La Tourterelle et le Corbeau noir.

Comment allait-elle s'y prendre ???

Cette question car, depuis quelques années, elle avait, suite à un accident en vol, un problème avec une de ses jolies ailes. Son fidèle compagnon d'avant, l'avait toujours soutenue, l'aidant à voleter, la suppléant quand la tâche était trop difficile pour elle.

Quelle autre tourterelle mâle l'aimerait malgrè cela ? Serait il prêt à vivre avec elle ? Serait-il une épaule forte pour elle ?

Donc, elle n'osait pas se mettre en avant, malgrè qu'elle soit très jolie, elle avait peur du regard des autres.

Puis, elle se dit : l'espèce animale ne doit pas être toute noire, certains  doivent aimer malgré les obstacles, les différences.......elle voulait aller de l'avant coûte que coûte, même si elle tombait sur des rejets. A ne rien tenter, on n'obtient rien.

A ne rien tenter, on n'obtient rien.

Courageusement, par une amie interposée, elle discutait avec un mâle qu'elle trouvait attirant. Son handicap n'avait pas encore été révélé. La conversation s'instaura, elle osa le dire. Le mâle eut une réaction inespérée : cela ne le dérangeait pas. Elle accepta donc de le rencontrer. Mais, veuve depuis longtemps, elle appréhendait l'accouplement.Plusieurs rencontres après, le mâle l'invita dans son propre nid. La nuit d'amour fut toride, la jolie tourterelle se sentait heureuse, épanouie, femelle. Le mâle parraissait réjouit.

Le mâle paraissait réjouit.

La tourterelle dans son nid se prenait  rêver : et si ce beau specimen était l'oiseau de sa vie ??

Elle avait été éduquée dans des conditions strictes, le bien et le mal était des valeurs qu'elle gardait toujours à l'esprit. Sa vie avait toujours, jusqu'à présent, été bien rangée, sans débordement de quelque sorte. La confiance était son maître mot. Un oui était un oui, un non, un non.

Mais ce qui était en train de naître la laisser interogative. Cette tourterelle mâle semblait tourmentée.

Les deux nids n'étaient pas très loin l'un de l'autre, mais pour la tourterelle, le voyage avec son aile non fonctionnelle étaient difficiles.

Elle apprit, par son Roméo, que celui-ci avait un problème dans son bec. Après un atterisage mal maitrisé, un choc violent lui fit perdre la capacité de pouvoir cisailler les graines. Il avait donc du mal à s'alimenter normalement.

Mais pour la tourterelle, cela n'avait que peu d'importance. Elle l'aimait comme il était. Et puis, n'était elle pas là maintenant pour l'aider à trouver une alimentation appropriée à son bec ?

Et puis, n'était elle pas là maintenant pour l'aider à trouver une alimentation appropriée à son bec ?

Sans le savoir, sans s'en rendre compte, le simple fait d'avoir pensé cette phrase, signifiait d'ors et déjà qu'elle était prête à accepter tout de ce mâle, même l'inacceptable, le mal plutôt que le bien.

Elle qui cherchait à se faire soutenir, à partager dans la confiance mutuelle, allait être entrainer dans l'enfer de la passion.

La petite tourterelle remarqua bien souvent, sans vouloir se le dire, que son Roméo arrivait souvent dans son nid à elle, en voletant bizarement. Il parlait aussi de façon étrange, dans un discours sans queue ni tête. Elle comprit qu'en chemin, il s'arrêtait par ci par là, pour s'abreuver dans des flaques d'absynthe. De flaques en flaques, il s'enivrait. Bof, pensa la tourterelle qui ne connaissait pas les conséquences de cette addiction, ce n'est pas grave. Mon amour sera pour lui plus fort que l'absynthe.

Mon amour sera pour lui plus fort que l'absynthe.

Cette pensée aussi était un péché d'orgueil et l'orgueil est détestable.

Quand elle lui fit la remarque qu'il pourrait baisser sa consommation d'absynthe, il entra dans une colère folle. Mais qui était-elle, elle, pour se permettre une telle reflexion. Il vit son Roméo sous un autre angle, un animal colérique. Mais une fois de plus, elle se dit que cette colère était de sa faute, elle avait eu tort. Elle fit son mea culpa et pardonna.

De rares fois, la tourterelle mâle demandait à sa compagne de le rejoindre dans son nid à lui. Les nuits et roucoulades étaient enchanteresses. Cela créait des liens affectifs de plus en plus forts.

Mais un petit matin d'hiver, la tourterelle mâle eu un comportement indigne : il poussa sa femelle hors du nid, pretextant un manque de place. La pauvre petite bête, avec son aile abimée, se retrouva dans le froid et la pluie et regagna son habitat comme elle le put.

