Afrique du sud : le sida fait série

18 Août 2023
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Depuis fin juin, est diffusée la troisième saison de la série Shuga à la télévision sud-africaine, dans une version locale. Elle est diffusée devant quelque 60 millions de Sud-Africains-es, dont huit millions vivent avec le VIH. Sa particularité ? Elle est née d'une collaboration entre Unitaid et la chaîne musicale MTV, rappelle l’AFP. La série est déjà déclinée en Côte d'Ivoire, au Nigeria et au Kenya. Elle cible les jeunes. On y trouve son lot de scènes torrides, ponctuées de drames familiaux et de trahisons, avec, comme toile de fond, un récit qui entend réinventer la prévention contre le sida. Ce qui n’est pas du luxe dans un pays, l’Afrique du sud, toujours parmi les plus touchés au monde, avec les jeunes femmes en première ligne. « Un millier de jeunes femmes sont infectées chaque semaine en Afrique du Sud, nous devons donc encore intensifier la sensibilisation », explique d’ailleurs à l'AFP Sibongile Tshabalala, présidente de l'organisation de lutte contre le VIH, Treatment Action Campaign (TAC). Selon les experts-es, les « sugar daddies », des hommes plus âgés qui entretiennent de jeunes filles en leur offrant des cadeaux ou de l'argent en échange de faveurs sexuelles, jouent un rôle central dans le taux élevé de contamination chez les jeunes femmes. « Elles ont des relations transactionnelles non pas parce qu'elles le veulent, mais parce que la pauvreté, le taux de chômage et les violences sexistes y contribuent. Et une fois exposées au virus, elles ne savent souvent pas quoi faire », ajoute Sibongile Tshabalala. La série « Shuga » s'attaque à ces sujets difficiles tout en racontant une jeunesse en désillusion dans un contexte socio-économique morose, raconte Georgia Arnold, de la MTV Staying Alive Foundation. Une récente étude a montré que les adeptes de cette série sont deux fois plus susceptibles d'utiliser des préservatifs, de se faire tester et de connaître les traitements ARV. L'Afrique du Sud a un taux de prévalence du VIH de 13,7 %. Le nombre de décès a drastiquement baissé grâce à l'introduction des antirétroviraux et le pays compte désormais 960 000 orphelins-es du sida contre 1,9 million en 2009, selon l'Onusida.