Querelle de Bresse

Publié par Ferdy le 19.02.2010
187 lectures

C'est une histoire de poulets, depuis qu'ils ont lu dans la presse qu'on les nourrissait simplement pour leur chair exquise et non pas, comme ils l'avaient cru, en raison de leur intelligence ou encore pour la beauté de leur plumage, ils ont décidé d'entamer une grève de la faim et de s'associer aux salariés de chez Total ; le mouvement, en Bresse, désole les éleveurs, et aussi les consommateurs, sans parler des gérants de stations-service, chacun pour des raisons bien distinctes mais néanmoins prégnantes, le pays risque de se trouver en rupture de stock sur des produits variés, certes incomparables, tels que le carburant et le poulet, sans lequel la Bresse serait restée un bled inconnu, voire même un peu méprisé, parce qu'à part la volaille et le bleu, la région, n'a au cours des 2000 ans qui précèdent jamais su s'imposer sur la scène nationale véritablement, à propos de rien, alors si les poulets rechignent à gober leur maïs, c'est tout un pan de l'économie qui s'effondre, avec la cascade de plans sociaux et de fermetures d'entreprises en perspective ;

je me souviens avoir séjourné dans cette région, à Bourg-en-Bresse, précisément, dans mon innocente jeunesse, chez une cousine de mon père ; elle détestait les enfants, n'en avait jamais eu (du moins, à ma connaissance), avait vécu quinze années en Egypte où son mari participait à l'immense chantier du déplacement du temple d'Abbou Simbel (on me pardonnera de possibles fautes d'orthographe, j'étais encore si jeune) ; leur maison occupait un espace non négligeable du centre de cette ville terne et  maussade, les salons rivalisaient de trésors très certainement usurpés, détournés, d'oeuvres égyptiennes et antiques, mon frère et moi n'avions accès qu'aux chambres les plus démunies, n'avions le droit de ne toucher à rien, aussi, dans l'après-midi, lorsque l'ennui était à son acmé, nous parcourions les jardins ou tentions de nous distraire par quelques échanges de balles sur un court de tennis d'allure médiévale, nous nous savions épiés par cette vieille dame (qui ne devait pas être si vieille, mais détestable, c'est un fait), sur le chemin du retour, nous nous gavions de framboises et des quelques petits fruits qui agrémentaient cette résidence hostile ; résultat, lorsque la dame envoyait sa bonne cueillir les fameuses framboises pour le dîner, et n'en trouvant que l'équivalent d'un bol à peine suffisant à satisfaire l'appétit d'un mannequin, mon frère et moi étions privés de dessert, de jeu, enfin, bref, de tout...

je m'associe donc au mouvement des poulets de Bresse, solidarité illusoire, bien sûr, car je ne suis pas prêt d'y remettre les pieds, il y a des souvenirs comme ceux-là qui vous donnent envie de devenir végétarien. (quant à Total, c'est facile, n'ayant pas d'auto, mon boycott sera totalement illusoire).

bonne journée.