Tous (im)patients !

Publié par jfl-seronet le 21.02.2013
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Droit et socialdémocratie sanitaire

La stratégie nationale de santé, défendue par le Premier ministre, doit aussi être "l’occasion d’un changement de méthode dans l’implication des usagers dans les décisions, individuelles ou collectives, qui les concernent : ouvrir ce chantier sans les associer à tous les niveaux serait mal commencer !", note le CISS. Un communiqué du Collectif détaille les arguments. Le voici.

"Après de longs mois d’attente, la stratégie nationale de santé annoncée par le Premier ministre dans son discours de politique générale en juillet 2012 semble se dessiner. On comprend qu’elle sera centrée sur une approche rénovée du parcours de soins des patients aujourd’hui exposés à l’absence de coordination entre les acteurs d’un système de santé éclaté, pensé pour les cas aigus, alors que nous vivons au temps des maladies chroniques. Nous savons tous que ces prises en charge rénovées ne seront possibles que si la fongibilité des enveloppes de financement est au rendez-vous. Cela semble enfin à l’ordre du jour", explique le CISS (Collectif interassociatif sur la santé).

Reste un problème. "Si rien n’est fait pour renforcer la participation des citoyens aux décisions de santé qui les concernent, nous aurons une réforme tout aussi technique que les précédentes. Il ne s’agit donc pas de promettre un parcours de soins mieux adapté aux attentes des patients et de leurs proches s’il reste toujours aussi illisible dans ses modalités ou dans sa tarification. Il ne s’agit donc pas non plus de continuer à tenir à l’écart des décisions les associations dont se sont dotés les usagers".

Information de l’usager et parcours de soins

"Nous ne pouvons nous satisfaire de la faiblesse actuelle de l’information de l’usager. Chaque jour qui passe amène son lot d’exemples où nos concitoyens n’ont pas choisi leur traitement, et plus généralement leurs soins, en toute connaissance de cause. Et cela fait maintenant une bonne décennie que l’on nous promet un portail d’information grand public censé répondre à cette attente. Rien n’est plus urgent. A condition qu’il ne s’agisse pas d’un porte-voix entaché du soupçon. Or, après tant de scandales sanitaires, l’information publique en santé ne peut être que le fait d’une autorité indépendante. La réorganisation annoncée des différentes agences de santé, toutes émettrices publiques d’information, devrait être l’occasion d’un changement d’échelle dans l’information des usagers. Il en va de la citoyenneté comme du parcours de soins, qui commence d’ailleurs par de l’information", explique le CISS.

L’open data en santé, au bénéfice de tous

"Les organisations non gouvernementales n’ont pas d’accès effectif aux données de santé "anonymisées". Alors que l’Open Data [information brute rendue publique, ndlr] progresse dans l’environnement, les transports et dans les collectivités locales, nous restons à la traîne dans le domaine de la santé alors que les enjeux sont colossaux : sécurité des soins, qualité des soins, prix de référence. Il nous arrive de voir nos propositions écartées, quand ce n’est pas moquées, au motif qu’elles ne s’appuient que sur des témoignages, même s’ils sont nombreux. Les pouvoirs publics doivent nous assurer les moyens d’une utilisation de ces données, pour mettre fin à cet entre-soi institutionnel de l’accès aux données publiques qui joue contre les citoyens et, plus globalement, contre l’organisation éclairée de notre système de santé".

