Solitude vs Célibat

Publié par Ferdy le 02.07.2010
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En me prenant une fois encore les pieds dans le tapis, j'ai essayé de réagir au sujet de forum proposé par Nathan : Solitude (une étude sérieuse), et un constat à propos du désengagement de Aides dans l'aide à domicile, assorti d'une interrogation sur le virtuel en général, et de Seronet en particulier.

Contrairement à d'autres contributeurs qui ont facilement la fibre associative, avec le bien commun pour objectif, mon mécanisme de réflexion (s'il y en a un) se trouve assez réfractaire à tout ce qui fait forum. J'éprouve une certaine défiance vis-à-vis de tout ce qui fait consensus, unanimité, dénonciation, etc. J'y perçois trop souvent des frustrations anciennes ou récentes, des sentiments d'injustice, un tissu d'incompréhensions brouillonnes, ou bien encore une recherche consensuelle, propre sur soi, afin de désigner des situations totalement différentes sous la même bannière, en l'occurrence, le vaste problème de la solitude dans lequel on retrouve pêle-mêle des exemples personnels, familiaux censés clouer le bec à celui qui a déjà eu l'occasion de commettre un blog intitulé Eloge de la Solitude (il y a longtemps), et qui en est resté à ses quelques rares certitudes qui lui restent quant à la nocivité du caractère grégaire de l'humanité.

Parce que d'aucuns se retourneront contre cette société jugée tour à tour soit frileuse, soit indifférente, soit ingrate, soit je ne sais quoi, comme si le monde d'avant (d'avant-guerre, d'avant Internet ? etc.) avait toujours offert aux nécessiteux la chaleur solidaire qu'ils recherchent désespérément aujourd'hui.

Parce que d'autres feront la confusion si tentante de voir dans leur situation de célibat forcé l'expression la plus cruelle, selon eux, de cette solitude subie.

A mon âge, et après avoir vécu quelques situations en couple, de bonheur et de durées variables, j'ose affirmer apprécier ma situation de célibataire ; je ne vais jamais dans les bars ou autres lieux, je ne fais pas de Seronet un objet de substitution à ma solitude et je ne viens pas ici pour rencontrer des personnes pour de vrai.

Ma libido est devenue imperceptible, même soumise aux stimuli les plus convoités ; j'apprécie les échanges, quand il y en a, et les polémiques qui apparaissent régulièrement sur le site me font le même effet que lorsque j'allume la tv par hasard à suivre une tranche d'une série à laquelle je ne comprends rien.

Si je tiens à défendre cette apparente ataraxie, il peut aussi m'arriver de couiner quand j'ai de la fièvre, par exemple, cloué au lit et que je me trouve dans l'obligation de sortir faire une course, la cuisine, me relever la nuit pour changer des draps trempés de sueur. Depuis le temps, j'ai découvert que l'existence n'était pas un conte de fées, qu'on y souffrait plus certainement que l'on s'y délectait, et qu'il était plus prudent de ne rien attendre des autres, quitte à se laisser surprendre parfois par des témoignages d'une amitié sincère.

Mais, en faire un système, y croire comme si l'humanité avait hérité de ses lointains ancêtres d'un gène altruiste, spontanément bienveillant, ce serait un tel non-sens... 

Gandhi ou l'Abbé Pierre, ne sauraient à eux seuls nous faire oublier l'égoïsme qui règne au sein de l'espèce.

Alors, la solitude, que ce soit à Paris ou dans la Creuse, permet au moins de ne pas être trop déçu par sa propre compagnie.

Commentaires

Portrait de frabro

Merci Ferdy de m'avoir donné l'occasion d'ouvrir mon dictionnaire H...... préféré pour y rechercher la signification de ce mot. J'en ai trouvé deux :

 

·                              Tranquillité de l'âme, fondée notamment sur la connaissance raisonnée de la limite d'accroissement des plaisirs, d'après Démocrite (je vais aussi chercher Démocrite...)

·                             Quiétude de l'esprit que rien ne peut troubler, absence de douleur morale, dans les philosophies épicuriennes et stoïciennes.

 

Pour le coup, j’ai aussi cherché épicurien, et en ai trouvé une autre définition que celle de « s’adonner aux plaisirs » généralement admise, mais celle de la sagesse par l’ataraxie prise comme l’absence de trouble de l’âme. J’y vois mieux pour le coup le parallèle avec le stoïcisme, au sens de la fermeté de l’âme devant la souffrance ou l’adversité.

 

Pour autant, cette philosophie conduit-elle à la résignation, à laquelle je ne saurai pour ma part me soumettre ? Certes non, car en ce qui me concerne j’ai toujours pensé, y compris dans les périodes les plus noires de mon existence, que quelque chose de mieux m’attendais et m’arriverait si je passais le cap difficile. Mais pour passer ce cap, je savais aussi que j’étais acteur de mes choix et de ma vie, et que si l’autre, les autres, pouvaient m’y aider, ils ne sauraient faire à ma place.

 

Alors la solitude ? Elle est consubstantielle à ma façon d’être, m’est indispensable par moment, pour autant que je sache que je peux en sortir à tout moment parce que dans le monde réel j’ai un compagnon, une famille, des amis, des copains, des collègues de travail. C’est donc un choix raisonné : savoir tendre la main, mais aussi saisir les mains qui se tendent, sans pour autant que cela constitue un engagement de fusion totale en moi et les autres.

 

Bien cordialement,

 

François