Homophobie : retour sur les données du Rapport 2013

Publié par jfl-seronet le 27.05.2013
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Droit et socialRapport homophobie 2013

C’est un contexte bien particulier qui marque les pages de ce 17ème Rapport annuel sur l’homophobie puisque le Rapport sur l’homophobie 2013 prend en compte le début de la procédure législative pour l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe. On aurait pu imaginer que cette avancée aurait contribué à modifier l’image des homosexuels et permis de lutter contre l’homophobie. C’est le contraire qui s’est produit, à l’instar des débats sur le PaCS en 1999, ceux sur le mariage pour tous ont été accompagnés d’une multiplication de démonstrations homophobes.

"Médias, lieux publics, lieux virtuels, famille, travail… Nul lieu n’a été épargné par ces débats qui n'en ont pris parfois que le nom, ironise SOS homophobie. Faits marquants de la fin de l’année 2012 (…) les manifestations rassemblant des milliers de personnes opposées à l’égalité". Voici quelques uns des chiffres clefs de cette 17ème édition. Rappelons que ce Rapport est téléchargeable gratuitement en format PDF et qu’on peut également l’acheter en édition papier (voir article sur Seronet).

Les témoignages 2012 : synthèse

En 2012, l’association a reçu 1 977 témoignages, soit une hausse de 27 % par rapport à 2011. C’est, malheureusement, la plus forte hausse que l’association enregistre depuis huit ans. Ces 2 000 témoignages représentent 1 860 situations uniques, plus communément appelées "cas" par SOS homophobie. "Si la hausse du nombre d’actes signalés n’est pas forcément liée directement à une augmentation des actes homophobes dans la société française au cours de l’année 2012, les débats menés autour de la loi sur le mariage pour tou-te-s ne sont pas à négliger", estime l’association. "D’une part, la médiatisation de SOS homophobie et le travail de communication de ses bénévoles ont permis une meilleure visibilité de l’association et de ses actions. De plus, il semble que les victimes osent davantage témoigner et que beaucoup réagissent face à leur agression. "D’autre part, les débats et manifestations qui ont entouré le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe, ont été le vecteur d’une libération et d’une médiatisation de la parole homophobe, notent les auteurs. La longueur des débats a ainsi contribué non seulement à l’augmentation d’actes à signaler, mais également à un sentiment de ras-le-bol des victimes, qui ont alors certainement davantage témoigné. La fin de l’année a été particulièrement intense : les témoignages en décembre 2012 sont ainsi trois fois plus nombreux que ceux reçus sur la même période en 2011.

Agressions physiques

Les agressions physiques à caractère homophobe et transphobe demeurent un douloureux problème en France en 2012. 122 cas nous ont été signalés, soit 30 de moins qu’en 2011. Elles représentent 7 % de l’ensemble des témoignages. Le profil général des victimes lesbiennes, gays, bi et trans varie peu d’une année sur l’autre, on note cependant une part plus importante des agressions signalées hors Ile-de-France (elles passent de 61 % à 66 % du total). Si les personnes trans représentent 7 % du total des témoignages, il est à noter que seuls des personnes MtoF [homme vers femme] ont contacté l’association. Pas de changement notable du côté des agresseurs : les hommes, seuls ou en groupe, sont impliqués dans 95 % des agressions physiques.

Lesbophobie

Cette année, le nombre de cas de lesbophobie qui ont été rapportés est en hausse (290, contre 223 l’année dernière). Ces témoignages sont plus nombreux, notamment grâce à la poursuite du travail de sensibilisation de l’association dans les lieux lesbiens (74 % de témoignages recueillis par le biais de courriels ou d’entretiens). Le climat politique, comme pour les autres contextes, n’est pas étranger à ce sursaut de violences lesbophobes. Les débats sur le mariage pour tou-te-s et l’adoption ont engendré des discussions familiales désobligeantes, des explosions de haine sur le Net et des conversations scabreuses autour de la machine à café.

Transphobie

Bien que le nombre de témoignages de transphobie soit relativement stable dans ce Rapport 2013, il faut relever l’augmentation de ceux que SOS homophobie a directement reçus. "En effet, ce Rapport annuel se fonde sur cinquante-deux témoignages, soit à peine moins que l’édition 2012, où SOS homophobie était partenaire de l’association Inter-Trans’. Cette année encore, les deux premiers contextes dans lesquels se produisent les actes de transphobie sont les lieux publics et l’entourage proche (famille, amis). Où l’on mesure la détresse qui peut s’abattre sur une personne transidentitaire, victime tour à tour de rejet de ses proches, et d’insultes d’inconnu-e-s dans la rue. En conséquence de quoi, la première échappatoire est l’isolement même si la transphobie peut encore frapper dans le monde virtuel du Web. "Internet, premier contexte d’interpellation de l’association tous chapitres confondus, fait en effet son apparition dans le chapitre transphobie du Rapport Annuel, au deuxième rang ex aequo", note l’association. "Il est d’autant plus important de commencer dès à présent à lutter contre les propos transphobes et leur prolifération sur Internet, avant que le phénomène prenne la dimension des propos homophobes sur la Toile", juge-t-elle.

Internet

"L’homphobie a très haut débit", dénonce SOS homophobie. "C'est une statistique inquiétante. Entre 2011 et 2012, le nombre de cas de lesbophobie, gayphobie, biphobie et transphobie sur Internet rapportés à SOS homophobie a plus que doublé. Une progression impressionnante, qui conforte la Toile en tant que principal lieu des manifestations de l'homophobie en France et qui s'explique en grande partie par l'actualité du projet de loi du mariage pour tou-te-s. On note ainsi une forte hausse de témoignages reçus au second semestre, lorsque ce sujet a commencé à être très médiatisé. Cette question a fait l'objet d'innombrables articles sur les sites d'information et sur les blogs plus ou moins professionnels, suscitant une foule de commentaires hostiles, dépassant fréquemment le cadre du débat d'idées (…) Les commentaires postés en réaction à des articles ne représentent cependant qu'une petite part des témoignages. Cela ne signifie pas forcément que 2012 ait favorisé la modération des propos homophobes – on peut d'ailleurs constater que certains commentaires outranciers persistent sur la Toile et sont visibles plusieurs mois encore après leur publication – mais plutôt qu’une certaine lassitude voire une forme de résignation émane des internautes. Comme s'il était devenu banal qu'un article ayant trait à l'homosexualité suscite des propos homophobes".