Là encore, au lieu de se rebifer contre ce mâle sans savoir vivre et irrespectueux elle lui trouva des excuses, de mauvaises excuses.

Là encore, au lieu de se rebiffer contre ce mâle sans savoir vivre et irrespectueux elle lui trouva des excuses, de mauvaises excuses.

Les jours passèrent, avec des hauts et des bas. Pour la petite tourterelle, il y avait plus de bas que de hauts. Elle ne trouvait pas chez ce mâle l'épaule solide qu'elle cherchait, mais le pire était le manque de dialogue. Tout en fait n'était qu'ordres.

La tourterelle regarda son mâle et vit, dans une image furtive, qu'il ressemblait plus à un Corbeau Noir qu'à un de ses congénères.

Que devait elle faire ? Comment devait elle réagir ?

Que devait elle faire ? Comment devait elle réagir ?

Et bien, elle fit ce qui était le plus rassurant pour elle, elle chassa cette image de corbeau noir de son esprit, et elle revit à la place, son bel oiseau.

La vie continuait, ils se voyaient régulièrement, elle le récupérait dans son pitoyable état d'ivresse, mais le couvait. Une erreur de plus.

Un jour, il arriva en grande colère une fois encore. Il était malade et la faute à qui ? Au nid de la petite tourterelle !!! Il y était allergique, le nid étant mal fabriqué : plumes qui tombaient, cou enflé. La tourterelle avait beau se défendre et expliquer que ses maux n'avaient en rien un rapport avec la construction du nid, rien n'y fit, la colère fut inenrayable. Elle lui demanda de se rendre chez un vétérinaire qui ferait un diagnostic plus probant.

Les jours passèrent, sans que le malade ne donnent de nouvelles à sa partenaire. Elle s'inquiétait, il ne lui répondait pas.

Puis, un beau jour, façon de parler, elle reçut un message : j'ai la maladie du HIBOU, une maladie qui affecte mon système immunitaire, c'est un virus qui se transmet par accouplement. Oh, pas en face il lui annonça cette nouvelle.

La petite tourterelle reçut cette information avec calme. Elle alla toute seule chez un vétérinaire et attendit de savoir si la maladie du HIBOU l'avait atteinte. Toute seule. Son mâle ne lui offrit aucun soutien.

Toute seule. Son mâle ne lui offrit aucun soutien.

La petite tourterelle n'avait pas la maladie du HIBOU. Un chance quand on savait que les accouplements avaient duré des mois !

Elle le dit à son mâle d'oiseau. "Mais que va-t-il advenir de nous, maintenant que j'ai la maladie du HIBOU et pas toi ?" Telle fut la question de Roméo. Et la petite femelle de lui répondre :"rien de plus ni de moins qu'actuellement, mon amour pour toi est bien plus fort que le HIBOU qui ne me fait pas peur".

Elle fut présente à ses cotés tout le temps, elle le rejoignait dés qu'il l'appelait à l'aide, son traitement ayant des effets secondaires. Elle soignait ses maux, le soutenait, le câlinait, le choyait, atténuait ses douleurs morales..

Mais où était la petite tourterelle qui cherchait un mâle pour la soutenir ? C'est elle qui se retrouvait en situation de pilier.

C'est elle qui se retrouvait en situation de pilier.

La tourterelle mâle était en proie à ses démons et vivait totalement recentré sur ce HIBOU. Sa partenaire essayait de lui faire reprendre gout à la vie, mais la tâche n'était pas aisée. Roméo ne put bientôt plus subvenir à ses besoins. Qu'importe, disait la femelle, ca va lui passer et en attendant je suis là, il peut compter sur moi.

Au lieu de ça, le mâle arriva un jour à l'impoviste dans le nid de la femelle, plein d'absynthe, pour lui signifier qu'il avait eu un accouplement avec une autre femelle de son espèce.

La petite tourterelle eut le coeur brisé. Elle essaya de savoir pourquoi et comment. Rien à faire. Au lieu de s'excuser, il appuya là où ca faisait mal : "si je te le dis, c'est pour t'emmerder tout simplement".

La tourterelle mâle reprochait-il à sa femelle de ne pas avoir le HIBOU ? Pourquoi moi et pas elle se disait il.

L'image du Corbeau revenait en tête de la femelle.

L'image du Corbeau revenait en tête de la femelle.

C'est la petite femelle qui fit le premier pas, encore. Elle pardonna. Tout le monde sait qu'entre Bon et Con, il n'y a qu'une lettre d'écart. Mais elle ne se posait pas cette question, pas encore.

