Psy : être MOI & Maître

Publié par nouan le 12.02.2009
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Partie I 

Lors de mon dernier billet, j'ai évoqué les "travails" personnels réalisés avec deux psy.

Retour en arrière...

En juin 1993, l'Ami avec lequel je vivais depuis 4 ans est décédé. Pour le soutenir pendant son séjour à l'hôpital et comme nous avions conçu sa convalescence à la campagne, j'avais accepté la proposition de mon employeur de me licencier. Lorsque je suis revenu à Paris seul (il était hospitalisé à Agen), une partie de moi était morte avec lui et comme une épave après la tempête, j'étais à la dérive. L'été 1993 s'est passé entre mes parents, ceux de mon ami, ma famille, mais surtout dans un flou total, une espèce de brouillard lumineux, un monde plein de riens où je me découvrais vidé, essoufflé...

Et puis en septembre, je rencontre un garçon qui vient de vivre une histoire similaire. Mais rapidement il me met en garde afin que notre relation ne se base pas sur les catastrophes (au sens littéral du mot) que nous venons de vivre. Et comme il est en thérapie, il m'encourage à démarcher pour trouver mon propre interlocuteur car il ne serait pas bon que nous ayons le même.

Et voici comment en octobre, après avoir questionné mon médecin, je me suis retrouvé à rencontrer quelques thérapeutes et à choisir celui qui me suivrait un petit bout de temps.

Je suis incapable de dire si ce thérapeute (que j'appellerai JJ dans la suite) est Freudien, Youngien ou Lacanien et ... peu m'importe ! Rapidement, JJ m'a encouragé à ne pas me documenter sur les différentes méthodes. J'étais allongé, je le voyais 2 fois par semaine et si j'étais au chômage je payais la moitié de ses honoraires, si je travaillais je payais la totalité. Ce premier travail, j'ai choisi de le financer parce que je crois en la vertu thérapeutique de cet engagement de cet investissement.

Je crois qu'en 4 années de séances, j'estime que JJ a du parler au plus 30 minutes. Mais cela m'a parfaitement convenu.

Ce dont je me suis rapidement rendu compte, c'est que JJ ne devait être qu'une oreille, parfois une voix soulignant un mot particulier et me demandant d'en approfondir le sens. Il fut un buvard, une éponge. Il avait une mémoire impressionnante. Peut-être prenait-il des notes, je n'en sais rien.

J'ai très vite visualisé mon état. En fait je suis un manuel : l'abstraction si je n'en réalise pas une maquette presque palpable m'est étrangère.

Donc j'ai très rapidement visualisé que j'étais au fond d'un trou, sous forme de cylindre et en levant les yeux je voyais de la lumière, donc probablement le ciel. Les parois de ce trou étaient lisses. Je ne me suis je crois jamais senti angoissé, du moins jamais chez JJ.

Ce qui est assez génial, c'est que progressivement sur les parois de ce trou j'ai vu se dessiner des marches, des paliers. Et tout ceci était, comment dire, sculpté par... mes rêves !

JJ ne m'a jamais "pond" de grandes théories sur la symbolique des rêves (j'ai lu depuis ce qu'en écrit Freud). Mais ce dont je me suis aperçu est que les mots que j'utilisais pour raconter mes rêves étaient comme lardés, truffés de liens avec ce que je vivais dans ma vie.

Et chaque fois que je démêlais mes rêves, chaque fois que je trouvais les mots efficaces, chaque fois je montais d'une marche ou de plusieurs, parfois je restais sur un palier. Il m'est arrivé aussi (rarement pourtant) de redescendre.

En marge, je ne me suis jamais rien interdit. Ni les silences, ni les digressions, ni les révoltes, ni les récits intimes. JJ me l'avait dit dés le départ : tout, absolument TOUT pouvait être dit... J'ai rapidement su que mes silences cachaient des tonnes de mots, comme sous la pierre le sable. J'ai su chercher les mots ou les laisser venir, parfois en employer de savants ou faire des lapsus génialement révélateurs. Tout est devenu un jeu.

Bon restons dans le raisonnable : là j'ai l'air fanfaron mais j'ai pleuré plus d'une fois. Et souvent c'était dur de sortir de chez JJ. Pendant mes périodes de chômage, il restait mes seuls repères. Et puis au début, j'avais quelques béquilles chimiques. J'ai su les laisser contre un mur, un peu trop brutalement selon JJ... Et marcher comme un grand, relever la tête, mettre un pied devant l'autre.

Voilà...

Un jour, je me suis aperçu que j'étais assis au bord du trou. Je pouvais regarder au fond je n'avais pas le vertige. les marches en spirale montaient le long des parois. Par contre, ce que je voyais autour de moi était un peu étonnant. Rien. Le sol était jaune comme le sable sec et chaud. Mais s'il y avait un horizon il était plat et complètement vide. Mais ici aussi aucune angoisse. J'ai su en même temps que JJ qu'il était temps que nous nous séparions. Je le lui ai dit : il a souri et m'a dit qu'il attendait que je le lui dise.

Je passe les fois où JJ m'a fait remarquer qu'en montant chez lui ou descendant de chez lui je devais allumer la lumière de l'escalier. Depuis, je ne monte ou ne descends plus un escalier sans lumière. Aussi je savais si j'avais progressé à sa manière soit de me laisser ouvrir la porte, soit de l'ouvrir pour moi. Et il ne m'a jamais rien expliqué de tout cela.

Suite Partie II