Leibowitch !!!

Publié par Aradia le 22.05.2013
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Le docteur Jacques Leibowitch est passé dans l'émission Vivement Dimanche de Michel Drucker et voici ce qu'il dit sur le projet Icarre.

Je l'ai rencontrée samedi et j'ai l'intention d'alléger ma prise de traitement, de 6 jours sur 7 je vais passer de 5 à 7.

Je ferai une prise de sang  dans 6 semaines pour voir si mon bilan à changer et si je continue dans ce sens.

Michel Drucker : On va accueillir un grand chercheur qui enseigne à l ' hôpital Raymond-Poincaré à Garches , spécialiste du Sida . . . Il a été l ' un des pionniers de la découverte du virus,   je vous demande d ' accueillir le docteur Jacques Leibowitch . . . Tu voulais qu ' il soit là parce que la façon de se soigner a changé . . .Josiane Balasko : J ' ai un ami qui m ' a simplement dit que Jacques était en train de faire un protocole de test sur une centaine de patients: au lieu de prendre énormément de médicaments chaque jour, les personnes seropositives en prennent beaucoup moins, ce qui simplifie et soulage leur vie .Michel Drucker : Vous êtes l ' inventeur de la trithérapie au milieu des années 90, et depuis 10 ans, vous pilotez un projet baptisé Icare . Intermittent, en circuit court, les antirétroviraux restent efficaces, ça veut dire que vous êtes en train de démontrer qu ' on peut alléger le traitement tout en gardant son efficacité . . .J . Leibowitch : On peut libérer un certain nombre de jours sans médicaments sans que le virus revienne, c ' est-à-dire qu ' après un traitement d ' attaque efficace, les conditions sont telles dans l ' organisme du patient que le virus a du mal à rebondir,  une éclipse virale alias temps de latence virale qui nous permet d ' espacer les bombardements anti rétroviraux . Michel Drucker : Jusqu ' à présent, la trithérapie, c ' est beaucoup de pilules 7 jours sur 7 . . . - J . Leibowitch : La règle établie, contre laquelle j ' ai du mal a faire passer l ' invention, c ' est que c ' est 7 jours par semaine, sinon, vous allez en enfer .Michel Drucker : Maintenant, c ' est entre 4 fois et 1 fois par semaine . . . - J . Leibowitch : On peut arrêter certains traitements jusqu ' à 6 jours par semaine sans que le virus ait eu le temps de rebondir . Josiane Balasko : Que faut-il faire pour que ça devienne quelque chose de répandu? - J . Leibowitch : Il faut que la règle soit changée . C ' est une question de psychologie, de physiologie, ça fait quand même beaucoup de médicaments chimiques en moins . . .Michel Drucker : Cela dit, il ne faudrait penser qu ' on peut faire ça de façon sauvage . . . - J . Leibowitch : Uauto-prescriptio c ' est interdit, il faut  que ça soit piloté par un médecin, etjusqu ' à présent, les médecins ne le font pas puisque la règle n ' a pas été changée, c ' est pourquoi je suis content d ' être là pour présenter le projet Icare et la bonne nouvelle, qui est la réduction de 40% à 85% des médicaments pour ceux qui doivent les prendre à vie .Josiane Balasko : Je vais lire un extrait d ' une lettre d ' une de ses patientes: "J ' ai 49 ans, je suis séropositive, aujourd ' hui, je témoigne pour être entendue . Nous sommes une petite centaine de patients à prendre la tritherapie entre 1 et 3 fois par semaine au lieu des 7 jours sur 7 préconisés par le corps médical; pour ma part, je suis à 3 jours par semaine et tout va bien . De plus, il serait temps de dire que les personnes séropositives sous traitement ne contaminent pas leur partenaire, c ' est-à-dire qu ' elles peuvent avoir des rapports sexuels non protégés sans que le virus se transmette . LE SIDA NE PASSER PAS PAR TOI CAR JE ME SOIGNE …  Michel Drucker : Ça veut dire qu ' avec ces modalités allégées, les patients séropositifs pris en charge ne sont plus transmetteurs du virus . . . Vous avez du mal à convaincre vos confrères? – J . Leibowitch : Oui, parce que la chose établie s ' est établie durement ,  au fil des quinze dernières années où les marques ont été prises dans des conditions  difficiles - c ' était plutôt le virus qui était gagnant - donc on a constitué une règle sur la défensive, et pour la changer, il faut que le peuple séropositif la demande . Les droits du patient séropositif à être correctement traité le droit à la juste posologie, ça ne viendra pas tout seul comme ça, il faut le demander, et j ' ai eu  beaucoup de mal pour arriverjusqu ' à vous , et je remercie la partie invitante et ce patient .Michel Drucker : Donc, il s ' agit d ' ajuster les prises d ' antiviraux au strict nécessaire et suffisant . . . - J . Leibowitch : Oui, c ' est d ' ailleurs la règle médicale déontologique, c ' est ajuster les traitements à ce qui est nécessaire .Josiane Balasko : Tu penses que le fait de consommer moins de médicaments fera chier les laboratoires? - J . Leibowitch : N ' attaquons pas les laboratoires, pour l ' instant, ce sont  les barons de chaire qui gèrent la situation et ils ont beaucoup de mal à accepter que cette révolution pacifiante et libératrice viennent d ' eux . La bonne nouvelle, c ' est qu ' on va pouvoir  réduire de 40 à 85% quand on aura changé la règle, la moins bonne nouvelle, c ' est que je suis le seul à le faire, ce serait bien que d ' autres le fassent .Michel Drucker : C ' est pourquoi vous êtes là aujourd ' hui . Merci, docteur . Au revoir, merci .Josiane Balasko : Tu n ' as pas dit au revoir! - J . Leibowitch : Au revoir!Josiane Balasko : Tu es terrible! - J . Leibowitch : Je ne suis pas théâtral . . . << Fichier: Press file  20 05 13 . doc >>  

