Le temps qui court.

Puisque la vie semble aujourd'hui me sourire, je me plais à croire en un avenir serein. Sans doute ma rencontre en août d'un mec de mon âge, séropo comme moi depuis longtemps, y est pour beaucoup. Une rencontre sur un site internet fréquenté essentiellement par des gays s+, un contact presque improbable puisque j'allais supprimer mon compte sur ce site, faute d'avoir rencontré jusqu'alors quelqu'un qui me plairait  et à qui je plairais.

Je pense qu'être tous les deux séropositifs facilite la vie. Si j'avais rencontré un mec avec une sérologie différente, dans un autre contexte,  je pense que je n'aurais pas fui, mais les faits ont plutôt été inverses, pendant de longues années : lorsque l'on annonce sa séropositivité (ce qui m'a toujours obligé à prendre vraiment sur moi), on reste soudain sans nouvelles de la personne rencontrée. Ca m'est arrivé plus d'une fois, et je ne m'y suis jamais fait.

On peut parler de sérotriage, moi je vois plutôt une façon commune d'appréhender la vie, forgée par deux décennies de lutte au quotidien, où nos corps ont pu souffrir,  mais dont nous sommes sortis vivants et bien conscients de la fragilité et de la valeur de la vie.

Sur séronet je lis avec intérêt les billets sur des sujets tels que le sérotriage ou le bareback, j'ai bien sûr mon avis sur ces questions, mais je trouve souvent les réactions trop définitives, presque dogmatiques. Avec celui qui compte aujourd'hui tant pour moi, nous avons instauré le dialogue, les choses sont dites sans tabous, ce qui permet une relation où le vih est, somme toute,  laissé au second plan. Lorsque l'on en parle, c'est sans angoisse, comme d'une part (parmi bien d'autres) de notre vie.

La rencontre avec l'autre nous oblige à nous interroger sur nous-même, et son regard, lorsqu'il nous renvoie de l'amour, nous permet vraiment d'avancer avec sérénité, de profiter du moment présent, d'être en paix. C'est ce que je vis aujourd'hui, et ce qui me fait tant de bien.

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