Vanité, quand tu nous tiens !

Publié par pascale-seronet le 03.09.2010
1 956 lectures
Notez l'article : 
0
 
expoculture
Vanité : déb. XIIème siècle, du latin vanitas. Caractère de ce qui est vain, frivole, insignifiant ; chose futile, illusoire. « Vanité des vanités, et tout n’est que vanité » (Bible) (source : Le Petit Robert). C'est autour de ce concept que se déroule la passionnante exposition "Vanité – Mort, que me veux-tu ?" à la Fondation Pierre Bergé/Yves Saint Laurent. Romuald vous fait la visite.
tauromachie_TL.jpg

Août 2010 : inondations pakistanaises, tempêtes caribéennes, ensevelissements chiliens et incendies russes. L’eau, l’air, la terre et le feu ne nous font pas de cadeaux ces derniers temps. Enfin, c’est ce qu’on se dit. Et n’oublions pas notre amie la crise économique. Depuis un certain 11 Septembre, le monde vit dans une atmosphère millénariste. Peur de tout, peur des autres.
Et en matière d’art actuel, cela se traduit notamment par le thème de la vanité, du crâne quoi ! De la mort aussi. Créer une œuvre avec un crâne, ça fait tellement moderne. Mais comme souvent, ce n’est pas nouveau, et c’est ce que nous montre l’exposition qui se tient à la Fondation Pierre Bergé/Yves Saint Laurent. En effet, on y croise des œuvres autour de la vanité et qui datent pour les plus anciennes du XVIIe siècle. A titre personnel, les œuvres les plus contemporaines sont celles qui m’ont le plus "parlé" comme on dit. La très belle et simple vanité de Philippe de Champaigne qui ouvre l’expo est forte, mais l’une des trois photos d’Andres Serrano et l’installation vidéo de Dieter Appelt résonnent encore plus fort pour moi. Ce sont ces œuvres dont je vais vous parler ici. Il y a d’abord ce nouveau rendez-vous avec la morgue (dans les deux sens du terme) de Serrano. J’avais découvert ce photographe lors d’une expo chez à la galerie parisienne Yvon Lambert où était présentée sa série de photos prises dans une morgue. Trois photos de grand format sont proposées, et la légende se résume à la cause de la mort. Une fillette a été abusée. Un homme, dont on ne sait pas de quoi il est mort, a le visage en partie caché par un drap blanc ; il a du être beau et l’est encore, si ce n’était cette couture grossière qui lui part de la pomme d’Adam jusqu’au menton. La mort peut être belle, et cette idée m’effraie.
Et il y a Dieter Appelt. Une photo et une vidéo. La vidéo surtout. Pas explicable en fait. Pour finir cette petite expo (quelques salles, mais avec des œuvres soigneusement choisies), direction la boutique de la Fondation, histoire de découvrir une autre forme de vanité. A côté des inévitables livres et affiches, vous trouverez un badge avec le fameux logo YSL dessiné par Cassandre ou bien encore une carte postale avec Catherine Deneuve en smoking aux côtés de Saint Laurent.

"Vanité – Mort, que me veux-tu ?" à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, jusqu’au 19 septembre, avenue Marceau à Paris (VIIIème arrdt).
Illustration : Toulouse-Lautrec, La Tauromachie, 1894