Le couple reprit son train-train, toujours bancal. Cela faisait plus d'un an maintenant. Roméo convoqua sa femelle dans son nid. Convoqua implique "j'ai décidé" et non pas "on va discuter". C'est ainsi qu'il mit la petite tourtrelle devant le fait accompli. Il avait donné son nid à un autre mâle et venait s'installer dans le sien, plus grand, plus chaud. C'était soit ca, soit il partait à tire-d'ailes sous d'autres cieux. La femelle n'en croyait pas ses oreilles, on ne s'impose pas comme ca, ca se discute, ca se prépare et le couple n'était vraiment pas encore prêt à faire vie commune, le dialogue manquant cruellement. La décision devait être immédiate. Elle décida d'accepter. Il ne la rendait pas heureuse, il allait la rendre malheureuse.

Il ne la rendait pas heureuse, il allait la rendre malheureuse.

Les premières semaines se passèrent bien, comme dans un rêve.

Mais le mâle commença à devenir exigeant. Rien n'allait. La petite femelle se pliait en 4 et exhaussait le moindre de ses caprices.

Il passait ses journées dehors à faire on ne sait quoi ou plutôt à se rassasier d'absynthe avec ses congénères. La femelle attendait, attendait. Elle devait bien souvent, le soir venu lui faire la bécquée de son traitement qu'il oubliait de prendre tant ivre il était.

Des fois, elle devait partir le soir, la nuit à sa recherche, il ne savait plus où il était. Que d'inquiétudes elle encaissait. Par deux fois, il resta prisonnier dans des barbelés et dut y passer la nuit.

Elle partait chercher avec bien du mal, à cause de son aile, la nourriture. Son mâle ayant son problème de bec, elle s'attachait à trouver des graines qu'elle ramollissait pour qu'elles puissent être ingérées facilement par son compagnon. Elle y passait des heures.

Mais pour lui, rien n'avait grâce à ses yeux, tout n'était que nullité.

Il se fichait bien de son problème d'aile et ne se préoccupait pas du tout de l'aider à voler.

Le temps de l'humiliation arriva. Les reproches continus, la mauvaise humeur, les journées affalé dans le nid à regarder le ciel et les oiseaux.

Quant il préparait la pitance, rarement, ce n'était que pour sa mangeoire. Que la femelle se débrouille pour elle-même !

Elle le laissait libre, comme l'air, l'oiseau pouvait aller et venir. La femelle faisait confiance. La pauvre folle !!!!!

Un jour, le mâle décida qu'il allait voyagé pour se dégourdir les ailes en se rendant quelques nids plus loin chez son ami la tourterelle anglaise.

Il en revint ragaillardi, content, heureux.

La femelle commença à se poser des questions.

La femelle commença à se poser des questions.

Elle lui demanda de ne plus ramasser d'absynthe dans les flaques, de voir un grand-duc pour l'aider, tant la situation devenait inquiétante. La colère, toujours la colère comme réponse, aucun dialogue possible.

Les roucoulades s'espacèrent. Mais le Roméo disait aimer sa femelle, il le lui disait, le lui écrivait, le lui chantait. La femelle mettait tous ces signes inquiétants sur le compte du HIBOU, mais c'était une erreur, ils reflétaient le Corbeau Noir.

Puis, un jour, une tourterelle femelle vint dans le nid. Elle voulait discuter avec la femelle à l'aile abimée. Mais pour lui dire quoi, elles ne se connaissaient pas ?

Et bien, pour parler du mâle qui avait passé son voyage chez elle et non pas chez la tourterelle anglaise.

Ah ! Que le coeur de la pauvrette était en miettes !

Honnête, franche, elle en parla immédiatement à son amoureux. Au lieu d'explications et franchise, elle n'obtint que mensonges encore plus.

La femelle se tut, souffrant en silence. Elle se lova dans le nid et attendit que ca passe.

Le mâle n'avait toujours aucun moyen de subsistance propre. Il n'en cherchait pas et quand par hasard il en trouvait, ce n'était jamais pour longtemps : pattes fatiguées, plumes perméables, bec usé, ailes andolories, temps hivernal....

La tourterelle regardait son mâle agir. Il se pavanait quand une femelle passait, y allait de sa roucoulade.

Là, ce fut le trop plein pour la petite.

Elle lui demanda de stopper net sa parade.

Que fit le mâle comme toute réponse ?

Il s'en alla....le jour de la fête de sa compagne.

Il s'en alla....le jour de la fête de sa compagne.

Mais le mal était fait, la femelle était devenue autant accro à son mâle que lui à son absynthe.

La femelle tomba malade, gravement.

Elle le fit dire au mâle qui ne daigna pas prendre de ses nouvelles.

