Mon prénom … je ne l’ai pas choisi !!

On (mes parents et en l’occurrence mon père) a choisi pour moi.

il a été décidé, quelque part, entre 1956 et 1957 de me baptiser du prénom d’une personne morte et qui allait devenir mon pire cauchemar.
J’en ai connu bien d’autres par la suite, Peter Brady (l’homme invisible) et Belphégor etc. etc.
mais lui à décrocher … le pompon

 (mon oncle, il es mimi hein ? )

J’ai mis des années à comprendre que cet homme affublé du même prénom que moi et du même deuxième prénom aussi, mort sur un bateau appelé le « Sidi Bel Abbès »,  était en fait mon Oncle que l’on appelait Jeannot et que l’on adulait comme un saint

Je garde encore dans mon portefeuille le morceau coupée de  la plaque militaire (une partie restait sur le corps et l’autre était donnée à la famille) ou figure son prénom et le mien par la suite

Un peu d’histoire (en passant ça ne me fera pas de mal)

Le Sidi Bel Abbès était un paquebot français à deux cheminées, lancé en 1929 qui appartenait à la Société Générale des Transports Maritimes. Il fut réquisitionné pendant la Seconde Guerre mondiale pour le transport de troupes. Alors qu'il naviguait dans le convoi UGS 7 États-Unis—Méditerranée, entre le Maroc, Casablanca, et l'Algérie, Oran, il fut torpillé par le sous-marin allemand U-565 (commandant Franken), le20 avril 1943 peu après 6h45, par temps de brume, au large d'Oran. Le Sidi Bel Abbès transportait des troupes coloniales, trente tonnes de munition et cinq cent tonnes d'huile d'arachide. Atteint à la cale par deux torpilles, il s'enfonce par l'avant, détruit par une énorme explosion, puis, coule rapidement.

Je me rends compte à peine aujourd’hui comment est vraiment mort cet homme que je pouvais voir sur l’armoire de mes parents et que je regarde dans sa tenue militaire.
C’est en cherchant un peu que j’ai pu un peu me défaire de cet inconnu

Comment expliquer le trouble que cet homme a pu provoquer chez moi.

« C’est l’oncle Jeannot » disait –on, lorsque nous posions des questions et lorsque on disait son prénom je ne comprenais pas  pourquoi nous avions le même. Sans rien comprendre je me disait

 -« je suis lui ! »

Aujourd’hui je me dis que si j’avais eu l’occasion d’avoir un enfant, jamais je ne l’aurais affublé du prénom d’un mort.