Les tics de la vertu

Publié par Ferdy le 17.02.2011
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Chaque petit scandale qui parsème le bilan catastrophique de ce gouvernement confirme ce que nous savions déjà :

au sommet de l'Etat, ses fidèles serviteurs (les élites) n'ont de cesse de le corrompre, afin de le rendre sans attrait pour l'électorat de base lequel bientôt s'abstiendra, comme il le fait déjà (ce ne sont pas les prochaines cantonales qui viendront me contredire) ;

tout semble ainsi orchestré de façon à ce que le populisme le plus exalté triomphe sur les quelques valeurs chères à notre démocratie ; 

que nos ministres confondent leur portefeuille avec celui du contribuable ne date pas des vacances de MAM en Tunisie (ni de celles de la famille Fillon en Egypte, encore moins de celles du couple Sarko1er dans un palais royal marocain), tous leurs prédécesseurs le faisaient sans douter un seul instant de leur légitimité à être transportés par les avions du Glam sur des lieux de villégiature à leur convenance ; ni Mitterrand, ni Chirac ne sont embarrassés de ces paperasses inutiles que nous appelons naïvement des billets d'avion, des factures hôtelières, des notes de restaurant, tout ceci relevait de la pécadille de VRP, tandis qu'ils s'inspirent, quant à eux, du faste et des privilèges autrefois réservés aux princes de sang et à la famille royale ;

d'où cette espèce de rage constatée ici même, à l'occasion d'un forum qui témoigne d'un don du laboratoire Gilead à l'association Aides en 1998 ; ça transpire le complot, l'allégeance, l'abus de biens sociaux, c'est à peine si l'on n'a pas entendu parler de blanchiment d'argent sale ou de détournement d'argent privé ;

il est vrai que depuis l'affaire Woerth/Bettencourt chacun est en droit de s'interroger sur le financement des partis politiques, mais à ce que je sache Aides n'est pas suspecte d'être une officine oeuvrant dans le brouillard au soutien de quelque parti que ce soit, du moins pas à ma connaissance, mais le ver est dans le fruit ;

il y a selon moi au moins deux raisons qui expliquent cet état de suspicion permanent : l'avènement de l'Internet (pardonnez-moi cette évidence) ; le fantasme du délit (comme on nous vole l'argent que nous n'avons pas)...

lorsque, jusqu'au sommet de l'Etat, il n'y a personne pour s'interroger sur la cupidité des uns et des autres (rappelons les cigares de M. Blanc, ex-ministre d'on ne sait quoi, le jet privé emprunté - à prix fort - par un petit sous-secrétaire d'Etat afin de ne pas manquer un buffet élyséen, etc.), le peuple a raison de s'indigner (cf. Stéphane Hessel) des frais exorbitants qui lui sont demandés pour la location d'un espace dérisoire dans un camping du Loire-et-Cher (c'est le cas de le dire) en plein mois d'août ;

le citoyen, au sens large du terme, se sent spolié, trahi, méprisé, puisque aujourd'hui l'information circule sur la Toile, mais aussi dans les médias à une rapidité telle que les "affaires" ont au final une durée de vie bien courte, mais souvent efficace (cf. Tunisie, Egypte, par ex.) ; 

l'indignation, Hessel ne l'a pas inventée, mérite cependant un peu plus de lucidité, d'attention, de mesure, il ne faut pas confondre indignation et diffamation, comme il nous arrive de les voir apparaître à chaque rumeur délétère, 

le besoin de dignité, ressenti comme tel, suffit parfois à faire basculer des dictatures, sans toujours prémunir les populations révoltées d'une autre catastrophe (l'Iran ou Haïti, pour ne citer que ces deux exemples, témoignent d'un échec total) ;

à titre personnel, je ne croirai à une certaine éthique de la vertu que lorsque la pseudo transparence aura fait place à un pacte d'union équitable et sincère, lorsque ce pays n'aura plus la douloureuse image de ce qu'elle doit à Coluche créant les Restos du Coeur, lorsque nous aurons rétabli, au sein même de nos démocraties développées, des valeurs plus adaptées à leurs aspirations profondes, enfin, bref, prospérer ne veut pas obligatoirement dire s'enrichir comme la shampouineuse de Neuilly, grandir ne veut pas dire affaiblir l'autre, oser la vérité ne doit rien emprunter à la calomnie, etc.

on se croirait presque en discours de campagne ! désolé, ma candeur est sans doute plus forte que mon prosélytisme, essayons la voie de l'humilité, pas celle prescrite par l'église (dont le faste pontifical vient ternir son discours), mais la vie patiente et suave qui nous autorise à être sans frustration, ni calculs mesquins.

Bonne journée,

F.

Commentaires

Portrait de jean-rene

Qu'en termes pertinents ces choses-là sont dites !
Portrait de romainparis

devenons des Humains, au sens nietzchéen du terme, et débarrassons-nous de l'Homme ? C'est ma philosophie et ma solution.
Portrait de frabro

Va falloir que je lise Nietzche ?

Toujours autant de plaisir à lire Ferdy et à constater combien nos reflexions vont dans le même sens. 

Portrait de Ferdy

Attention cependant au thème nietszchéen de l'Eternel retour...

merci de votre confiance,

bien à vous, 

Ph.

Portrait de Ferdy

l'erreur, j'ai cité la date de 1998, alors qu'il s'agissait de 2008, un peu plus près de nous...

(et encore, je n'ai pas les sources)