Tousse France

Je me demandais ce matin, au réveil, où était partie se planquer notre fameuse grippe A [H1-N1], déjà qu'il nous avait fallu un temps fou pour en retenir l'appellation officiellement scientifique, après que le Mexique eût manifesté son mécontentement de voir le nom de ce beau pays associé à une maladie pandémique, (ce que l'Espagne aurait secrètement désiré elle aussi après les ravages de celle de 1917-1918, qui fit plus de morts en Europe que les combats); Mme Bachelot Roselyne, ministre de la santé, devenue pratiquement inaudible, a pendant des mois fait fliper la nation, nous promettant une hécatombe qui n'a pas fait  - pour le moment - plus de victimes qu'un banal week-end de pentecôte sur les routes, depuis elle annule ses commandes de vaccins auprès des laboratoires pharmaceutiques dont on connaît la charité et le goût du sacrifice ; elle aurait, dit-on, trouvé quelques acquéreurs du stock qui lui est resté sur les bras, notamment à Dubaï, anxieux pétro-dollars, sans trop se préoccuper d'en livrer à des pays pauvres qui ne parviennent jamais à payer leurs factures ;

toute la politique, dans ce pays - mais hélas ce constat est aussi valable ailleurs, (il n'y a qu'à voir le résultat des élections législatives en Italie) repose sur des affirmations anxiogènes, de vagues complots terroristes (Moscou, hier) ; ici, un faux débat sur l'identité nationale qui aurait surtout pour vocation à draguer les voix du F-Haine, comme si cela pouvait être un brûlant sujet d'actualité, sans parler de la burqa qui concerne, bon an mal an, un peu moins de 500 femmes sur l'ensemble du territoire national, certes horriblement asservies sous un drap de coton intégral, doté d'une sympathique petite grille en guise d'hygiaphone ; tout est bon pour faire régner un climat de peur, l'insécurité jusque dans les collèges, les hôpitaux, les prisons, j'en passe ; le score assez minable du sidaction en serait presque le contrepoint musical, les gens en ont marre de filer du fric à des recherches ou à des associations qui ne les concernent en rien, ils préfèrent se jeter dans le tsunami ou la mucoviscidose, plus chic, plus rare, plus exotique, appelant à un effort de générosité sans pareil ; même au sein des séropos, l'information passe si bien qu'il y en a encore pour croire qu'un vaccin pourrait bientôt les guérir ;

en plus de l'anxiété politique, économique, sociale, sanitaire largement distillée par les médias, l'individu se trouve confronté à des machinations politiques audacieuses ; la peur l'accompagne au quotidien, le système anxiogène fonctionne si bien que l'annonce d'une chute des températures pourra être vécue au mieux comme une défaite, au pire comme un risque vital (ce qui peut être avéré notamment pour certains sdf) ; la cinquième puissance économique mondiale tremble quand il fait froid et succombe à la moindre canicule ; on ferme des usines, on licencie, le libéralisme et la mondialisation triomphent sur une planète en surchauffe, mais l'objectif est encore de fabriquer des automobiles comme des petits pains, toutes respectueuses de l'environnement, bien entendu, bientôt, toute cette petite industrie produira peut-être des énergies propres et durables, vertueuses et ayant pour mission de réfrigérer la banquise ;

notre vih/sida sera considéré comme une petite maladie chronique incurable et mortelle, certes, mais vaguement passéiste, un peu has been en quelque sorte, qui sera prise en charge comme une pathologie délicate mais coûteuse, compliquée et pénible pour le budget des nations, l'Afrique subsaharienne disparaîtra progressivement de la carte, dans l'indifférence générale, Mme Bachelot en sera encore, peut-être, à tenter de revendre ses lots de vaccins périmés aux pays sous-développés.