de handicap peuvent rencontrer. Pour cela, les associations Choisir Sa Vie, Handivol et le collectif Handicap et Sexualité 13 des Bouches du Rhône s’étaient réunis pour discuter des enjeux et spécificités à prendre en compte afin d’améliorer la prise en charge des personnes à mobilité réduite et leur faciliter l’accès à l’épanouissement de leur sexualité et de leur vie affective.

En effet, là où les personnes dites valides n’ont que les barrières psychologique et morale, le handicap vient renforcer ces barrières en plus des lacunes matérielles qui en découlent. L’une des pistes est de militer pour la mise en place d’un service d’auxiliaires de vie sexuelles comme cela se fait déjà en Suisse et en Allemagne. Leur  mission doit permettre, au cas par cas, à une personne en situation de dépendance (du fait de son handicap physique) de vivre une expérience intime, érotique, sexuelle, sous la forme d’apprentissage éducatif, de caresses, d’initiation à la masturbation, d’une conduite à l’orgasme. Parmi les autres piste évoquées lors de cet atelier, il y a le développement des espaces de parole sur la vie affective et sexuelle, l’accessibilité a des services tels que les centres de dépistage anonymes et gratuits et les plannings familiaux, la formation des professionnels des centres médicaux sociaux, la traduction des messages de prévention pour les publics sourds,  l’accessibilité aux lieux commerciaux (sauna, bars, etc.) et l’aide à la parentalité.

AIDES a été vivement sollicitée à participer à cet atelier car, lorsque l’on parle de sexualité, il est logique d’y associer la prévention pour un  meilleur accompagnement à l’éducation à la santé ; surtout que l’accompagnement à la sexualité passe comme une étape vers la réalisation de sa vie affective. L’une des personnes concernées disait que "la rencontre n’est possible que si l’on est bien, à l’aise" et se demandait : "Comment gère-t-on le sentiment amoureux si on ne peut pas le consommer ?"

Le représentant du Collectif 13 rappelle les accusations, parfois avancées, de "manipuler" les personnes handicapées pour créer un besoin (sous entendu artificiel) afin de bénéficier de subventions… C’est là qu’il est important que les Handis s’approprient eux-mêmes l’action de sensibilisation et de mobilisation ; qu’il s’agisse du handicap mental ou physique, les personnes sont souvent représentées par un tiers. Du coup, peu de place leur est laissée pour qu’elles parlent en leur nom. En tout cas, c’est lancé. Il reste à mobiliser les personnes concernées, et à sensibiliser la population générale pour que les personnes en situation de handicap ne soient plus, selon les mots de l'association Choisir Sa Vie, "vues comme des monstres", mais bien comme des "êtres humains ayant une sexualité et des désirs".

Commentaires

Portrait de nathan

emy-seronet wrote:

C’est là qu’il est important que les Handis s’approprient eux-mêmes l’action de sensibilisation et de mobilisation ; qu’il s’agisse du handicap mental ou physique, les personnes sont souvent représentées par un tiers. Du coup, peu de place leur est laissée pour qu’elles parlent en leur nom. En tout cas, c’est lancé. Il reste à mobiliser les personnes concernées, et à sensibiliser la population générale pour que les personnes en situation de handicap ne soient plus, selon les mots de l'association Choisir Sa Vie, "vues comme des monstres", mais bien comme des "êtres humains ayant une sexualité et des désirs".

Voilà une cause qui m'intéresse bien sûr sous l'angle envisagé dans l'article mais sous d'autres aspects aussi. Il existe déjà depuis quelques années un groupe Handi LGBT à Lille qui organise des testings dans les établissements gay ou gay friendly :  Nord Lesbiennes & Gays Handicap. 

                                            

Portrait de julian2

emy-seronet wrote:

"En effet, là où les personnes dites valides n’ont que les barrières psychologique et morale, le handicap vient renforcer ces barrières en plus des lacunes matérielles qui en découlent. L’une des pistes est de militer pour la mise en place d’un service d’auxiliaires de vie sexuelles comme cela se fait déjà en Suisse et en Allemagne. Leur  mission doit permettre, au cas par cas, à une personne en situation de dépendance (du fait de son handicap physique) de vivre une expérience intime, érotique, sexuelle, sous la forme d’apprentissage éducatif, de caresses, d’initiation à la masturbation, d’une conduite à l’orgasme."

Bonsoir Emy, Jimmy et Fabrice, et les autres,

Accepteriez-vous d'être des auxiliaires de vie sexuelle? Après tout, vu que cela se fait déjà en Suisse et en Allemagne, ce ne doit pas être si terrible... Vu que ça se fait déjà en Suisse et en Allemagne, cela ne vous poserait pas de problème, j'imagine...