La maladie s'aggravant, la tourterelle fut obligée de voir un Grand-Duc. Quand celui-ci la vit, il s'alarma et la fit aller en cage immédiatement. Elle perdait toutes ses plumes et sa peau se décollait sur son corps entier. Il y eut conciliabule entre Grand-Ducs et interrogatoire de la petite femelle. "N'avez vous pas été en contact avec le HIBOU, lui demandèrent ils.

La femelle répondit que oui. Les Grands ducs voulurent savoir de quel HIBOU il s'agissait.

Elle du contacter son Roméo qui la renseigna. Et ce fut la dernière fois avant longtemps qu'elle eut une réponse, il ne lui parlera plus par la suite.

En fait, elle n'avait pas le HIBOU, mais le Syndrôme de Lyell. Elle resta en cage longtemps, mais elle guérit malgrè les pronostics sombres des Grand-Ducs.

Elle s'interrogea sur le courage son Roméo, le "sauve qui peu et surtout mes plumes à moi". C'était la deuxième fois qu'il répondait absent pour son HIBOU à elle.

Elle qui avait été présente pour lui, se retrouvait bien seule dans un moment de grand tourment.

Elle qui avait été présente pour lui, se retrouvait bien seule dans un moment de grand tourment.

Elle renta chez elle, continua à panser ses plaies. Son mâle était toujours aussi vivace dans son esprit.

Elle souffrait corps et tête. Son nid ne lui convenait plus. Toute brindille lui rappelait son Roméo. Plus elle y restait, plus elle dépérissait.

Mais elle se dit, que, comme de nombreuses fois, son mâle reviendrait, il était toujours revenu à son nid.

Comment lui avait-il dit déjà ? " Si on parvient à passer ensemble l'épreuve du HIBOU, on ne pourra que réussir à surmonter les autres épreuves de la vie ensemble". La femelle n'a que cette phrase en tête, impossible pour elle de penser autrement.

Mais ce qu'elle ignorait, c'est qu'une tourterelle accro à l'absynthe dit tout et n'importe quoi, n'a aucune parole même à jeun. Elle ne savait pas.

A force de relancer son mâle, Roméo revint au nid. Une fois, deux fois, trois fois. Puis.......silence.....

Elle s'inquiéta : le HIBOU aurait-il fait des dommages ?

Elle relança, relança, rien n'y fit.

Puis, elle apprit que son mâle de tourterelle était en pleine forme, mais avait quitté la région de son nid. Il avait traversé le pays, sans un mot, à tire d'ailes, sans un au revoir, sans une roucoulade, sans une explication, rien. Le vide, le néant.

Comme si la petite tourterelle n'avait jamais existé.

Comme si la petite tourterelle n'avait jamais existé.

Aujourd'hui, la petite tourterelle va changer de nid dans les prochains jours.

Aujourd'hui, la tourterelle mâle a retrouvé un nid, il est dans celui d'une vieille tourterelle. Mais, malgrè son nouveau nid, il cherche d'autres tourterelles.

La petite tourterelle sait qu'elle fait une erreur en continuant d'espérer et de relancer. Il faut l'aider à arrêter. Seule, elle n'y parvient pas. Elle ne sait pas pourquoi elle est accro ainsi. Elle est en souffrance. Elle est honnête la tourterelle de dire tout ca, mais elle est très sévère avec elle-même et surement un peu bébête.

En conclusion, la petite tourterelle était une pigeonne et la tourterelle mâle était une pie.....La proie était tombée dans les pattes de son prédateur.

Une tourterelle, seule, dans son nid, prit le temps de la reflexion.

Elle regardait du haut de son arbre les couples de tourterelles qui roucoulaient, deux par deux..........

La proie était tombée dans les pattes de son prédateur.

La petite tourterelle sait qu'aucun mâle ne trouvera grâce à ses yeux. Elle sait que pour gagner sa confiance, ce sera maintenant chose difficile. Elle sait que l'accès de son prochain nid sera formellement interdit aux tourterelles mâles. Elle sait qu'elle a dû commettre des erreurs. Mais elle sait aussi que l'absence d'explications, que le mépris sont une source de tourments à tout jamais. Que de questionnements cela entraine ! Que de remise en question ! Mais sans réponse d'en face, il n'y a pas de solution. Elle veut pleurer pour effacer, mais n'y parvient pas encore.

Mais, aussi, la petite tourterelle sait que grâce à tout ceci, elle est capable de comprendre la vie des tourterelles atteintes du HIBOU. Elle sait que grâce à tout ceci, elle rend visite régulièrement aux tourterelles en cage. Elle sait aussi que grâce à tout ceci , elle est ici et y a rencontré des tourterelles  exceptionnelles ayant un aussi beau plumage qu'une belle âme.

Merci.

PS : ceci aussi pour ceux qui se demandent ce que je fais ici.