Et toujours Rainer Maria Rilke !

Publié par Osmin le 08.03.2009
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 < ! Il fut baptisé René (Rainer vint plus tard) comme mon père. Mon père qui, de poésies, ne connut que celles vite apprises et aussitôt oubliées sur les bancs de l'école. Ce qui ne l'empêcha point d'être un grand poête jardinier. Dans son potager tiré au cordeau Il cultiva l'octosyllabe de salades, le décasyllabe de poireaux et surtout l'alexandrin de pommes de terre.>

Il en acquit une telle réputation dans toute la région au point que l'on est en droit de se demander ce qui fit le plus de bien aux malades en cure à Châtel-Guyon de l'eau ferrugineuse ou des pommes de terre biologiquement cultivées par mon père. Car les chefs des cuisines des plus grands hôtels s'arrachaient les productions de mon père. Cela se passait il y a un demi- siècle, le bio n'était pas une mode et les légumes qui me virent grandir alors que je les regardais pousser avaient un autre goût que ceux d'aujourd'hui.

IEt moi le bailleur à la lune, incapable de suivre les sillons paternels je me réfugiais dans les livres volés et les musiques enmicrosillonées des 33 tours de la Guilde. C'est ainsi qu'au son de la Pathétique de Beethoven je découvris peu à peu le poète de la renaissance René Maria Rilke.Sa devise : Patior ut potiar. (L'endurance mène à la maîtrise)

Pour le présent, je nourris une aspiration ardente à la lumière,

pour l'avenir un espoir et une crainte.

Espoir : paix intérieure et bonheur de créer.

Crainte : (hérédité nerveuse chargée) FOLIE !

 

Me revient en mémoire en particulier :

 

LA PANTHERE

(Au jardin des Plantes à Paris)

 

Derrière les barreaux qui défilent, son oeil 

est devenu si las, qu'il ne fixe plus rien;

Pour elle il n'y a plus que des barreaux sans fin,

derrière ces barreaux il n'y a plus de monde.

 

Elle va souple et forte en démarche féline,

tournoiement qui se meut en un espace infime,

comme la danse d'une force autour d'un centre

où se loge engourdi un immense vouloir.

 

Il arrive parfois que sans bruit, la pupille

relève son écran -- Une image y pénètre,

traverse l'arc tendu, silencieux, des membres,

et s'arrête de vivre en parvenant au coeur.

 

(Extrait des Nouveaux Poèmes- La Pléiade) 

 

Une image y pénètre :