Portrait de julian2

Voici un article que je trouve très juste et qui s'oppose à la création d'un service légal d'accompagnement sexuel: http://www.prostitutionetsociete.fr/actualites/actualites-france/handica... Bonne soirée... JU
Portrait de nathan

En même temps, - et je ne dis pas cela ironiquement ni péjorativement -, c'est la position attendue du Nid. Sur un autre plan, c'est un peu comme si on attendait du pape qu'il défende la liberté sexuelle. Le Nid est dans son rôle qui est respectable. Mais le Nid évoque justement que ne seraient concernées par ce projet que "les personnes lourdement handicapées", d'ailleurs minoritairement LGBT car ce n'est pas une problématique spécifiquement LGBT mais une problématique du handicap en général. . Il n'est donc pas question dans ce projet de l'étendre à tous les personnes en situation de handicap mais bien à celles qui sont lourdement handicapées. C'est peut-être sur cette nuance que relève d'ailleurs le Nid que se situe toute la différence, à mon avis. Le Nid oublie aussi de citer qu'il existe des expérimentations en Suisse allémanique et en Allemagne, notamment. Cet oubli relève d'une stratégie argumentative du Nid, sans aucun doute.

Il est d'ailleurs dommage - je trouve - que l'article ci-dessus signé Emy-seronet qui a interviewé Fabrice et Jimmy (Jimmy est le coordinateur d'action LGBT à  Aides Nord) de Aides Nord confonde deux problématiques distinctes : d'une part, la question générale du droit à la sexualité pour toute personne en situation de (lourd) handicap, LGBT ou non et, d'autre part, la question spécifique de la place des Handis LGBT parmi les autres LGBT.

Ces deux questions sont d'ailleurs traversées par la même interrogation sur la légitimité du plaidoyer tel qu'il est incarné actuellement. Et c'est cette légitimité que l'article relève à juste titre et qui est finalement le point crucial, selon moi.

Si on en reste sur la dimension Handi LGBT annoncée par l'article et non sur la problématique générale du droit à la sexualité pour toute personne en situation de lourd handicap, LGBT ou non, en ce qui me concerne, ce qui est important, c'est surtout que les LGBT en situation de handicap puissent et doivent avoir littéralement voix au chapitre sur toutes les questions qui les concernent et c'est ce point que rappelait l'article d'Emy-seronet :

emy-seronet wrote:

C’est là qu’il est important que les Handis s’approprient eux-mêmes l’action de sensibilisation et de mobilisation ; qu’il s’agisse du handicap mental ou physique, les personnes sont souvent représentées par un tiers. Du coup, peu de place leur est laissée pour qu’elles parlent en leur nom. En tout cas, c’est lancé. Il reste à mobiliser les personnes concernées, et à sensibiliser la population générale pour que les personnes en situation de handicap ne soient plus, selon les mots de l'association Choisir Sa Vie, "vues comme des monstres", mais bien comme des "êtres humains ayant une sexualité et des désirs".

Mais en fonction de mes propos ci-dessus, voici comment en tant que LGBT en situation de handicap, je reformulerai simplement ce passage de la déclaration d'emy-seronet, avec des suppressions et des reformulations toutes personnelles et donc imparfaites :

C’est là qu’il est important que les Handis LGBT s’approprient eux-mêmes l’action de sensibilisation et de mobilisation ; qu’il s’agisse du handicap mental ou physique, les LGBT en situation de handicap sont souvent représentés par un tiers. Du coup, peu de place leur est laissée pour qu’elles/ils parlent elles/eux-mêmes pour que les LGBT en situation de handicap ne soient plus vu(e)s par les autres LGBT comme une catégorie qui leur est étrangère mais bien comme une dimension incontournable d'eux-mêmes. Tout LGBT est un Handi LGBT en puissance.

Ce que j'apprécie depuis depuis deux ou trois ans à la LGBT pride de Lille, c'est par exemple que ce soient des Handi LGBT en fauteuil roulant notamment qui ouvrent la marche. Dans la Légion étrangère, je crois qu'une des règles indépassables lors d'une marche consiste à placer ceux qui risquent d'avoir à surmonter plus de difficultés en tête non par condescendance mais parce que sans eux, c'est toute la cohésion du groupe qui s'effondrerait. Et sans esprit d'équipe, pas de Légion. D'où d'ailleurs ce nom antiquement romain : "Légion".

Portrait de maya

julian2][quote=emy-seronet wrote:

Bonsoir Emy, Jimmy et Fabrice, et les autres,

Accepteriez-vous d'être des auxiliaires de vie sexuelle? Après tout, vu que cela se fait déjà en Suisse et en Allemagne, ce ne doit pas être si terrible... Vu que ça se fait déjà en Suisse et en Allemagne, cela ne vous poserait pas de problème, j'imagine...

dix fois OUI

et pas parce que ça se pratique ailleurs mais parce que que humainement aucun homme (femme) ne devrait être privé de besoins naturels- fussent-ils tarifés...

ya eu ce reportage sur la prostitution ya qq temps ou l'on voyait un handicapé moteur -mais tout à fait intelligent- qui expliquait comment grace à une prostituée sa vie avait changé, il en pleurait devant la caméra

je crois que la seule parole qui compte c'est celle de ceux qui vivent ça

nous, les autres , on a rien à dire

juste à soutenir.