1983

Publié par pozguy le 26.10.2008
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J'ai eu des experiences sexuelles assez jeune, je devais avoir 13 ans quand pour la première fois j'ai embrassé un garçon et que j'ai decouvert la concrétisation de mon désir, mais je n'ai pu entamer une relation sereinement avec un gay qu'à l'âge de 28 ans.

Certes si l'éduaction reçue de mes parents ne m'avait pas facilité la tâche, ce sont bien des actes de violences sexuelles (à 14 ans un viol collectif commis par des camarades de classes) dont j'ai été victime quelques semaines apres cette rencontre initiatique qui m'ont conduit à rendre invisible cette part de moi-même. 

J'ai construit mon identité sur ces bases : j'ai un look tres hétéro qui n'est pas sans séduire certains gays - ça n'a pas que des inconvénients. Ce qui ne m' a pas empèchés d'avoir des activités militantes dès que j'ai pu m'affranchir du regard de ma famille. J'ai par exemple participé aux premières gaypride, place de la république : 100 peut etre 150 pédés hurlant "papa, maman ton fils est un pédé ta fille est une lesbienne" entourés par 500 CRS hilares.

En 1983 j'ai 28 ans : je suis un lecteur assidu de gaypied que j'achète chez mon libraire et que j'embarque sous le bras refusant le sachet qui aurait pu rendre  cet achat discret. 1983 c'est l'année au cours de laquelle j'achève des études et qui voit ma rencontre avec Frantz. Nous nous sommes rencontrés à une exposition canine internationale organisée à la Porte de Versailles. Un ami commun nous a présenté. Frantz est berlinois il est venu avce 2 chiens, de magnifiques lévriers afghan gris. Dans les semaines qui suivent il doit concourrir à nouveau en France mais à Toulouse cette fois. J'accepte d'héberger ces 2 chiens à mon domicile pour eviter le stress des voyages répétés.

Il se noue une relation entre Frantz et moi, d'abord par téléphone, puis par correspondance. A la suite de ces concours Frantz et ses chiens rejoignent la Prusse. Je ne mettrais pas longtemps à lui rendre visite et tres vite il me propose de m'installer à Berlin. Nous vivons 6 mois de bonheur... mais je dois décider soit de rentrer en France et de passer mes epreuves de fin d'études soit de m'engager dans l'aventure... 

Je décide finalement de rentrer pour boucler ma formation et envisage de revenir à Berlin apres.

Je ne savais pas en partant que je ne reverrais plus Frantz... si nous nous téléphonions fréquemment, ces appels ont fini par s'espacer mes appels restaient de plus en plus souvent sans réponse. J' ai appris un jour, plusieurs mois après son décès qu'il avait été hospitalisé dans un état grave.

J'ai compris presque instanément de quoi il était décédé et ce qu'involontairement il m'avait transmis.

En 1883 les informations étaient peu rassurantes : on donnait 3 mois d'esperance de vie... J'ai attendu 1987, l'annonce d'un debut de traitement à l'AZT, pour réaliser un test de dépistage, voilà 21 ans et je suis toujours en vie.