Historiette

Publié par JIPETTE le 12.06.2012
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LES AVENTURES D’UN GRANDAS

Pierre OMRI

~O~

Un échalas me conte une de ses aventures
.

                                                                     ~O~

Des mouches collantes me harcèlent. Elles se fourrent dans tous les trous : narines, oreilles, même sous les ongles. Après avoir slalomé entre une quantité invraisemblable de crottes des chiens-chiens à ses mémères, dits lèche-cramouille, je me décide à boire une … bonne bière tiédasse. Le thé à la menthe brûlant est désaltérant à Djema el Fnaa. Dans ces contrées la bière pipi est franchement imbuvable. Quoique certains uro s’en régaleraient.

Comme d’habitude ne sachant où traîner mes os je m’assieds à une table d’une gargote prétentieusement qualifiée de guinguette, sur une promenade dite des Barques. Un échalas disgracieux, ressemblant plus à un légionnaire qu’à un serveur me sert la boisson.

Un second serveur s’impose, nous sommes dans le midi, pour servir trois pèlerins désœuvrés. Ce minet minaude et fait sa belle. Désespérant.

                                                                    ~O~

Un couple de vieilles copines équipées de caniches me saluent d’un tonitruant et grandiloquent : “Jour Madame…Jour Messieurs”

 

La denrée à l’oreillette La denrée, édentée, bave. L’emperruquée a manifestement une oreillette d’abricot bloquée dans le gosier. Elle se débat, crache, tousse et finit par éjecter l’intrus dans la coupe. Bonjour l’ambiance.  Les octogénaires dégénérées alignent litotes sur litotes.

Je regagne mes pénates, me désape et m’allonge sur le pucier, le ventilo entre les jambes. Zézette en pète d’aise

. Je me refuse donc à l’astiquer, ma veuve poignet est sous l’oreiller. Elle se démerde en solitaire et me fait son 14 juillet. Les draps ne sont plus immaculés mais amidonnés. Je plonge dans les bras de Morphée.

                                                                      ~O~

Un maghrépine à sac à main ! 22 heures, la gorge sèche et pâteuse, j’émerge. Je remonte la rue dite Droite, mais particulièrement tortueuse vu mon état, pour acheter un chich-kébab ces sandwichs turcs faits avec des raclures de viandes. C’est gros, c’est gras, c’est pas cher. C’est presque aussi dégueu qu’un Mac Do. Soudain, tel une flèche déboule un lascar avec un sac à main virevoltant à son poignet. Un maghrébin rieur avec un sac de gonzesse, insolite.

Derrière lui une vieille gesticule en brandissant sa canne avec la velléité de s’en servir mais le morveux cavale comme une gazelle. Mon sang ne fait qu’un tour. Croc en jambe…au troisième âge. Vlan, la vioque dans le caniveau. Mon geste fut machinal. Le voleur se retourne, me fais un doigt d'honneur (quelle horreur), puis disparaît. Les traditions se perdent, même les vieilles se mettent à l’homophobie. Je les salue, fourre Mikou dans mon sac d’homme.

Retour à ma mienne maison. J’achète deux chocolatines au boulanger du quartier et Libé au berbère de kiosquier.