Itinéraire d'une vie perdue

Publié par lupi00 le 18.11.2011
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 La mort, c'est bizarre mais depuis l'avoir fleurtée de si près, elle ne me fait plus peur. Je m'explique. Durant toute l'année 2010, je sentais mon tonus diminué petit à petit au fil des mois. Je mettais ça sur mon taff qui était prenant. Arrivé en été 2010, je me sentais de plus en plus faible et j'avais du mal à ne pas le faire voir à toute la famille vu que l'on était parti tous ensemble. Tout le monde trouvait bizarre que je me couche dès 21h30-22h alors que je suis plutôt de nature à veiller la nuit. Octobre 2010, mon copain me quitte après 2 ans de relation. Je suis effondré, premier vrai grand chagrin d'amour. J'ai de plus en plus de mal à rester éveillé en journée et j'ai toujours froid mais je mets ça sur le compte de ma rupture. Fin janvier 2011, mes parents sont alarmés car je ne tiens presque plus debout, ils trouvaient même miraculeux que j'arrive à me lever chaque matin mais chaque soir après le taff, je m'écroulais sur mon lit et dormais près de 12h par nuit sans jamais me sentir reposé... 12/02/11 après un forcing du médecin, je vais faire un bilan sanguin. J'ai deux ordonnances dans la main : l'une pour un bilan complet, la seconde pour un bilan hiv et compagnie. Jusqu'à la dernière seconde, j'ai hésité à ranger la seconde dans ma poche. Erreur ou pas, je ne sais pas. 14/02/11 (sympa la date), mon médecin traitant m'appelle pour me dire de passer absolement à son cabinet, il y a des doutes sur mon statut HIV. J'ai compris le message... Mon sang n'a fait qu'un tour, j'ai peur très peur mais je n'ai pas envie d'y aller. J'appelle ma mère, honteux de l'appeler à l'aide et lui avouer la chose. Mais je sais que si elle ne vient pas, je n'atteindrai jamais le médecin... C'est dans ces bras, que je m'effondre de pleures et de honte. Chez mon médecin, elle dissipe mes doutes, je suis bel et bien s+. Elle me force à lui promettre de prendre contacte avec le service de suivi des personnes s+ à l’hôpital. J'essaye de tirer la période de de répits au plus long, je n'obtiens même pas une semaine.  16/02/11, je vais donc au rdv que j'ai pris auprès de ce service, prise de sang, rdv avec le doc et une infirmière. Je me sens mal, je me sens honteux. Mais je me sens comme à côté de mon corps, je subis tout le processus. 18/02/11 appel de l’hôpital, la personne que j'ai au bout du fil est affolée, elle veut que je vienne immédiatement... Non désolé, je suis au travail, je ne peux pas... Elle se fâche... Mais non, je lui fais comprendre que non, je ne peux pas et que je passerai samedi matin et je raccroche. 19/02/11 je suis reçu par le chef du service. Il me fait rentré dans le bureau et me dit que je suis un cas rare et unique. J'ai une CV de 19.5 millions et des T4 à 19... J'ai perdu mon ancienne vie, totalement et depuis j'essaye de survivre en attendant des jours meilleurs.

Commentaires

Portrait de frabro

Et non de survivre comme tu le dis en conclusion.

Il n'y a pas de vie perdue, il y a une page à tourner et une autre vie à construire, une vie avec l'acceptation et la compréhension de ce qu'est la séropositivité.

De multiples témoignages sur ce site te montreront que c'est possible !

Solidairement

François 

Portrait de joris

Ce témoignage nous montre qu'il est impératif de se faire dépister régulièrement lorsque l'on a une sexualité à risque.

D'ailleur je ne comprend pas que tu n'ais pas consulté plus tôt.

Mais bon , l'essentielle c'est que tu soit pris en charge, que tu prennes un traitement( je suppose que l'on t'a prescrit un traitement?) et que ta charge virale baisse et tes t4 augmentent. après c'est un travail sur soi pour accepter et vivre avec ce virus.

