O Superman (suite)

Publié par Osmin le 29.01.2010
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Mais crois-tu que pour ceux qui se sont trouvés, la nuit

est définitivement plus douce ? Ce n'est pas sûr,

habitués qu'ils sont, bien vite, à se dissimuler l'un à l'autre.

Mais de cela tu ne veux rien en savoir.

Le vide de tes bras, crois moi, tu ferais mieux de le jeter aux oiseaux.

Eux, j'en suis sûr, sauraient beaucoup mieux l'employer,

pour leur vol au long cours vers un ailleurs plus accueillant.

Toi-même tu as bien apporté ton écot à tous ces printemps

que tu as vécu, jusqu'à présent. Ben, ouais !

Et toutes tes stars ne seraient rien sans ton regard,

tes oreilles, sois-en persuadé.

 C'est une lame de fond qui s'annonce dans tes propres

souvenirs. Un tsunami d'émotions !

Ne t'arrive-t-il pas en passant sous une fenêtre,

ou au passage d'une voiture, de saisir un bref envol de violons ? 

Un accord de guitare qui soudain te tire ces larmes

si longtemps refoulées. Tant ton attention était tournée

vers ce désir d'une moitié d'orange, qui saurait apaiser ta soif.

Et si tu la trouvais, par hasard, cette moitié d'agrume,

serais-tu capable d'y étancher ta soif sans l'épuiser

jusqu'à l'écorce ? Alors que tes nuits restent peuplées

de tant et tant d'étranges obsessions.

Mais tu veux quand même y croire !

Alors tu accroches à tes murs ces images glacées

pour alimenter tes rêves  délicieux. Mais pourquoi ne pas y mêler

les images de ceux et celles qui, un jour, surent s'abandonner

totalement, jusqu'à la mort, à leur passion assouvie.

Tous ces amoureux qui eux aussi furent, un jour, abandonnés.

Aurais-tu peur d'en venir à les envier ces abandonné(e)s ?

Leur amour te semble tellement plus réel que celui de ceux

qui vécurent en paix. Mais il y a peu de chances que ça t'arrive.

Superman reste toujours Superman même quand il se casse la figure.

Sa chute n'est qu'une occasion de rebondir.

Alors que ceux qui s'abandonnèrent à leur amour,

ils furent avaler tout cru par l'éternel principe naturel

qui veut que rien ne se perd, rien ne se crée,

tout se transforme.  As-tu suffisamment rêvé à Norma Jeane ?

Elle, à qui bien des jeunes filles ont souhaité, un jour, ressembler ?

En fin de compte toutes ces douleurs bien anciennes

ne vont-elles pas finir par nous féconder ?

Ne serait-il pas temps, pour nous qui désirons si ardemment

un nouvel amour, de nous libérer de cet objet fantasmatique.

Que tout tremblant nous refusions de nous laisser inféodés

à des désirs

qui se révèlent plus nocifs que fertilisants.

Il n'est nulle part de possession permanente.