Homosexualité et Religion

Publié par manulyon le 15.10.2016
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Demain aura encore une démonstration de la haine homophobe dans les rues de Paris. La manif pour tous qui refuse d'admettre que la bataille est perdue défilera encore et encore en faisant croire que le sacro saint modèle papa maman enfant est indépassable.

Je voudrais m'adresser plus spécifiquement à ceux qui citent la Bible pour justifier leur homophobie :

La Bible n'en parle pas de l'homosexualité ce mot n'existe pas dans la Bible, le terme à été inventé récemment en plus dans l'histoire, on à juste mis un mot sur une réalité.

Lévitique 18:21-2321 Tu ne livreras pas l’un de tes enfants pour les sacrifices à Molok, car tu ne déshonoreras pas ton Dieu. Je suis l’Eternel. 22 Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme ; c’est une abomination. 23 Tu n’auras pas de rapports sexuels avec une bête pour te rendre impur avec elle. Une femme n’ira pas s’accoupler avec un animal ; c’est une dépravation.

Si on examine le passage dans son contexte, tenant compte à la fois de ce qui le précède et le suit immédiatement, on remarque que l’interdiction dans le Lévitique 18:22, contre les rapports sexuels avec une prostitué sacré, est coincée entre deux autre rituels interdits : l'un dans le verset 21 contre le sacrifice des enfants au dieu cananéen Molok, et l'autre dans le verset 23 contre les rapports sexuels entre femmes et animaux. Les deux rituels illustrés étaient pratiqués par les Cananéens et par les Égyptiens dans leurs cultes de fécondité. Pourquoi les femmes avaient-elles des rapports sexuels avec des animaux ? Le croyance de l’époque était que cela aussi augmenterait leur fécondité. Dans le New Bible Commentary Christopher Wright affirme le suivant par rapport au Lévitique 18 : La pénétration anale entre hommes, et l’accouplement mâle et femelle avec des animaux, faisaient tous partie de la culte païenne à l’Egypte, en Canaan et ailleurs.

Si nous nous abstenons donc d’arracher le passage de son contexte et lisons plutôt le passage dans son contexte, on commence à voir que le Code de Sainteté du Lévitique interdit ces actes pour des raisons religieuses, non pour des raisons sexuelles. La préoccupation est de maintenir la distinction entre Israël et ses voisins idolâtres. L’alliance de Dieu avec son peuple requérait que les Israélites adorent Yahvé seul, pas d’autres dieux. Si on considère les Israélites comme liés à Dieu dans une exclusive relation d’alliance, on peut donc dire que les Israélites commettent l’adultère (ou "vont se prostituer") chaque fois qu’ils comptent sur d’autres pouvoirs et non sur Yahvé pour les fournir de la nourriture, du confort ou de la protection. "Aller se prostituer", comme l’expression est typiquement traduit, est devenu un idiome commun pour l’adoration d’autres dieux par Israël. Partout dans les Ecritures hébraïques, on trouve qu’Israël fréquentait encore et encore les lieux consacrés à l’adoration des idoles. "Sur toute haute colline et sous tout arbre vert, toi, tu es allongée tout comme une prostituée" dit Dieu par le prophète Jérémie. (Jér 2:20) Encore et encore, on voit que les Israélites n’ont pas seulement adopté les façons cananéennes d’adorer les idoles et les faux dieux païens, mais sont constamment retombés dans ces pratiques.

Si nous ne comprenons pas que l’époque biblique était une époque où il était très fréquent que les hommes ont les rapports sexuels avec les prostitués sacrés (mâles) pour promouvoir et assurer la fécondité, nous passerons complètement à côté du point principal de la condamnation biblique, interprétant mal des versets comme le Lévitique 18:22, pour interdire tout comportement homosexuel. Comme l’a si bien dit F. F. Bruce, érudit biblique et pionnier de la compréhension moderne de la Bible :Il ne suffit pas de dire "comme le dit la Bible" sans considérer en même temps à qui la Bible s'adresse, et dans quelles circonstances.

L’ABOMINATION
Quant à l’affirmation que l’homosexualité est une abomination, il faut noter que le terme abomination est très mal comprise. Le mot hébraïque ‘toevah’ (traduit en français comme "abomination") fonctionne d’une façon précise dans le littérature sacerdotal. En générale, cela veut dire une pratique qui est inadmissible parce qu’elle faisait partie des pratiques cultuelles des religions païennes qui entouraient le peuple de Dieu. C'est peut-être une chose inoffensive en soi, mais afin de protéger les fidèles d’Israël, même des pratiques innocentes étaient interdites. Il peut aussi s’agir de quelque chose d’intrinsèquement maléfique. Mais l’essentiel, c’est que cela fasse partie de la pratique cultuelle des religions païennes. Rappelez-vous-en la prochaine fois que quelqu’un vous dit que ceci ou cela est une abomination pour Dieu. Une "abomination" (toevah) est une pratique cultuelle païenne souvent utilisée pour augmenter la fécondité.Pour comprendre la Bible il faut faire de l'exégèse, beaucoup ne font que citer des passages avec un avis orienté et sans aucune nuance et font sembler d'ignorer les époques. Il faut situer les textes dans leurs époques pour en comprendre le sens.

Le problème, aujourd’hui, vient d’une confusion dans la concordance à trouver entre une vision religieuse fausse de la sexualité, plus spécifiquement d’un type de cette sexualité, et des composantes de la personnalité, notamment la masculinité dans une société devenue hétéro-machiste. Actuellement, cette confusion réside dans la nécessité de revoir nos conceptions premières du sens de la virilité, de ses formes, et de celui de la féminité, ses spécificités, et ce en dehors de la fonction sexuelle des deux et sans avoir à inclure abusivement la religion dans des affaires qu’elle a été la première à libérer des liens des habitudes désuètes.

Si vous arrivez à reconnaître votre prochain tel qu’il est, dans son humanité ainsi qu’elle se décline en lui, l’acceptant dans la manifestation majeure de sa nature humaine, et y croyant effectivement, vous réussirez fatalement à dépasser ce que l’homosensualité ou l’homosexualité suscite en vous hétérosexuels,d’appréhensions. Vous serez alors en mesure de réaliser un saut qualitatif en matière de respect d’autrui, quels que soient les penchants intimes, dans le total respect de son être, sa pensée, ses actions et son comportement