Alors ok tu es passé de l'autre coté de la barrière, tu fais maintenant parti des séropos, et des séropotes, mais c'est le début d'une autre vie, et tu verras, qu'elle n'empêche pas de vivre une vie pratiquement normale.

Je te souhaite de vivre au mieux avec ce virus.

Amitié.

Portrait de lupi00

joris wrote:

Ce témoignage nous montre qu'il est impératif de se faire dépister régulièrement lorsque l'on a une sexualité à risque.

D'ailleur je ne comprend pas que tu n'ais pas consulté plus tôt.

Mais bon , l'essentielle c'est que tu soit pris en charge, que tu prennes un traitement( je suppose que l'on t'a prescrit un traitement?) et que ta charge virale baisse et tes t4 augmentent. après c'est un travail sur soi pour accepter et vivre avec ce virus.

Alors ok tu es passé de l'autre coté de la barrière, tu fais maintenant parti des séropos, et des séropotes, mais c'est le début d'une autre vie, et tu verras, qu'elle n'empêche pas de vivre une vie pratiquement normale.

Je te souhaite de vivre au mieux avec ce virus.

Amitié.

Je n'ai jamais fait de dépistage car je n'avais pas une sexualité à risque à mes yeux. Pas de plans bareback, quelques plans avec sodo toujours avec kpote mais j'admets quad j'étais plus jeune, je ne vérififiais pas lors du retrait du mec si la kpote avait pêté. Ma grande erreur je pense.

Pour le reste, le temp me dira

Portrait de lupi00

frabro wrote:

Et non de survivre comme tu le dis en conclusion.

Il n'y a pas de vie perdue, il y a une page à tourner et une autre vie à construire, une vie avec l'acceptation et la compréhension de ce qu'est la séropositivité.

De multiples témoignages sur ce site te montreront que c'est possible !

Solidairement

François 

Possible

Portrait de Coeursauvage

Tu sembles assez déprimé par toutes les épreuves que tu as dû traverser. C'est normal. Je suis passé par là, moi aussi, et très récemment. Mais tu es jeune et tu as toute la vie devant toi pour te reconstruire et construire une vie acceptable. C'est pas toujours facile, j'en sais quelque chose, mais c'est possible et je m'en rends compte chaque jour, même si parfois j'ai des crises de doutes et de pleurs. Tu n'as pas à avoir honte d'avoir été contaminé par le VIH. C'est une maladie pernicieuse qui peut atteindre des personnes de qualités morales irréprochables. Donc pas de honte à avoir; des regrets peut-être, mais surtout pas de honte.

Je t'encourage à aller de l'avant, à ne pas attendre que la vie t'apporte ce que tu attends d'elle. Il faut souvent aller chercher son bonheur qui ne viendra pas sans effort de ta part. Je suis certain que tout va s'arranger pour toi si tu le désires vraiment et que tu agis en conséquence. Ton organisme s'est battu contre la maladie, ton cerveau doit se battre contre la morosité et la déprime qui sont bien moins virulentes que le VIH. 

Je te souhaite bon courage pour l'avenir.

Amitiés,

Alain 

Portrait de lupi00

Déprimé? Ou ou non, je ne sais pas.

Je pense que c'est pus profond que la déprime.

Mais je me soigne pour cela, enfin j'essaye :)

Mais quand l'envie et le coeur n'y est pas c'est pas facile ;)

Portrait de New_Life

Tu sembles avoir les bons réflexes dans ta situation qui me fait penser à celle dans laquelle j'étais il y a encore quelques mois. Même si l'envie et le coeur n'y sont pas comme tu le dis, il faut tout de même continuer: en se soignant, en travaillant, en voyant ses amis, en faisant du sport...peu importe! Le tout est de continuer coûte que coûte.

Je te souhaite du courage, et surtout ne laisses pas tomber. A un moment, si tu ne t'es pas arrêté, les choses se calmeront, et l'envie réapparaîtra.

J'espère de tout coeur que ta charge virale et tes CD4 montrent rapidement des signes d'amélioration grâce à ton traitement, même s'il va falloir du temps tout de même pour cela.