Sécu : des taxes sans stratégie

Publié par jfl-seronet le 01.10.2013
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Droit et socialtaxes de santé

Une nouvelle franchise qui ne dit pas son nom ? 5 euros chez le médecin traitant. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette piste gouvernementale envisagée comme une ressource possible pour tenter de combler  le déficit de la sécurité sociale ne plait pas du tout au Collectif interassociatif sur la santé (CISS). Il est d’ailleurs (12 septembre) monté au front.

L’obligation de déclarer son médecin traitant a été motivée par la santé publique : la mesure consistait à être pénalisée dans le remboursement du spécialiste si on ne passait pas d’abord chez le médecin traitant. Cela allait dans un sens vertueux, rappelle le CISS, mais voilà maintenant que ceux qui ont déclaré leur médecin traitant pourraient  être pénalisés. Comment ? Par l’instauration d’une taxe qui permettrait de retenir 5 euros d’emblée (une fois par an) pris à l’occasion d’une consultation chez le médecin traitant. Le CISS y voit "des taxes comportementales… qui pèseront sur les budgets de ceux qui sont les moins favorisés et qui paient déjà un lourd tribut aux inégalités sociales de santé. Quel progrès !"

Sauver la sécurité sociale ?

Faut-il engranger davantage d’argent ou mieux gérer l’argent dont on dispose ? La Sécu est-elle en danger ? "C’est une nouvelle qui instruira de nombreux esprits : elle n’est pas en danger !", estime le CISS. "Dans sa branche maladie, elle pourrait se porter aisément mieux d’ailleurs. En effet, des enquêtes déclaratives et des études d’experts montrent qu’en France, comme dans de nombreux pays développés, nous gaspillons beaucoup d’argent. Ainsi, selon ces travaux, il n’y aurait pas moins de 30 % d’actes inutiles. Rien que sur la branche maladie cela fait près de 40 milliards d’euros, sans parler du coût de la iatrogénie [Les effets indésirables provoqués par les médicaments, ndlr]. A ce prix-là, nous pouvons largement éviter l’avalanche de taxes qui vient d’être annoncée. Evidemment, cela serait moins commode que de tondre l’assuré social, car il faudrait déranger les comportements et les positions acquises de ceux qui depuis tant d’années ont pris l’habitude de n’approcher les enjeux d’assurance maladie que sous l’angle comptable : taxer ou rationner sans jamais réorganiser".

Taxer pour quoi faire ?

"Taxer pour quoi faire ? A part rentrer de l’argent frais, nul n’en sait rien malgré l’engagement du Premier ministre à ce que soit définie une stratégie nationale de santé, digne d’un pays qui y consacre tout de même 12 % de son produit intérieur brut. Le Parlement n’en a pas été saisi. Autrement dit, on continue comme au bon vieux temps. On fait une loi de financement sans savoir pour quelle stratégie ni dans quel objectif", dénonce le Collectif. "Est-il utile de créer une nouvelle franchise de 5 euros, remboursée par les complémentaires (qui ne manqueront pas d’augmenter leurs tarifs) alors que la complémentaire est loin d’être généralisée comme l’a souhaité le président de la République ?  Si des taxes comportementales peuvent se justifier, pour quelle stratégie de promotion de la santé ? "A ces deux questions, il n’y a pas de réponse", note  le CISS. "Et si nous mettions d’abord la stratégie, et derrière les objectifs, et ensuite les outils, parmi lesquels figurent les taxes. Dans le bon ordre…"

Commentaires

Portrait de Muffin64

N'importe quoi...la santé devient bien un commerce. Vivement mes vieux jours! C'est désespérant 

Portrait de frabro

Je ne sais pas d'où sort cette info sur une nouvelle taxe dont personne n'a entendu parler, et je ne comprends rien à son focntionnement tel que dit dans l'article.

Par contre, je suis d'accord sur la nécessité de faire des économies de santé en luttant contre les gaspillages. Le nomadisme médical, les multiprescriptions, les examens inutiles répétés par exemple. Je vous invite à lire les recommandations du rapport Morlat sur la prise en charge des personnes vivant avec le vih qui, dans tous ses chapîtres, insiste sur la nécessité de faire entrer la reflexion sur les coûts dans le choix des examens pratiqués et de leur rythme tout comme dans le choix des traitements.

Sommes nous prêts à participer à l'effort, où une fois de plus allons nous demander l'effort aux autres sans y participer ?

Cessser de taxer à tort et à travers, tout le monde sera d'accord. Participer à la réduction des coûts de santé par la responsabilisation du "consommateur de soins", c'est une autre affaire...

Portrait de petitcanard

Cette taxe fait partie des mesures 2014 (augmentation des taxes des vins aromatisés et sucrés, boisons énergissantes, avec aspartame et édulcorant, taxe sur la cigarette electronique).

Le forfait de 5Euros payé une fois par an, pour ceux qui ont déclaré un medecin traitant et qui ont une mutuelle.

Portrait de IMIM

A quand la taxe sur l'air qu"on respire??????????????