Ouganda : une homophobie qui tue ?

Publié par jfl-seronet le 28.10.2009
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Présenté au Parlement ougandais, un projet de loi visant à durcir les sanctions contre l’homosexualité (déjà pénalisée) aggraverait la situation des homos et des bis et rendrait encore plus difficile l’accès à la prévention et aux traitements. Des activistes dénoncent dans un article de Plus news.
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"Si ce projet de loi est voté, il constituera une violation évidente des droits humains, et aggravera encore la situation des hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes". La critique est simple et imparable. On la doit à à Beatrice Were, une activiste ougandaise de la lutte contre le sida, interrogée par Plus News (22 octobre). Pour la militante, le projet va à l'encontre d'une politique de santé raisonnée. "Notre plan stratégique national contre le VIH/sida a pour objectif l’accès universel aux services de prévention, de traitement et de soins du VIH ; mais si des personnes sont criminalisées et n’ont pas même le droit d’exister, comment pourraient-elles accéder à ces services ?", explique t-elle.

Ce qui est difficile à comprendre, ce sont les raisons d'un tel durcissement. En effet, dans le pays, les rapports homosexuels (le Code pénal parle de "rapports intimes allant à l’encontre des lois de la nature") sont considérés comme des crimes et déjà passibles de peines de prison extrêmement sévères. Alors pourquoi en rajouter ? Personne ne sait vraiment, outre le fait que pour de nombreux régimes en Afrique les homosexuels ont toujours été des boucs émissaires bien pratiques. Quoi qu'il en soit, le projet de loi est particulièrement détestable : il envisage la peine de mort en cas d'"homosexualité aggravée". Comme le précise Plus News, il "propose qu’une peine de sept ans d’emprisonnement soit applicable à toute personne qui "tenterait de commettre ce crime" ou qui "assisterait, encouragerait, conseillerait un tiers ou jouerait le rôle d’entremetteur pour inciter ce tiers à se livrer à des actes d’homosexualité" (sic !). Cet arsenal illustre une volonté obsessionnelle de lutter contre la "promotion de l’homosexualité". En effet, la publication d'informations, la mise à disposition de fonds, de ressources et même de locaux (en faveur de l'homosexualité !) serait passible de prison (jusqu'à sept ans) et d'une amende de plusieurs milliers de dollars.

Les associations craignent les conséquences de cette loi si elle était adoptée. Par exemple, la loi prévoit que "Toute personne jugée coupable du "crime d’homosexualité" soit obligatoirement soumise à un test de dépistage du VIH "Le projet de loi (…) favorise également la discrimination et la stigmatisation des personnes séropositives, et ruinerait des années d’efforts pour enrayer l’épidémie", estiment des responsables d'associations des droits humains. "L’Ouganda a, jusqu’à présent, été considérée comme un des pays ayant les "meilleures pratiques" en matière de lutte contre le VIH/sida (…) Si [ce projet de loi] était voté, cette position de leader serait gravement remise en question."
On comprend mal le timing de ce projet de loi. Un projet qui tombe alors qu'une étude menée conjointement par le gouvernement ougandais et ONUSIDA recommandait, dans le cadre de la réponse nationale au VIH/sida, de "réexaminer les obstacles juridiques à l’intégration des populations les plus à risque" dont les homosexuels.
Plus d'infos sur http://www.irinnews.org/fr/
Plus d'infos (en anglais) sur la mobilisation de la société civile contre ce projet de loi : http://www.boxturtlebulletin.com/2009/10/23/15873

Photo : Rgvmonster

Commentaires

Portrait de eris

On est loin d'être sortis d'affaire , même en 2009. Rien n'est jamais acquis... combien de fois faudra t il le dire pour que les gens deviennent plus sensibles à autrui? ... « Le but est le chemin lui-même. L'éternité est ici. » Soyons nous-mêmes, en toute circonstance...