T'es là, assis devant ton écran désespérément vide,
tu essaierais bien d'envoyer 1 énième message de détresse.
Mais qui pourrait bien percevoir ton appel au secours ?
Tu rêves d'un de ces mecs à la plastique superbe, qui jaillirait
de l'espace intersidéral. O Superman, les muscles saillants
sous son acoutrement ridicule, ou GymQueen sans poil
ni graisse, un de ces êtres parfaits comme il s'en glisse tant
et tant derrière des multitudes de pseudo-identités.
Tu rêves, oui !
Et puis même si un de ces clones arrivait soudain
et apparaissait à ta porte, telle la vierge à Bernadette,
tu t'imagines qu'il serait là pour te cajoler ?
Pour écouter tes jérémiades ? Non ! les jeux auxquels
il te proposerait de participer seraient d'une telle
virtuosité, d'une telle sensualité extrème correspondant
bien à son apparence, qu'il y a fort à parier que tu en
resterais comme 2 ronds de flan.
Faut pas croire, mon gars, qu'on peut jouer comme cela
avec la beauté plastique, uniquement plastique !
Il y a, malheureusement pour toi, de grandes chances
que si un tel Superman croisait ton chemin,
il ne te jette pas même un regard et te laisses
aussi pantois et anéanti de dépit
qu'un Gros Minet courant après son Titi .
Aussi il vaut mieux retenir ton envie d'envoyer
ton message en pure perte. Demandes-toi plutôt
de qui, de quoi tu as vraiment besoin !
D'un individu sans réelle réalité, non sans doute pas !
D'un homme tout bête qui ne ramasse même pas
ces chaussettes. Non plus !
Même un animal ne comblera pas vraiment ce sentiment
de vacuité dans ce monde interprêté,
oui uniquement interprêté, mais dans une langue
souvent incompréhensible.
Alors peut-être qu'il te reste, suprême consolation,
un arbre au versant de la colline, auquel chaque jour
tu jettes un coup dœil en passant, sans plus y penser.
Et puis cette route qui serpente et que tu empruntes
chaque jour mécaniquement sans même t'en apercevoir,
tellement l'habitude est ancrée en toi.
Et surtout il te reste la nuit, la nuit quand souffle un vent
chargé de tous les possibles du monde et qui vient te brûler
un peu le visage ! la nuit pour rêver à celui tant espéré.
Et pourquoi ne s'attacherait-il pas à toi,
malgré ce virus, en toi installé ?
Oui, crois-le bien il sera bientôt là devant toi !
Toi le cœur solitaire ne sachant plus chasser.*
Osmin,
au cœur de la nuit d'un trop long HIV.er
* Il serait peut-être temps de relire Carson Mc Cullers (Le cœur est un chasseur solitaire )
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Commentaires
Ouff!
Magnifique, c'est tout !
Jean
Merci mon chat
Tu as bien compris que je m'adressais à moi-même dans ce tutoiement miroir !
Moi aussi je cède à mes heures aux leurres des images trop belles pour être honnêtes.