 au sujet du projet Icarre.

Commentaires

Portrait de frabro

Je ne savais pas que M Leibowitch était "l'inventeur de la trithérapie"...Sealed

Ces propos sont simplificateurs à l'extrême, le débat avait déjà eu lieu sur Seronet. Pour quelques patients qui peuvent effectivement réduire leur traitement, combien en échec thérapeutique ? L'histoire ne le dit jamais !

Si je pense qu'il faut étudier pour chaque patient la souche virale dont il est porteur et une éventuelle adaptation des posologies, je refuse de croire à la solution miracle sans cesse exposée par Leibowitch et ses adeptes.

J'ai moi-même fait un essai de 5jours/7, qui s'est traduit au bout de quelques semaines par un rebond de charge virale après dix ans d'indétectabilité. 

Il existe d'autres solutions, comme par exemple la monothérapie d'antiprotéases 7/7 qui, après la phase d'attaque en multithérapie, permet de maintenir la charge virale indétectable et le niveau de CD4 dans la normalité. Nous sommes plusieurs à  avoir déjà témoigné sur Seronet de la réussite de procédé.

Une autre est sûre  : si l'on met dans un essai thérapeutique des controleurs du virus, on démontrera facilement qu'il faut supprimer les trithérapies. Dommage que ça ne concerne que 1% des porteurs du HIV !

Portrait de romainparis

 Je ne peux pas bénéficier de la réduction de prise car je suis multirésistant, ce que Leibowitch reconnait.

Alors, attention à ne pas généraliser ses propos.  

Portrait de Aradia

Jacques Leibowitch met en garde contre toute tentative sauvage de réduire soi-même le nombre de prises.

Pas question de faire sa petite mixture seul dans sa cuisine.

La surmédication n'est plus supportable et la recherche devrait faire des essais multiples pour alléger nos traitements...Le droit à la juste posologie...!

Portrait de Aradia

Plusieurs molécules produisent des résidus toxiques directement ou indirectement ce qui provoque le viellisement accéléré de certaines cellules, d'ou les problèmes cardiologique entre autres. Nous devons pousser la recherche à aller encore plus loin pour obtenir des traitements plus légers.



La prise des traitements antirétroviraux tout au long de la vie fatigue l’organisme, et comme toute chimiothérapie, peut entraîner sur le long terme des co-morbidités. La recherche clinique essaie de comprendre comment alléger les traitements : la première approche consiste à supprimer une ou plusieurs classes thérapeutiques, pour passer à une bithérapie, voire une monothérapie. La seconde consiste à voir si les dosages ne pourraient pas être réduits tout en conservant les mêmes classes. Mais ce sont toujours des stratégies dites « de maintenance » qui sont recherchées, et qui s’adressent aux personnes qui ont déjà - et de façon stable - une charge virale indétectable et une immunité bien restaurée.

Alors faut-il explorer ses pistes lorsqu’on sait que toutes les molécules n’ont pas la même action surles réservoirs et sur les tissus infectés, qu’elles n’ont pas non plus la même toxicité ? N’est-il pas préférable d’aller vers une réduction des doses ? Indépendamment de la vision selon laquelle un traitement moins lourd coûte moins cher, quid d’une médecine personnalisée ou de précision. Y a-t-il des marqueurs prédictifs d’un succès des stratégies allégées de maintien ?

Les questions sur le sujet sont nombreuses et pour y répondre nous recevront des spécialistes qui nous éclaireront sur ces deux modes d’investigations : faire des essais prospectifs ou des études rétrospectives.

invitéEs

 Marguerite Guiguet, Inserm U943 - Université Pierre et Marie Curie UMR S943 : Stratégie de maintenance -par monothérapie d’inhibiteur de protéase boosté par ritonavir ; Etude observationnelle dans la cohorte FHDH-ANRS CO4
 Sébastien Gallien, Hôpital Saint Louis - Paris : Réduire de moitié la dose de darunavir, le projet d’essai DARULIGHT
 Damien Le Dû, Hôpital Raymond Poincaré - Garches : Réduire le nombre de prises ? Les données actuelles et présentation du projet d’essai ICCARRE

JEUDI 30 MAI 2013 DE 19H30 À 22H - École des Beaux-Arts - amphithéâtre des Loges - 14 rue Bonaparte - Paris 6e - M° Saint-Germain-des-Prés