Canicule et décès en France

21 Juillet 2023
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L’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe. Quel impact sur la santé ont eu les records de température de cette période ? Eurostat avait déjà fait état d’une surmortalité inhabituellement élevée pour cette période ; restait à quantifier la « fraction de la mortalité attribuable à la chaleur ». C’est précisément ce qu’a fait une étude menée par des scientifiques de l’Inserm et de l’Institut de Barcelone pour la Santé Globale (ISGlobal). Leur analyse estime qu’entre le 30 mai et le 4 septembre 2022, il y aurait eu 61 672 décès attribuables à la chaleur en Europe. L’étude complète a été publiée dans la revue Nature Medicine. L’équipe de recherche a obtenu des données de température et de mortalité pour la période 2015-2022 dans 823 régions de 35 pays européens, regroupant une population totale de plus de 543 millions de personnes. « Ces données ont été utilisées pour estimer des modèles épidémiologiques permettant de prédire la mortalité attribuable aux températures pour chaque région et semaine de la période estivale », explique un communiqué de l’Inserm. La plus grande anomalie thermique a été enregistrée entre le 11 juillet et le 14 août, période durant laquelle, selon les chercheurs, la mortalité due à la chaleur a causé 38 881 décès. Dans cette période, il y a eu une vague de chaleur paneuropéenne plus particulièrement intense, située entre le 18 et le 24 juillet, à laquelle un total de 11 637 décès sont attribués à l’excès de chaleur. Au total, l’analyse révèle qu’entre le 30 mai et le 4 septembre 2022, il y aurait eu 61 672 décès attribuables à la chaleur en Europe. La France est le pays qui a enregistré la plus forte augmentation de température par rapport aux moyennes de saison, avec + 2,43º C au-dessus des valeurs moyennes de la période 1991-2020, suivie de la Suisse (+ 2,30 ºC), Italie (+ 2,28 ºC), Hongrie (+ 2,13 ºC) et l’Espagne (+ 2,11 ºC). Par ailleurs, le pays avec le plus grand nombre de décès attribuables à la chaleur tout au long de l’été 2022 a été l’Italie, avec un total de 18 010 décès, suivi de l’Espagne (11 324) et de l’Allemagne (8 173). La France arrive en 4e position, avec 4807 décès liés à la chaleur. La grande majorité des décès se concentre dans la tranche d’âge des 80 ans et plus. Concernant l’analyse par sexe, les données indiquent que la mortalité prématurée attribuable à la chaleur était 63 % plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Cette plus grande vulnérabilité des femmes à la chaleur s’observe dans l’ensemble de la population et, surtout, chez les plus de 80 ans, où le taux de mortalité est supérieur de 27 % à celui des hommes. En revanche, le taux de mortalité masculine est 41 % plus élevé chez les moins de 65 ans et 13 % plus élevé entre 65 et 79 ans. L’Europe est le continent qui connaît le plus grand réchauffement, jusqu’à 1°C de plus que la moyenne mondiale. Dans ce contexte, les estimations faites par l’équipe suggèrent aussi qu’en l’absence d’une réponse adaptative efficace, le continent fera face à une moyenne de plus de 68 000 décès en excès chaque été d’ici 2030 et de plus de 94 000 d’ici 2040.