Mobilisation citoyenne et démocratie sanitaire

"Si l’information et l’accès aux connaissances sont décisifs, le soutien à la mobilisation citoyenne est tout aussi essentiel. Or, depuis l’avènement de la loi du 4 mars 2002, nous assistons à un lent délitement des ambitions portées à l’époque. Si le modèle de la représentation des usagers est perfectible, il ne mérite pas d’être étouffé comme cela semble en mauvaise voie. Il s’agit d’un service public : celui de l’expression des attentes collectives en santé. À service public, financement public, d’autant qu’aucune association d’usagers ne dispose des ressources pour répondre à cet objectif. Il s’agit aussi d’une exigence démocratique au moment où tout montre, scandale sanitaire après scandale sanitaire, que le renforcement de la place des usagers dans les instances de santé est la seule voie pour changer d’ère. A charge pour le parlement de dessiner les contours de ce service public, tant dans son organisation que dans les formes qu’il convient de lui déléguer : représentation, participation, interpellation…"

Place et rôle des associations dans l’accompagnement

"Enfin, les associations de patients, notamment, attendent toujours la reconnaissance de leur rôle dans l’accompagnement des patients et des proches, explique le CISS. D’autant par exemple que le modèle français de l’éducation thérapeutique, contre toute attente, n’a pas décollé ; ou que les aidants ne bénéficient toujours pas du légitime soutien de leur intervention pourtant essentielle. C’est donc une autre voie qu’il convient d’emprunter. Des organisations locales, avec les associations de patients, voire conduites par elles, sont à concevoir pour accompagner les patients dans les parcours de santé et de soins qui sont au centre de la réforme promise". Pour le Collectif : "La stratégie nationale de santé doit aussi être l’occasion d’un changement de méthode dans l’implication des usagers dans les décisions, individuelles ou collectives, qui les concernent : ouvrir ce chantier sans les associer à tous les niveaux serait mal commencer !"

Commentaires

Portrait de ouhlala

Voilà que ça leur reprend.

L'implication des représentants des usagers !

Représentants non élus mais au mieux désignés par le préfet pour siéger dans les caf, les cram, les corevih etc. Choisis parmi les incontournables et ceux qui font le plus de bruit et notamment :

-les unaf, uraf, udaf, union des associations familiales à tous les niveaux (avec un président à chaque strate, comme chez aides mdr) issus de la deuxième guerre et reliés historiquement à la résistance. Autant dire que le lobby familial, qui coûte une fortune, qui ne fait guère qu'un peu d'informations et que personne ne connait, est encore là pour longtemps.

-les assos de consommateurs, en gueguerre les unes contre les autres pour tirer le maximum de couverture à soi, là aussi un sacré repaire de carrières de secours, comme on dit en socio des associations, mais de vrais chieurs dont on sait combien ils peuvent être efficaces (le médiator, l'amiante, le cheval dans les lasagnes et tout le reste : eh bien non, ce ne sont pas eux qui ont levé les lièvres, à quoi ils servent bonne question, à sièger,  à exister... et à nous représenter)

-les assos de santé, parfois dites assos de patients ou de malades. Ca va de la grosse assos comme aides (à qui il arrive parfois de se prétendre syndicat de malades rien que ça) dont chacun sait à quel point les objectifs sont en phase avec les besoins et attentes des seropos. A la toute petite asso pilotée par un porteur de maladie rare.

C'est tout ce petit monde qui compose le CISS et nous représente à droite et à gauche.

Pour avoir été président d'une asso qui a participé à la création d'un CISS régional, je connais assez bien le problème. Qui fait vivre la démocratie sanitaire à la française ? 1) quelques malades et retraités qui s'ennuient et veulent se rendre utiles, population qui connait "naturellement" un fort turn-over 2) quelques militants (allez ça leur fait plaisir) mégalomanes là pour toujours et à la recherche de toujours plus de reconnaissance et de mise en scène d'eux-mêmes 3) les salariès des assos en question (les plus nombreux à siéger "physiquement", disponibles, missionnables, et militants puisque ça leur fait aussi plaisir...) dont le but et d'ailleurs la mission c'est toujours plus de légitimité et de moyens.

Donc beaucoup de belles paroles mais surtout en janvier-février, au moment des arbitrages et des décisions de subventions. Ce qui explique l'agitation (et la mauvaise foi) du CISS en ce moment.

http://www.seronet.info/article/sante-liberez-nos-donnees-59121

http://www.seronet.info/article/strategie-nationale-de-sante-avec-les-us...