Une île entre le ciel et l'eau

Publié par Ferdy le 26.06.2010
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Il y a un nouveau truc planétaire hyper tendance, c'est la rigueur, avec ses plans d'austérité impopulaires, assortis de mesures de diversion censées témoigner de la gravité de la situation jusqu'au plus haut sommet de l'Etat.

Se priver de la traditionnelle garden-party de l'Elysée (rappelons que cette tradition remonte à plusieurs siècles avant notre ère, lorsque le souverain de l'époque s'appelait Giscard d'Estaing, les plus jeunes ne peuvent pas se souvenir), c'est un peu comme un noël sans arbre, ni cadeaux ; des pâques sans chocolat ; enfin, on saisit la dimension symbolique de ce sacrifice porté à l'une des mondanités les plus courues de la stratosphère des élites. Priver toute la gentry du CAC40 d'un formidable raout en plein air, c'est vraiment lancer un message fort à tous les indigents, présents et futurs, qui demeurent crispés sur des privilèges qui leur avaient été consentis, à l'issue des Trente glorieuses, lorsque le pays avait encore quelque ressource à partager. Les 730.000 euros économisés cette année, au chapitre des frais de réception de la présidence, risquent certes de passer inaperçus ; le non moins traditionnel défilé militaire digne d'un régime nord-coréen se maintient sans effort apparent, en dépit de son impact environnemental désastreux sur les Champs, il y va de l'image de la France, marchand d'armes discret mais lourdement impliqué, qui sait se montrer commercialement agressif quand cela est nécessaire. Bernard Kouchner a lui aussi, comme un seul homme, car pour être le chef de la diplomatie française de ce gouvernement, il faut pouvoir être capable de penser non pas double (ce serait notoirement insuffisant) mais multiple, d'annuler sine die sa propre réception à l'hôtel de Lassay, tellement exclusive que presque personne dans ce pays ne soupçonnait ce ministère ô combien stratégique participer à la gabegie institutionnelle. C'est fait. Les traiteurs et autres professionnels de l'événementiel haut de gamme pourront licencier en toute quiétude, la plupart des missions étant liées à de très précaires contrats intermittents viendront ajouter une louche de chômage saisonnier.

Il leur sera difficile de se renflouer sur les défilés haute couture, étant donné le marasme ambiant, il est même à craindre que la tentative de diversion proposée par des groupuscules inféodés à l'extrême droite ne trouve ici son aboutissement naturel, en l'occurrence par la recrudescence des buffets saucisson-pinard, desquels s'exhale un parfum pétainiste à souhait et un gentil petit fumet d'identité nationale chère à Eric Besson ainsi qu'à son pote Brice Hortefeux. 

La seule bonne idée, selon moi, et non des moindres dans ce petit train-train de mesurettes portées à la célébration presque clando de notre fête nationale, sera sans aucun doute de ne pas reproduire l'indécence ringarde d'un grand concert gratuit, comme celui qui s'était tenu en 2009 au Champ de Mars, aux bons soins d'un évadé fiscal qui est à la musique ce que le McDo est à la gastronomie. La note portait tout de même sur quelque 3 millions d'euros, indûment perçus comme se plaisent à le signifier, par courrier, les irresponsables du pôle emploi à l'adresse des chômeurs en fin de droits.

Du bling-bling jet-set des premiers mois de son mandat, le chef de l'Etat se serait-il rangé parmi les vertueux ? Il me sera difficile de tenter de faire un parallèle avec Louis XIV, tant l'arrivisme vulgaire et quasi inculte de l'un ne saurait être comparé à un Roi soleil resplendissant jusque dans l'échec. Simplement, cette petite piqûre de rappel.

Le premier acte politique de Louis le XIVème fut de faire arrêter son ministre des finances, le bien nommé Fouquet (sic), lequel s'était laissé aller à des dépenses somptuaires dans son beau château de Vaux et qui, dans sa naïveté de parvenu, avait eu le mauvais goût d'inviter le roi à une fête somptueuse dont le monarque prit ombrage. Arrêté à Nantes, et au terme d'un jugement partial qui durera tout de même près de trois ans, Fouquet fut expédié dans une prison VIP à Pignerol, où le malheureux mourut après une vingtaine d'années de détention.

A chaque fois que j'ai l'occasion d'entendre le Premier ministre se porter garant de l'intégrité d'Eric Woerth, dans cette embrouille familiale pourtant limpide, en démontrant, preuve à l'appui que l'épouse du ministre du budget n'a pas même reçu en contrepartie un échantillon de shampoing colorant, je me dis qu'il est facile d'oublier de signaler au fisc un bout de terre d'à peine 2 km² où l'on a peut-être jamais mis les pieds, un coup de coeur passager, tête d'épingle d'un patrimoine foncier insondable. Alors, je repense à ce pauvre Fouquet qui voulant bien faire, (la locution "épater la galerie" prend ici tout son sens) fut symboliquement décapité aux yeux de la Cour. 

Mon conseil à M. Woerth aurait été de demander le divorce, il s'en serait sorti avec un peu plus de panache.

Bon vent.

Commentaires

Portrait de pascalin34

tu parle de source sure je le ses tout le gouvernement  est inviter avec conjoint en cantimini  pour le 14juillet comme cela  cela permet de dire que l etat ce serre la ceinture il est capable de bien mentir rassure toi je trouve scandaleux  que ce chef  de la rupture  soient encorre plus pouris que  les precedents

il a quand meme  modifier  sont agenda pour les bleux qui sont des merdes et rien pour les retraites  cela prouve  encorre que c est la loie du fric qui passe par la

Portrait de nathan

Woerth est sur le point de démissionner.  Cela ne devrait plus guère tarder et entraînera la constitution d'un nouveau gouvernement avant le 14 juillet.

Portrait de Ferdy

en principe, j'évite l'info quotidienne, mais sur ce coup aux rebondissements permanents comme dans une pièce de boulevard, tellement énorme, on voit mal en effet comment le ministre du travail pourrait défendre sereinement sa réforme des retraites, sauf à prendre la sienne...