Bilan & Traces

Publié par balwin le 28.12.2011
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Quand l'on fait le bilan de quelques années passées sur le net, on se dit que l'on doit y être fort bien puisqu'il engendre une forte dépendance.

On se dit aussi, à l'occasion d'un sombre orage, puis d'un second, que les hommes sont partout des hommes et que la virtualité est souvent un espace où l'on règle ses comptes avec les autres à défaut d'avoir assez de cran pour les régler avec soi-même.

L'alcoolique notoire se fait passer pour une sorte victime ou premier de la classe aux yeux d'une instance féminine; d'autres en appellent à une instance pour expulser, puis bannir...

Ma foi, pourquoi pas ? Les hommes sont des hommes, la mise au ban un concept fort ancien et bien ancré.

On y rencontre des gens très bien pour peu que l'on ait gardé en soi de la naïveté ou de la candeur. On y rencontre même des gens prêts à vous aider, voire à vous aimer !

Et à vous aimer sans l'ombre d'un critère - et encore moins un critère sélectif ! Bon, il s'avère ensuite qu'il faut être assez résistant pour ne pas céder au petit gift - traduisez : pas trop en manque pour ne pas accepter de pourrir davantage votre formule sanguine, car c'est souvent à ce prix que l'on obtiendra un bras, deux peut-être.

Sinon, à l'exception de ceux qui sont vraiment handicapés et pour qui un espace virtuel est nécessaire, indispensable et pertinent, il semble que tout soit fait pour que les êtres ne se rencontrent jamais, ne prennent surtout pas ce risque. Somme toute, une espèce de sauna gay où l'on ne se toucherait pas même le temps d'arriver à une grande frustration. 

Cela reste pertinent, me direz-vous, que d'éviter la frustration post-coïtum !

Le bilan est donc plutôt satisfaisant si l'on a l'art de manipuler le sophisme, ou l'art de manipuler tout court. Après tout, qu'y-a-t-il de mal à séduire ? Le mot ne se rappelle pas à son usager dans sa gravité étymologique : cela est bien connu que rien ne laisse de trace, sinon le vih !

Cependant, s'est proposée le temps d'un moment, vite abrégé par des hommes de raison, l'idée d'explorer le vih comme la cristallisation d'un vieux phantasme: cette drôle d'idée qui consiste à dire que la trace de l'autre en soi, en tant que mortifère, précède et survit à la contamination. C'était une drôle d'idée sans doute puisque l'on n'en trouve... trace que chez Sillanpää quand Hiltu confond le calice et la vie, chez bien d'autres auteurs, certes, mais qui ne doivent plus valoir la peine d'être lus puisque c'est là une "drôle d'idée". Que, qui plus est, le psychanalyste s'en mêle, partant, s'emmêle forcément, mais que l'on bannisse cette idée impure ! Pire, qui dit psychanalyse, dit linguisterie, terme qui est au demeurant un néologisme lacanien, un dit sur des dires révoqués... Allez comprendre les hommes !

Non, soyons raisonnables et laissons tous ces aspects de côté, il est bien d'autres priorités que cette volonté d'aller chercher la petite bête !

Il y a cependant un hic : l'aspect fait partie de notre koinè et nous ne saurions communiquer sans cette main-mise sur la langue, aurait-on à disposition un bestiaire d'émoticones, bientôt une métalangue, à tout le moins une glose de type TristeMécontentEmbarrassé et une glose si complexe qu'elle en deviendrait une sorte de token réflexif (PTDR) et nous obligerait à un dictionnaire (pfffff), sinon à un nouveau recours aux oubliés du discours (lol).

Bien-sûr qu'il faut dépasser le signe saussurien et l'envisager sous d'autres angles, voire songer à d'autres êpistemê, mais faut-il que cela soit au prix de ne se plus comprendre ? Au prix d'oublier plus que de ne s'oublier ?

Si il est bon de s'oublier, si l'on est assez robuste pour solidariser autrement signifiant et signifié, le signe et la chose, l'est-il d'oublier et de perdre totalement de vue la solidarité qui nous attache à ceux qui nous ont précédés et permis qu'un tel espace aujourd'hui existe ?

Mais, voilà qu'il parle de lien ! Que ce mot est laid, comme il fait écho à ceux-là de son paradigme comme "l'aliénation" ! L'horrible chose que de s'inscrire dans une continuité, d'accepter une filiation et un langage qui nous fût commun ! Est-il fou ? Sûrement le °Sustiva l'aura-t-il rendu fou.

Et sûrement l'auteur de ces quelques lignes l'est-il. Du reste, il n'est point un auteur et ne se pique que d'être arrivé enfin à ce stade que l'on prend conscience que l'on ne sait rien, si il se pique de qc. "Tout littérateur qui connaît son métier se garde bien d'aborder ces choses /.../ " écrivait, en substance, une certaine académicienne.

Cet homme, déjà trop vieux pour satisfaire, pas assez pour abandonner tout espoir, aura l'arrogance de ne point terminer en laissant la parole à la Grande Dame et finira en disant qu'il a aimé des yeux qui furent verts, d'autres très sombres, des visages enluminés, et qu'à Marseille, il alluma un cierge, en Notre Dame de la Garde, il est de cela une année, pour qu'un professeur aimé de ses amis qui s'en était allé fût une dernière fois cette lumière vacillante, ce regard sur ce que d'aucuns appellent "la vie".   

Il semble désormais nécessaire de laisser la place à ces oubliés du discours qui sont cependant à l'origine de notre propre discours et auxquels attacher foi ne constitue pas un désaveu d'une liberté mal définie. 

   

Commentaires

Portrait de into the wild

assez sombre!(on est en periode de bilan)

une trace:

oui une inquietude par rapport a la trace que l'on va laisser apres notre passage sur cette terre

d'où ce besoin génétique de se reproduire...

parfois on lit,on reflechit et on spleen 

il faut pour vivre ce que l'on vit: