l'absence est une présence à barbe

Publié par ian-kemper le 09.06.2010
537 lectures

qui vient de Brest ou du Gers.

 

Je tourne en rond, improductif, tu n'es pas là, je ne suis rien que moche, et pourtant on me trouve beau, en pleine forme, je ris, je blague, j'appelle chéries toutes mes collègues, à part une ou deux qui ne sont pas chérissables, à part ma patronne, mais ça va venir, je la sens prête,  depuis que je te saute, mon chéri, les hommes me paraissent moins inquiétants, moins menaçants, comme si le fait de te sauter était un sésame pour me sentir dans leur catégorie et leur estime, que fais-tu ? je t'imagine là-bas dans une maison ouverte sur un jardin, il y a un chien, des chats, à cette heure les oiseaux, comme les poules, se sont couchés et tus, il y a eu une averse peut-être, un orage, une odeur de nature mouillée s'est installée sur la terrasse et vous sent boire à la santé du monde, un monde bien nettoyé, bien astiqué, tout propre après la douche, après s'être ébroué, l'air et la lumière ont une qualité cristalline, la poussière, soulevée par la pluie, dérive à la surface des flaques d'eau, les feuilles ont un éclat qui frise l'artifice, les fleurs, lourdement giflées, ont une allure excentrique et folle, se livrent à une débauche de fragrances, est-ce ainsi ? peu importe, c'est comme ça que je te vois, mon loup maraudé sur le net, mon loup au sortir de l'hiver, affamé, maigrichon, le museau pointé entre deux messages timides sur seronet, merci seronet, quant à toi, dépêche-toi, que je me niche en toi, sans bouger, à peine, à te regarder être heureux, c'est mystérieux comment tu es heureux, très intrigant, ça donnerait presque envie d'aller voir comment c'est agencé là-dedans, avec un scalpel ouvrir et ausculter tous les coins et recoins de ton être pour comprendre en quoi et comment c'est fait le bonheur.