Démissions à l'hôpital

7 Février 2020
1 813 lectures
Notez l'article : 
0
 

De Rennes à Marseille, Paris ou Caen, des médecins chefs de services démissionnent en chaîne depuis une semaine, pour remettre la pression sur le gouvernement à l'approche d'une nouvelle mobilisation de l'hôpital public le 14 février, indique l’AFP. En une semaine, plus de 300 praticiens-nes hospitaliers-ières ont officiellement renoncé à leurs fonctions administratives et d'encadrement - tout en continuant d'assurer les soins. Celles et ceux du CHU de Rennes ont donné le coup d'envoi le 27 janvier : d'un seul coup, 54 médecins ont remis leurs lettres de démission. Ils entendaient ainsi protester contre « la diminution du financement global de la santé et des missions qui n'arrêtent pas d'augmenter, sans qu'il n'y ait des ressources en regard », selon le pneumologue Hervé Léna. Deux jours plus tard, la scène s'est reproduite au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), avec 56 chefs de service de six hôpitaux de l'ouest et du sud de Paris. Le mouvement s’est poursuivi dans le nord-est de Paris, avec 27 démissions à l’hôpital Robert-Debré et quelques centaines de personnes formant une chaîne humaine autour de cet établissement pour enfants. Le décompte a encore évolué, le 3 février, avec une vingtaine de démissions supplémentaires à l’hôpital Saint-Louis (Paris), dont l'hématologue Hervé Dombret, qui ne veut plus discuter avec sa direction des « restrictions budgétaires imposées à l'hôpital depuis plus de dix ans ». D'autres vagues de démissions étaient attendues, notamment à Marseille (64 praticiens-nes) et Caen (36 praticiens-nes), selon le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH) à l'origine de ce mouvement inédit. Dix mois après le début de la grève des services d'urgences, la crise s'est étendue à tout l'hôpital public, dont les personnels ont manifesté par milliers mi-novembre, rappelle l’AFP. Pour calmer la tension, le gouvernement leur a promis des primes, une rallonge budgétaire et une reprise massive de dette. Trop peu et trop tard pour de nombreux médecins, qui ont « alerté solennellement » Agnès Buzyn le mois dernier de leur intention de démissionner à défaut de réelles « négociations » sur les salaires et, plus largement, sur le « mode de financement » et la « gouvernance » du secteur. Reçus le 17 janvier par la ministre de la Santé, les représentants du CIH n'ont « pas pu obtenir de réponses » à leurs demandes et ont appelé « à poursuivre le mouvement pour un plan d'urgence digne de ce nom ». Dimanche2 février, le collectif faisait état de 1 266 « engagements à démissionner », dont près de 200 mis à exécution la semaine dernière, à Rennes et Paris, mais aussi à Lyon, Orléans, Douai, Salon-de-Provence ou encore Dax. Cette semaine, outre Caen et Marseille, des médecins de Brest, Nantes, Avignon, Annecy et Corbeil-Essonnes doivent passer à l'acte, puis d'autres « dans les prochains jours » à Grenoble, Toulouse, Limoges... Le mouvement s’étend… de quoi tenir jusqu'au vendredi 14 février, date d'une nouvelle journée nationale de grèves et de manifestations, également soutenue par le Collectif Inter-Urgences et l'ensemble des syndicats de la fonction publique hospitalière, dont la CGT, FO et la CFDT. Le sujet est « plus que jamais à l'agenda », assure le cabinet de la ministre, dont « la priorité est à la mise en œuvre des mesures annoncées ». Deux nouvelles primes ont d'ailleurs été créées par décret vendredi 31 janvier, pour les soignants-es de la région parisienne et les aides-soignantes en gériatrie. Mais manifestement, ce n’est pas suffisant.