Et l'amour, Baudelaire !

Publié par Ferdy le 18.02.2010
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Hier, j'ai écrit à propos de sexe et d'une recherche de couveuses, je tiens à préciser que ces deux sujets étaient totalement indépendants, distincts et sans lien direct ou indirect;

même temps pourri ce matin (fin du bulletin météo);

aujourd'hui, si j'étais une pièce, dans une habitation quelconque, je serais une cuisine, avec son four, ses ustensiles, son piano, son carrelage provençal, ses provisions, l'ail en tresse, les cèpes qui sècheraient au-dessus du four à bois, la petite fenêtre offrirait un paysage banal, champêtre et doux, comme on en voit encore sur certaines cartes postales ou dans l'almanach des postes, il y aurait un chat et un chien (j'ai choisi la marque du chien : ce sera un jack russel), le chat, quant à lui, sera un croisement local, noir de préférence, mais cela peut encore se négocier ;

si j'étais une cuisine, je commencerais, dès l'aube à roucouler de plaisir, mijotant par ci, épluchant par là, tout occupé à faire lever la pâte destinée à un pâté en croûte, on y débiterait de la volaille, des lapins (je sais que c'est un sort cruel pour nos amis aux grandes oreilles), on y recevrait des produits locaux, poissons, crustacés, légumes de toute sorte, fruits de saison, fromages odorants, capiteux, légers ; on y ferait aussi le pain et la brioche, les madeleines et les tartes, aussi quelques gâteaux ; la pâte feuilletée, c'est assez délicat à confectionner, il faut multiplier les couches, les travailler sans trop les brusquer, tout, dans la cuisine impose le respect des aliments, on s'emploierait à en exalter les saveurs ; la température y serait bien entendu idéale, ni trop élevée, ni mesquine ; 

on s'inspirerait des recettes de Grimod de La Reynière, Michel Guérard, des Troisgros ou de Guy Savoy, aussi de Paul Bocuse et de Brillat-Savarin ; les recettes seraient affichées sur un tableau métalique (petite concession faite à la modernité, au même titre que les mixers et autres engins bruyants); 

sans prétendre au festin (de bébête), il y règnerait une activité paisible, plongée dans un flôt d'odeurs et de bruits suggestifs, comme, par exemple, lorsqu'on fait revenir une viande dans un peu d'huile gavée d'oignons et de lard fumé ;

si j'étais une cuisine, j'aurais près de moi un petit espace réservé aux herbes aromatiques, sauge, thym, laurier, persil, coriandre, menthe, estragon, etc.

mais quand, au final, tout sera prêt, je serai une nouvelle fois seul à table.