E-santé : progrès et questions

1 Octobre 2021
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Avec la crise de la Covid-19, le numérique est devenu un outil incontournable pour l’accès aux services de santé. De plus en plus présent dans la vie quotidienne des Français-es, le numérique « doit être une opportunité pour offrir un meilleur accès et une meilleure qualité des soins », souligne le collectif France Assos Santé, dans un communiqué. Téléconsultation, DMP, DP… Où en sont les Français-es aujourd’hui dans leur appropriation et leur usage des services numériques en santé ? C’est ce qu’a cherché à savoir France Assos Santé avec l’appui de CSA dans une étude dont les résultats sont publiés à quelques mois du déploiement de Mon Espace Santé (janvier 2022). L’enquête CSA indique que 88 % des Français-es qui utilisent internet sont adeptes des services numériques dans le cadre de leur parcours santé, comme Ameli.fr (67 %) ou des plateformes de rendez-vous en ligne (59 %). Concernant la gestion des données, la confiance s’installe mais la transparence manque encore. 65 % des utilisateurs-rices des services santé en ligne ont confiance dans la sécurisation des données de santé ; un score qui n’était pas gagné. Un score encore plus élevé parmi la population des personnes vivant avec une maladie chronique : 70 %. Cependant l’enquête de CSA démontre la forte méconnaissance qu’ont les Français-es de leurs droits au regard de leurs données de santé : seulement 24 % se disent bien informés et connaitre leurs droits d’opposition sur celles-ci. Les téléconsultations et les rendez-vous en ligne ont été boosté par la crise sanitaire. Ainsi, 30 % des Français-es qui utilisent internet ont déjà eu recours à la téléconsultation, contre 7 % avant la crise du Covid-19, précise France Assos Santé. Ils-elles s’avèrent dans l’ensemble satisfaits-es (satisfaction : 7,4/10). Pour les patients-es, la téléconsultation bénéficie de plusieurs avantages, en particulier le côté pratique (gain de temps, réduction des délais, etc.), mais ils-elles sont conscients-es des limites du dispositif. Les soucis techniques ou les difficultés d’accès au numérique pour une partie de la population sont vécus comme des obstacles. Et pour certains-es, le manque de contact direct peut déshumaniser la consultation, avec deux utilisateurs-rices sur dix qui se sentent moins à l’aise qu’en présentiel. Pour 67 % des répondants-es, la téléconsultation est une alternative pratique à une consultation en présentiel et non une solution de remplacement. Selon les résultats de l’étude CSA : dossier médical partagé (DMP) et le dossier pharmaceutique (DP) restent majoritairement obscurs et peu ou pas utilisés. Si près de huit Français-es sur dix ont déjà entendu parler du Dossier médical partagé, un peu moins de 50 % d’entre eux-elles connaissent son fonctionnement. Seulement 35 % des personnes interrogées ont ouvert un DMP (45 % chez les patients-es) et la moitié l’utilise. Ce faible taux d’utilisation est principalement dû au fait que les professionnels-les de santé ne le remplissent pas. Le Dossier pharmaceutique est méconnu et ses caractéristiques restent floues pour les Français-es : seulement 11 % des répondants-es déclarent détenir un DP. L’accélération de l’utilisation du numérique en santé passera sans aucun doute par Mon Espace Santé, l’espace en ligne personnalisé dont chaque assuré-e bénéficiera à compter de janvier 2022, rappelle FAS. Déjà, les services qui seront inclus dans cet espace suscitent un fort intérêt auprès de sept usagers-ères sur dix (DMP, Ameli, messagerie sécurisée, agenda de santé, DP) et 82 % des répondants-es estiment que ce nouveau service va permettre de faciliter le parcours de soins, tant au niveau des professionnels-les de santé que des patients-es. Pour France Assos Santé, les résultats de l’étude réalisée par CSA révèlent à la fois le « potentiel énorme que représente le numérique en santé pour permettre aux usagers de la santé de mieux prendre leur parcours santé en mains, mais aussi les fragilités actuelles à combler ». Pour FAS : « Les outils existants sont sous-utilisés, en grande partie par manque de visibilité et d’information. Pour émanciper l’usager de la santé et le rendre acteur de ces services, une meilleure communication sur ses droits concernant ses données est indispensable, en toute transparence ». Le collectif de juger que : « La généralisation de Mon Espace Santé est un levier fondamental pour encourager et inciter les Français-es à s’approprier les services numériques et les ancrer dans les habitudes quotidiennes du parcours de soins ». Evidemment, pour le collectif qui est attentif à ce que personne ne soit oublié, ce « progrès (…) devra impérativement (…) aller avec un accompagnement renforcé des populations éloignées du numérique pour des raisons géographiques ou démographiques, afin de ne laisser personne au bord du chemin ».