Et, pendant ce temps là...

Publié par Ferdy le 13.04.2011
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C'est sûr que ce n'est pas avec un titre de gazette à l'eau de rose que ce blog recevra un record de visites. J'aurais pu ou dû annoncer un drame sentimental (il m'a quitté pour ma meilleure amie), une possible pratique sexuelle rare ou déviante (uro et fier de l'être), une provocation à fleuret moucheté (je fais quoi je veux), un appel désespéré (la solitude en milieu rural), un combat perdu (comment j'ai arrêté de fumer, pourquoi j'ai repris), enfin, je ne sais pas, des sujets dans l'air du temps, ça ne manque pa.

Pendant ce temps-là, c'est la seule idée qui s'est imposée à moi ce matin, après avoir englouti le pain au chocolat sorti du four, et la tasse de Ricoré comme on en voit à la tv, fumante, prometteuse, presque sensuelle et naïve dans sa joie de vivre, entouré d'une famille heureuse réunie dans une résidence secondaire à l'allure rustique, comme les tranches d'un pain de campagne recouvertes d'une fine couche de confiture d'abricot, sous les regards attendrissants d'enfants encore ennuagés de sommeil.

Pourtant, c'est dans la plus exquise solitude encore que je me suis levé à 6:00, comme chaque matin, avec cet appétit d'adolescent boutonneux. Les news sur inter reprenaient celles déjà entendues la veille, sans grand changement.

Ce manque d'imagination des médias !

Et, hop, c'était reparti sur la mini réforme de l'ISF, le niveau 7 attribué à Fukushima, annoncé comme un score sportif, à égalité avec l'équipe des amateurs de Tchernobyl, un peu de Côte d'Ivoire qui pourra bientôt enterrer ses morts et reprendre l'exportation de son cacao, de la Libye où le méchant colonel commence à nous gonfler avec ses caprices de diva, un Moubarak en soins intensifs (c'est bizarre comme les tyrans se découvrent des maladies cardiaques dès lors qu'on essaie de les interroger), une page de météo (fait beau), quelques embouteillages mais tellement loin de chez moi... j'oubliais l'annonce tant attendue de l'animateur volant, Nicolas Hulot que je vois aussi bien à l'Elysée que les frères Bogdanof recevant le prix Nobel, enfin, une journée comme les autres, avec son lot d'informations vite recyclées, digérées, expulsées.

Et, pendant ce temps-là... je relis un court extrait du Livre II, § XIII, des Essais de Montaigne : Emori nolo, sed me esse mortuum nihili oestimo [je ne veux pas mourir, mais il m'est égal d'être mort.] (vers d'Epicharme, cité par Cicéron.) Cette définition me paraît, à chaque relecture, d'une profondeur quasi mystique, inaltérable. 

J'ai aussi quelques raisons très ordinaires de me réjouir de cette belle journée qui s'annonce, j'irai faire un tour en ville, j'achèterai le Canard, et après un petit shopping à vocation thérapeutique (pharmacie, levure de bière et autres menus achats sans intérêt), je passerai voir un ami qui m'a annoncé hier avoir un catalogue de Marc Rothko dont il me fait cadeau. Rothko est sans aucun doute l'un des peintres qui me parle le mieux du visible et de l'invisible.

Ah! que la vie est belle... parfois, elle éblouit, comme un battement d'ailes, oiseau de paradis (Brigitte, tu exagères !)

Have a nice day,

Ph.

Commentaires

Portrait de Ferdy

Depuis que nous nous étions rencontrés tout allait pour le mieux entre A. et moi, bien qu'il fût plus âgé que moi et que sa mère me détestait.

Il m'emmenait parfois faire un tour dans son auto qui sentait le chien humide et le vieux mégot, nous allions parfois juqu'au bois de Vincennes. Là, il s'arrêtait dans un sentier boueux et me sautait sur la banquette arrière, comme s'il ne m'avait jamais vu.

Ce petit jeu en soi était loin d'être désagréable et ces promenades forestières, en toute saison, auraient pu perdurer des milliers d'années encore, s'il ne s'était entiché un jour, passant devant je ne sais quelle vitrine tapageuse spécialisée dans la vente et les réparations de matériel déformatique, entiché donc d'un MacBook de dernière génération qui faisait dépareillé dans notre deux pièces sans chauffage du côté de Havre-Caumartin.

Nous avions toujours élevé un couple de PC portable qui s'entendait à merveille. J'aurais dû m'inquiéter dès son entrée, avec son machin entre les bras, je ne parle pas de son sexe dont nous ne retrouverons plus traces dans ce récit, à partir de cet instant funeste A. était tombé amoureux de ce Mac. Il vendit deux jours après son Acer portable, ne jura que pour les avantages de son MacBook qui était beau, qui savait tout faire et qui plantait jamais.

De ce jour, nous fîmes chambre à part, c'est-à-dire moi dans la chambre exiguë, lui dans le living.

Il ne fut plus question de tours coquins dans le bois de Boulogne, il avait décidé de reprendre Son roman, bref, il avait besoin d'être seul, de prendre le large, enfin, de me plaquer quoi. Lui aussi.

J'ai déposé une petite annonce sur Seronet : mec idéal et charmant ch n'importe qui, plutôt un homme entre 25 et 75 ans (équipé PC), pour promenades dans le bois de Boulogne.

Comprenne qui pourra.

Portrait de serosud

...encore un day lisse.

Have an ice day

Bises..

Portrait de Mistigri

moque-t'on ?
Portrait de Ferdy

Je lis la fiche : " De ki smokton ?".

Alors, nous avons auprès de nous, autour de cette table : un panel de consommateurs, un expert en traitement des déchets, un psychiatre, plusieurs linguistes, un agent de police, et Mme Lina, voyante.

Qui veut répondre ?

Dr. Poulechinsky, je vous en prie, nous vous écoutons.

- Il convient tout d'abord, selon moi, de porter une attention toute particulière à la formulation de la question de notre auditeur. Retranscrite en langage courant "de qui se moque-t-on ?" sous-entend : je me suis senti floué par ce que j'ai découvert, en d'autres termes : j'ai autre chose à faire, et je tiens à exprimer mon exaspération. Le "on", vecteur anonyme d'une coalition hostile, suppose une intention préalable de nuisance, en l'affirmant à l'antenne, notre auditeur manifeste son malaise qui peut aller jusqu'au sentiment d'avoir été trahi par le titre aguicheur, il était en droit d'attendre un drame véritable, comme on en voit au cinéma, avec ses portes qui claquent, les crises de larmes, la vaisselle cassée et le départ de l'être aimé. Or, le ridicule, voire même l'absurdité du postulat de ce récit semble vouloir rouler le témoin égaré dans la farine. 

- Cependant, rien ne l'y obligeait, intervient Sylvie, diététicienne à Clermont-Ferrand. 

- Bien entendu, mais le mal est fait, à l'ouverture du blog, il y a tromperie sur la marchandise.

- En quoi cela peut-il contrarier notre auditeur ?

- Je l'ignore. S'est-il senti particulièrement visé par cette micro-fiction qui ne tient pas la route ? Vous savez l'attente déçue peut être à l'origine d'une frustration amère.

- Merci Dr. nous devons rendre l'antenne. N'hésitez pas à laisser vos messages sur notre site : lesarnaquesdunet.com/fonddetiroirs