Avant-hier, dans mon quartier plus que paisible, j'ai vu passer une jeune femme d'une rare beauté.
Elle portait le hijab, et était recouverte d'une sorte de cape noire intégrale dont je ne connais pas le nom. Seul son visage semblait sortir de toute cette habile combinaison de tissu, avec des yeux incandescents et maquillés, sur une peau d'une blancheur à vous dégoûter des bains de soleil.
J'ai eu tort de la regarder dans les yeux. Elle m'a simplement ignoré, comme si je n'existais pas. Royale, digne, fière, altière, plus grande que moi (facile avec mon petit mètre soixante quatorze), tout le contraire de ces burqa et autres niqab qui les font disparaître du champ visuel, elle s'imposait comme une évidence.
J'ai repensé à toutes ces teen-agers que je croise dans le bus, qui exhibent leur nombril et la moitié de leurs fesses mal ficelées dans des jeans saccagés par des stylistes sans scrupule.
Oui, cette jeune femme était d'une beauté radieuse. Je ne fais pas spécialement l'apologie de ces tenues vertueuses, mais il me paraît assez clair qu'entre le licite du tout dévoilé et l'élégante réserve ici combattue, il pourrait exister une aspiration esthétique et pourquoi pas spirituelle qui aurait aussi pour fonction de rejeter les codes vestimentaires occidentaux souvent d'une profonde vulgarité partagée.
Les gamines européennes (comme les gamins), enrôlées par les diktats imposés par les puissants groupes qui gouvernent la mode internationale, seraient-elles plus libres qu'une jeune femme qui choisit le hijab ? je n'en suis pas sûr.
La servilité aveugle au marché serait-elle plus digne que la soumission supposée à une conviction religieuse assumée ?
Enfin, c'est la question que je me pose.
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Commentaires
Enrichir
Mais le goût du repli sur soi est passé par là et il est maintenant trop tard.
Au-delà de l'esthétique du vêtement,
oulàlà
La petite indignation sélective
Autant, comme on pourra s'en douter, je partage l'avis de Jean-René, même si je persiste à croire qu'il existe encore un peu d'espoir dans cette aptitude à l'assimilation.
Autant, je ne peux pas être tout à fait en phase avec Romain, et encore moins avec Guppy (le trop, c'est trop !)... encore faudrait-il lire ce qui précède avec un peu plus d'attention.
Ensuite, dans la foulée, je me souviens, que vivant à Londres j'étais séduit par l'allure de ces conducteurs d'autobus, sikh ou sri-lankais, enturbannés, copieusement barbus, bijoutés et dont les yeux étaient soulignés d'un trait de khol (ce ne sont pas les femmes qui leur imposent cette magnifique apparence.)
La Grande-Bretagne a toujours su assimiler ses anciennes colonies, sans les stigmatiser. Et il ne serait jamais venu à l'idée de quiconque de désigner ces employés mâles sous quelque domination religieuse que ce fût. C'est ainsi, ils portent un très beau turban sur la tête, se maquillent et il serait assez imbécile de vouloir les noyer parmi le british de base en complet veston.
Revenons maintenant au débat qui nous occupe. Il se trouve, minable coïncidence, que le nouveau ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a dans la même journée cru utile de ressortir le pseudo débat sur la laïcité. Ce sujet inspire le gouvernement lorsqu'il n'a plus rien à dire. Ce thème républicain réapparaît quand ça l'arrange, soit.
Cela n'empêche pas nos moinillons de parcourir les rues en robes de bure ou en soutanes, ni de voir s'afficher des personnalités politiques avec une croix sur la poitrine, sans choquer personne.
Le présupposé de la femme astreinte à porter un vêtement austère en public est aussi une forme d'ostracisme.
Qui se soucie véritablement de l'image de la femme véhiculée, dans la pub notamment, à moitié nue, pour vanter les vertus d'un parfum, de l'électroménager ou d'un véhicule hybride ?
Les campagnes publicitaires ne sont pas uniquement conçues par des lesbiennes frustrées, il y a pas mal d'hommes qui s'en servent comme autant d'outils marketing, sans que cela ne choque (presque) personne.
Révéler, dévoiler, ou bien cacher en affirmant son éventuelle appartenance religieuse, serait-ce pire que cette conformité standard à un mode économique qui voudrait nous faire accroire que le seul bien qui nous reste relève de notre mode de consommation ?
Le faux débat, lancé en France par une équipe en déroute, aurait une fâcheuse tendance à limiter celui-ci à une perte de vigilance et de libre pensée qui aurait pour objectif de dramatiser le costume, quand c'est le rejet de la différence qui anéantit l'équilibre (bien illusoire) des rapports entre les hommes et les femmes.
Le faux choix du présumé choix
Ô Ferdy!
J'ai lu avec attention ton commentaire Ferdy, mais quelque chose me dérange lorsque tu dis je cite " il pourrait exister une aspiration esthétique et pourquoi pas spirituelle qui aurait aussi pour fonction de rejeter les codes vestimentaires occidentaux souvent d'une profonde vulgarité partagée."
Je suis également contre les "moinillons" en robe de bure ou en soutane parcourant nos rues républicaines.
Je vais aussi à Londres, mais je n'ai pas envie d'avoir dans les hôpitaux des infirmières de blocs opératoires en burka adaptée à leur profession.